BCE: une baisse de taux bien anticipée, mais un cycle de réductions incertain

Ann-Katrin Petersen, BlackRock Investment Institute

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Les taux devraient rester structurellement supérieurs à ceux d'avant la pandémie, ce qui renforce l'attrait pour les obligations.

La Banque centrale européenne a procédé à une baisse de ses taux aujourd'hui, pour la première fois depuis septembre 2019. Cette mesure est peu habituelle dans un contexte d'amélioration de la croissance et d'inflation irrégulière, et intervient avant la Réserve fédérale américaine. Cette baisse a été clairement anticipée, mais le cycle de réductions n'est pas encore établi. Le Conseil des gouverneurs n'a pas encore communiqué quant au rythme de l'assouplissement monétaire. Nous ne pensons pas que la BCE procédera à des réductions importantes et rapides. Les investisseurs doivent prendre en compte l'ensemble de la situation: les taux d'intérêt dans la zone euro devraient rester structurellement supérieurs à ceux d'avant la pandémie.

Une réduction bien anticipée, mais un cycle de baisses incertain. Comme prévu, la BCE a abaissé ses taux de 25 points de base aujourd'hui, alors que la croissance a stagné pendant la majeure partie des deux dernières années et que l'inflation suit une trajectoire «irrégulière» selon les nouvelles projections macroéconomiques. Le Conseil n’a pas encore arrêté le calendrier des réductions ultérieures. Mme Lagarde a réaffirmé que la BCE suivrait une «approche dépendante des données, réunion après réunion», mais a indiqué qu'une nouvelle réduction avant septembre était peu probable.

La rigidité de l'inflation signifie que la politique monétaire restera rigoureuse. Nous ne pensons pas que la BCE procédera à des réductions importantes et rapides. A l'instar de son cycle de hausse, ce n’est pas un cycle de baisses typique; et il ne s’agit pas d’un retour à une époque où l'inflation était constamment inférieure à l'objectif de 2%. Avec des marchés du travail toujours tendus et une faible productivité, les pressions sur les prix pourraient maintenir l'inflation à un niveau proche ou supérieur à 2%. Etant donné que la BCE a relevé ses taux à des niveaux très restrictifs, un rythme régulier de réduction des taux au cours des prochains trimestres permettrait encore à la politique monétaire de freiner la croissance. Et ce, même si l'on tient compte d'un taux directeur neutre probablement plus élevé en raison de changements structurels, comme l'ont récemment reconnu les responsables de la BCE, Isabel Schnabel et Phillip Lane.

La BCE assouplit sa politique avant la Fed. La BCE a ajusté sa position avant d'être certaine de la suite de la politique monétaire aux Etats-Unis, où les progrès en matière d'inflation ont été plus lents et où une nouvelle hausse des taux n'est pas totalement exclue. Le rythme des nouvelles réductions de la BCE pourrait également être influencé par les taux directeurs américains.

Pas de surprise pour les marchés - pour l'instant. La réunion de la BCE d'aujourd'hui ne devrait pas surprendre les marchés. Les marchés étaient déjà sceptiques quant aux réductions successives de la BCE. Les investisseurs doivent prendre en compte l’ensemble de la situation: les taux devraient rester structurellement supérieurs à ceux d'avant la pandémie, ce qui renforce l'attrait pour les obligations. Nous sommes tactiquement neutres à l'égard des obligations d'Etat de la zone euro, car la trajectoire de la politique monétaire reste incertaine. Par rapport aux Etats-Unis, les obligations européennes bénéficient de déficits budgétaires moins importants. Nous préférons les actions américaines aux actions européennes en raison des bénéfices plus élevés des entreprises et du thème de l'intelligence artificielle.

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