Vers une reprise en V?

Salima Barragan

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Croissance économique mondiale: «Un second trimestre catastrophique suivi d’un fort rebond au second semestre», estime Vincent Juvyns de J.P. Morgan AM.

Les prévisions d’une reprise économique à grande vitesse (dite en forme de V) sont-elles trop optimistes? En tout cas, c’est ce qu’anticipe l’indice Dow Jones qui a enregistré à fin juin sa plus belle performance trimestrielle depuis 1987. Vincent Juvyns, stratégiste chez J.P. Morgan Asset Management, s’attend également à «une reprise qui sera beaucoup plus rapide que l’on imaginait il y a encore quelques semaines». Le point.

SECONDE VAGUE INCERTAINE

Bien que les Etats-Unis et l’Amérique du Sud soient devenus à leur tour des épicentres de la pandémie, la courbe des contaminations en Europe s’est aplatie. En Asie, alors que certaines régions connaissent une recrudescence de nouveaux cas d’infection, peut-on réellement parler d’une deuxième vague? «Non, car il ne s’agit pas de la même intensité», répond Vincent Juvyns. De plus, les pays disposent de meilleures capacités – en termes d’équipements médicaux, de mesure de distanciation sociale, de stocks de masques et de tests ainsi que de nouveaux dispositifs de traçage de la population – pour efficacement contenir une résurgence du Covid-19. Aussi, pour le spécialiste, un second confinement à grande échelle - qui ébranlerait le sentiment des investisseurs – semble improbable. «Nous pouvons espérer un retour à la normalité rapidement ou à des confinements très localisés», dit-il en se basant notamment sur le retour des capacités d’offres habituelles en Chine, le foyer de la pandémie.

Les programmes d’achats d’obligations de la Fed et de la BCE
devraient garantir des taux bas pendant encore un longtemps
LE BAZOOKA DES BANQUES CENTRALES

En plus de favoriser les marchés des actions, le soutien monétaire sans précédent des membres du G4 ont également soutenu le marché du crédit et encouragé les investisseurs à y revenir. «Les banques centrales n’ont jamais été aussi actives pour gérer la courbe des rendements. Les programmes d’achats d’obligations de la Fed et de la BCE devraient garantir des taux bas pendant encore un longtemps», estime Vincent Juvyns.

UN PRIX A PAYER

Les généreuses réponses fiscales coordonnées des Etats – devenus pas la même occasion les employeurs de dernier ressort – affecteront durablement l’endettement des pays. «Pour l’instant, personne ne veut entendre parler d’austérité, mais à la fin quelqu’un devra payer la facture», souligne Vincent Juvyns. La meilleure manière de le faire c’est de faire repartir la croissance avec des plans de relance massifs…

DIMINUTION DES RISQUES

Comment expliquer la dichotomie entre le boom des marchés et une récession? Pour Vincent Juvyns, c’est du côté de la répartition sectorielle des indices qu’il faut regarder : «L’hôtellerie, les loisirs, les compagnies aériennes… ne représentent que 6% des indices. C’est par le biais d’autres secteurs, notamment la technologie qui a profité des mesures de confinement, que les marchés sont haussiers».

Parce que la récession - profonde mais brève - semble passée et que les taux d’intérêts resteront durablement bas, J.P. Morgan AM surpondère le marché des actions en anticipant pour la fin de l’année 2021 des niveaux de bénéfices supérieurs à ceux de décembre dernier. Positive sur les Etats-Unis et l’Europe, la banque recommande aussi une exposition à la Chine pour améliorer la frontière efficiente des portefeuilles. Enfin, elle favorise les secteurs de la finance, de la technologie et de la pharma. En ce qui concerne le volet obligataire, le gestionnaire d’actifs privilégie le crédit ainsi que le marché obligataire chinois.

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