Les entreprises suisses face à des défis majeurs pour se conformer aux normes de reporting ESG

Communiqué, ZHAW School of Management and Law & HEG - Haute école de gestion Arc

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Les managers reconnaissent la valeur stratégique des données ESG, mais leur utilisation efficace pour accroître la réussite des entreprises doit encore être développée, selon le Swiss Managers Survey.

L’importance des activités ESG s’est accrue pour de nombreuses entreprises suisses. Néanmoins, la majorité d’entre elles ne sont pas préparées à la publication d’un rapport correspondant. Seules 40% des entreprises suisses publieront un rapport ESG. Au cours des trois dernières années, l’importance des questions environnementales, sociales et de gouvernance a augmenté pour les managers, les aspects environnementaux connaissant la croissance la plus significative. Les managers reconnaissent la valeur stratégique des données ESG, mais leur utilisation efficace pour accroître la réussite des entreprises doit encore être développée. C’est ce que montre une récente enquête menée par le Swiss Managers Survey auprès d’entreprises suisses.

Implications juridiques des rapports ESG

L'introduction récente des directives sur les rapports de durabilité des entreprises (CSRD) dans l'Union européenne et l’ordonnance sur le reporting obligatoire relatif aux questions climatiques en Suisse ont fait des enjeux ESG une priorité pour de nombreux managers. Néanmoins, une proportion importante d'entreprises ne semble pas être préparée à l'établissement des nouveaux rapports ESG. Seulement un peu plus de 40 % des entreprises suisses publieront un rapport ESG en 2024. «Il est particulièrement alarmant de constater que 10% des entreprises qui sont désormais légalement tenues de publier un rapport ne le feront pas cette année», déclare Siyana Gurova du Center for Global Competitiveness de la ZHAW School of Management and Law.

Bien qu'il y ait une volonté générale de publier des rapports ESG, dans la pratique, les entreprises rencontrent des difficultés telles que des problèmes techniques et une pénurie de spécialistes ESG. Alors que près de la moitié des multinationales disposent d'un responsable ESG au sein de leur direction, c'est le cas de moins de 30% des petites et moyennes entreprises. Cet écart montre que la taille de l'entreprise influe considérablement sur le respect des normes et des rapports ESG. En outre, la volonté d'adhérer à ces normes varie selon les régions linguistiques, les cantons romands étant particulièrement à la traîne.

Prise de conscience croissante parmi les entreprises

Malgré une faible augmentation du nombre d'entreprises ayant l'intention de rendre compte des questions ESG en 2024 – environ trois points de pourcentage de plus qu'en 2023 – l’enquête montre que l'importance des activités ESG s'est considérablement accrue au cours des trois dernières années, en particulier en ce qui concerne les questions environnementales. Cette augmentation témoigne d'une prise de conscience croissante qui entraîne souvent des changements organisationnels substantiels. En revanche, la dimension sociale des ESG, qui englobe des questions telles que l'égalité des revenus (entre hommes et femmes), la sécurité au travail et les pratiques de travail des fournisseurs, est celle qui a le moins gagné en importance.

Des perceptions différentes dans les régions linguistiques

La perception de l’impact financier des activités ESG sur les entreprises varie considérablement entre les régions linguistiques. Les managers de la Suisse italienne perçoivent des rendements faibles, voire négatifs, des investissements ESG, tandis que leurs homologues des régions francophones et germanophones font état de résultats plus optimistes. Bien que le top management soit un important promoteur des initiatives ESG, les facteurs externes tels que les exigences réglementaires et les attentes des consommateurs jouent un rôle encore plus important. Par conséquent, les données ESG sont principalement utilisées dans le développement de produits et le marketing, tandis que les départements des ressources humaines sont les moins concernés par les stratégies ESG.

Défis et perspectives

L'enquête de cette année montre que les entreprises suisses font des progrès remarquables dans leurs efforts en matière d'ESG. Cependant, elles sont encore confrontées à des obstacles importants. «Les cadres supérieurs sont largement conscients de la valeur stratégique des données ESG. Cependant, l'utilisation efficace de ces informations pour favoriser la réussite commerciale reste un domaine qui nécessite d'être approfondi», concluent les auteurs de l'étude.

Du 8 avril au 3 mai 2024, la cinquième édition du Swiss Managers Survey a recueilli les points de vue des entreprises suisses sur les questions ESG (environnementales, sociales et de gouvernance). L’enquête, menée par la Zürcher Hochschule für Angewandte Wissenschaften (ZHAW), la Fachhochschule Graubünden (FH Graubünden), la Scuola universitaria professionale della Svizzera italiana (SUPSI) et la Haute École Arc (HE-Arc), a impliqué plus de 400 managers de tout le pays. Cette enquête représentative donne un aperçu complet du climat ESG dans les entreprises suisses. Les partenaires réseau sont la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI), la Chambre de commerce et association patronale de Winterthour (HAW) et la Chambre de commerce Suisse – Europe Centrale (SEC).

 


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