L’heure des stratégies optionnelles

Salima Barragan

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«En Europe et en Suisse, le prix des couvertures optionnelles est redevenu intéressant», estime Alexandre Ryo d’Ellipsis AM.

Avec une prime de risque toujours intéressante de plus de 5% sur les actions contre une prime nulle sur les dettes souveraines et corporatives, il n’y a pas d’autres alternatives que les actions! Pourtant, à y regarder de plus près, les risques sont de retour. Depuis son point bas de 2017 autour de 10%, la moyenne mobile de l’indice VIX n’a cessé d’augmenter. Alexandre Ryo, Responsable Overlay & Low Vol Equity énumère plusieurs stratégies disponibles pour tout investisseur soucieux de parer son portefeuille en actions contre une recrudescence de la volatilité.

Petit panorama boursier. Les performances varient significativement selon les régions: elles sont négatives en Europe, neutres en Suisse mais positives aux Etats-Unis et en Asie. L’indice MSCI Word – qui englobe toutes les régions de monde - affiche une performance nulle à fin septembre. Et les fortes révisions des bénéfices ne sont peut-être pas encore dans les prix.  «Les risques sont très forts à tous les horizons de temps pourtant les volatilités implicites à long terme sont proches des niveaux de fin 2019», explique Alexandre Ryo.

Les primes de risques sur les actions (relatives aux placements sans risque) sont également très disparates selon les secteurs. Par exemple, «la prime de risque dans la technologie en Europe est inférieur à 3% alors que celle du secteur de l’assurance est très élevée» constate le spécialiste.

Les actions à faible volatilité permettent de limiter les risques
tout en se comportant comme des actions classiques.

Un investisseur qui souhaite s’exposer au béta des actions en minimisant la volatilité avec simplicité, peut construire un portefeuille autour d’actions à faible volatilité. Elles permettent de limiter les risques (volatilité, perte maximale…) tout en se comportant comme des actions classiques dans un scénario normal de compression des primes de risque. Seul bémol: la performance globale sera amoindrie lors de forts mouvements à la hausse des marchés. Pour cette raison, Alexandre Ryo propose plusieurs familles de stratégies permettant de s’exposer à la hausse des actions tout en ayant pour objectif la réduction des risques de gestion.

  • Les investissements factoriels Low Vol consistent en une sélection d’actions à faible volatilité via des filtres quantitatifs. L’ajout d’un critère de faible corrélation entre les actions sélectionnées aboutit quant à lui aux stratégies Minimum Variance 1. Ces deux stratégies, très similaires, peuvent impliquer des biais de sélection marqués (style, secteur, région).
  • Les couvertures macro/CPPI 2 de type «allocation action flexible» s’effectuent via des futures et une allocation tactique permettant de désinvestir dans les marchés baissiers et réinvestir progressivement lorsque le marché remonte. Cette stratégie présente donc un fort biais sur le Momentum. «On va toujours dans le sens du marché et il y a un risque de revers important», commente Alexandre Ryo. L’utilisation des futurs permet de limiter la volatilité de ce type de portefeuille qui convient davantage aux stratégies actions ayant de faibles risques de gap.
  • Les couvertures optionnelles via des achats d’options de vente sur un rang de maturités comprises entre 3 mois et 3 ans. «L’avantage de cette stratégie réside dans la conservation du portefeuille sans biais de sélection. On achète des options vanilles listées face à la baisse du marché afin de limiter les pertes maximales et d’atténuer quantitativement la volatilité des portefeuilles», précise Alexandre Ryo. Le biais de convexité sur la volatilité permet une couverture permanente et stable dans le temps. «Cette stratégie de couverture est optimisée grâce à un arbitrage entre les prix des diverses maturités et des niveaux de couvertures, permettant de limiter le coût de portage», rajoute-il. Sur un horizon long terme, cette stratégie permettrait in fine d’améliorer le ratio de Sharpe du portefeuille.

Les couvertures citées n’emportent aucune protection ni garantie du capital.

Pour financer la couverture, le spécialiste achète et vend parallèlement des options d’achat tactiques qui visent à générer un rendement additionnel sur la volatilité implicite tout en étant décorrélées du marché action. «Nous finançons la couverture pour limiter l’impact négatif des coûts de portage de la couverture. A la baisse, les calls vendus ou achetés ne vaudront plus que zéro et n’auront pas d’impact sur le portefeuille. La diversification via des stratégies acheteuses et vendeuses, allant de maturités courtes à des maturités plus long terme permet la recherche d’un rendement régulier» explique Alexandre Ryo qui évite les stratégies systématiques de type overwriting sur les calls, car selon son expérience, celles-ci n’ont qu’un intérêt limité sur le long terme.