Le ralentissement de l’inflation aux Etats-Unis conforte l’optimisme des marchés

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Un regain de confiance est intervenu sur les marchés après la publication du baromètre de l’inflation, qui a relancé l’espoir d’une baisse des taux de la Fed d’ici quelques mois. Décryptage.

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Après la publication des derniers chiffres de l’inflation, la volatilité a sévi sur les marchés d’actions. Mais il n’est pas certain que ce rebond tardif y soit lié. Toutefois, ces chiffres confortent dans l’idée que l’assouplissement monétaire est toujours en bonne voie.

La tendance à la désinflation semble avoir repris aux Etats-Unis

Les chiffres de l’inflation ne devraient pas suffire aux responsables de la Fed, qui attendent d’avoir davantage de certitudes pour baisser les taux directeurs à l’issue de leur réunion en juin ou en juillet. Or le taux de croissance en glissement trimestriel annualisé des dépenses de consommation personnelles hors alimentation et énergie (indice core PCE) est ressorti à 3,83%, au plus haut depuis mai 2023.

Cependant, les chiffres communiqués vont dans le même sens que ceux publiés début mai, qui montrent que la décrue de l’inflation, enrayée au premier trimestre de l’année, a repris en avril. L’indice core PCE a grimpé de 0,2% en glissement mensuel, sa plus faible progression cette année.

L’inflation devrait donc continuer de se rapprocher de l’objectif de 2% de la Fed dans les mois à venir, à mesure que la progression des salaires se tassera et que les consommateurs réduiront leurs dépenses face à la hausse des prix. Le dernier Livre beige de la Fed, une synthèse d’une enquête de conjoncture menée par ses antennes régionales auprès des entreprises, fait état d’une «plus grande sensibilité aux prix des consommateurs».

Les marchés sont devenus trop prudents quant à la probabilité d’un assouplissement monétaire cette année.

L’économie américaine donne des signes de ralentissement

L’estimation actualisée du PIB du premier trimestre a montré que l’économie américaine a enregistré une croissance annualisée de 1,3%, inférieure à l’estimation préliminaire de 1,6%.

Avec cette décélération par rapport au taux de 3,2% enregistré au quatrième trimestre 2023, la croissance du PIB est à son plus bas niveau depuis le deuxième trimestre 2022. Selon le Bureau of Economic Analysis, la dernière estimation du PIB est principalement le fruit de la révision à la baisse de la croissance des dépenses de consommation, qui passe de 2,5 à 2%.

Les données publiées suggèrent que la tendance au ralentissement s’est poursuivie au deuxième trimestre. Les dépenses personnelles et le revenu disponible marquent le pas, avec une légère baisse en glissement mensuel une fois corrigés de l’inflation. Le taux d’épargne – bien que stable sur le mois à 3,6% – est inférieur de moitié à son niveau d’avant la pandémie.

Le marché du travail devrait rester suffisamment dynamique pour entretenir, dans les mois à venir, la progression du revenu réel disponible . Néanmoins, le taux d’épargne est si bas qu’il est peu probable que la consommation augmente plus vite que le revenu. On peut donc s’attendre à une croissance relativement modeste de la consommation qui contribuera à soulager la pression inflationniste au fil du temps.

Le prochain ajustement des taux se fera probablement à la baisse

Le président de la Fed de New York, John Williams, a récemment déclaré qu’il s’attendait à ce que la décrue de l’inflation se poursuive au second semestre en raison du coût élevé de l’endettement qui pèse sur l’économie. Dernièrement, les médias se sont fait l’écho des déclarations des responsables de la Fed, qui laissent entrevoir des taux d’intérêt durablement élevés.

Néanmoins, le message le plus important est, sans doute, que les banquiers centraux jugent la politique actuelle suffisamment restrictive. John Williams a ajouté que l’économie lui semblait mieux équilibrée et qu’un relèvement des taux était peu probable, faisant ainsi écho aux déclarations de Jerome Powell après la dernière réunion du comité de politique monétaire de la Fed.

Les marchés sont devenus trop prudents quant à la probabilité d’un assouplissement monétaire cette année. Les cours des contrats à terme n'anticipent plus que 35 points de base (pb) de baisse des taux en 2024. Le scénario de base de la Recherche d’UBS est de 50 pb. Désormais, l’attention se portera sur les chiffres de l’emploi aux Etats-Unis en mai. Les investisseurs espèrent de nouveaux signes de détente du marché du travail.

Privilégier les obligations de qualité

Par conséquent, les taux ont toujours de bonnes chances de baisser en 2024, probablement à partir de septembre. Cela crée un contexte porteur pour les obligations de qualité, qui sont la classe d’actifs à préférer. Les baisses de taux profitent notamment aux sociétés de petite capitalisation, qui empruntent davantage à taux variable.

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