Coup de jeune dans les obligations convertibles européennes

Salima Barragan

2 minutes de lecture

A la recherche des success stories européennes de demain. Avec Sébastien Caron d’Ellipsis AM.

Longtemps associé à des secteurs vieillissants, le gisement européen des obligations convertibles s’est refait une deuxième jeunesse avec l’arrivée d’acteurs de la nouvelle économie. Grâce au profil asymétrique de ces instruments hybrides, leurs rendements à moyen-long terme sont comparables aux actions, sans leur volatilité. Sébastien Caron, gérant d’obligations convertibles chez Ellipsis AM, souligne qu’elles ont enregistré en 2020 une surperformance de 5 à 10% sur les autres classes d’actifs traditionnelles comme les obligations et les actions, grâce à la performance des sous-jacents et à l’asymétrie propre aux convertibles, source d’alpha technique impossible à reproduire autrement.

L’intérêt de la prime de conversion

Dans le cas d’entreprises au modèle d’affaires disruptif, le prix des obligations convertibles s’avère souvent significativement inférieur au potentiel du développement de leurs activités. Par exemple, Square qui est une entreprise américaine dans les services de paiement, avait lancé en 2009 un premier système de paiements à l’attention des petits commerces. Quelques années plus tard, la société basée en Californie lance un second système de paiements entre particuliers, le «Cash App». «Lorsque Square a lancé son obligation convertible en 2017, elle avait près de 8 ans d’avance sur ses concurrents, mais son prix ne reflétait pas du tout son potentiel», explique Sébastien Caron à propos de cette émission émise à un prix initial de 100 dollars, dont 80 pour le plancher obligataire et 20 pour le droit de conversion.

Les pharmacies en ligne telles que Zur Rose et Shop Apotheke ont profité
d’un changement réglementaire en Allemagne qui devrait s’étendre à toute l’Europe.

Aujourd’hui, l’obligation convertible de Square vaut 1'000 dollars. Le cash-flow de la société s’est multiplié par 10, ses revenus par 7 et le volume de transaction dans le monde par 12. Son taux d’adoption est passé de 3% à un dixième de la population américaine. «Notre point de vue est que le prix de conversion à 20 était alors bon marché, compte tenu d’un potentiel à l’époque loin d’être certain, mais très plausible, avec déjà 3% des consommateurs américains acquis au service, et une accélération du taux d’adoption», relève-t-il.

Qui seront les Square européens de demain?

Les obligations convertibles, du moins en Europe, ont longtemps été associées à des secteurs vieillissants comme les chaines de supermarchés, la télécommunication dont les revenus sont sous pression, les sociétés financières prises dans un environnement règlementaire plus complexe, et enfin les secteurs de l’énergie et la pétrochimie devenus mal aimés depuis que la transition climatique est en marche.

Or, depuis trois ans, le gisement s’est enrichi de nouveaux émetteurs aux modèles d’affaires novateurs comme les champions internationaux de la livraison à domicile avec Just Eat, TakeAway, Delivery Hero, Hello Fresh et Ocado. Ou encore des stars du commerce en ligne comme Zalando et Global Fashion Group ainsi qu’un business model émergent: les pharmacies en ligne telles que Zur Rose et Shop Apotheke qui ont profité d’un changement réglementaire en Allemagne qui devrait s’étendre à toute l’Europe. Le gisement compte aussi avec des acteurs de la transition climatique comme Neoen et Voltalia. Enfin, on trouve également au sein de ces nouveaux modèles des sociétés exposées au thème de la réouverture, avec notamment Trainline. Selon Ellipsis AM, les revenus de ces sociétés pourraient bien doubler d’ici quelques années…

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