Les gouvernements réagissent face au COVID-19

Salima Barragan

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L’appréciation de la crise a été sous-estimée en Europe, estime Vincent Juvyns de J.P. Morgan AM.

Taux d'infection de COVID-19 en augmentation en Europe, stress économique et boursier, rupture de la chaîne d’approvisionnement; comment les gouvernements et des banques centrales répondent-ils à l’épidémie? Le point avec Vincent Juvyns de J.P. Morgan AM. 

Conséquences sur l’économie mondiale

Les mesures de restriction imposées sur les voyages mais aussi à la production chinoise a permis de diminuer significativement les taux d’infections dans les provinces manufacturières clés telles que Guangdong, Jiangsu et Zhejiang (qui représentent ensemble 27% du PIB et 55% des exportations chinoises). Cependant, la politique de quarantaine et de restrictions qui empêchent les travailleurs de se rendre à leur lieu de travail, rompt les chaînes d'approvisionnement nationales et régionales. La Chine comptant pour 28% de la production mondiale, la rupture se répercute sur l’économie globale.

Il n’est pas exclu que les gouvernements
mettent en place de nouveaux stimulus fiscaux.
Stress dans les hôpitaux

Si la Chine réussi à contenir l’épidémie, la rapidité avec laquelle le taux d’infection augmente aux Etats-Unis et en Europe a mis les gouvernements en alerte. «L’appréciation de la crise et sa propagation ont été sous-estimées», relève Vincent Juvyns. L’Italie, qui affiche le plus grand nombre de décès en Europe, a aussi la population la plus âgée du continent avec 23% au-dessus de 65 ans. «La propagation du coronavirus met le système de santé italien sous pression dans la mesure où l’on ne dénombre que 3,4 lits d’hôpitaux pour mille habitants en Italie alors que la Chine en compte 4,2, la Corée du Sud 11,5 et le Japon 13,4», poursuit-il.

A part le gouvernement de Hong-Kong qui a versé 10'000 dollars hong-kongais - soit l’équivalent de 1'300 francs - à chaque citoyen majeur, les réponses à l’échelle globale se font attendre. Les participants du meeting du G7 du 3 mars ont adressé leurs préoccupations face à l’épidémie mais aucun n’a proposé de solutions concrètes. Leur hésitation proviendrait du niveau d’endettement important des pays du G7 hérité de la dernière crise financière. Cependant, «L’Europe est bien équipée naturellement avec une couverture sociale efficace, une assurance chômage stabilisatrice et certains pays comme la France ont mis en place des facilités de trésorerie», affirme Vincent Juvyns. Il n’est pas exclu que les gouvernements décident de nouveaux stimulus fiscaux tels que des subsides ou des allègements d’impôts pour soulager les entreprises à l’instar de l’Italie qui vient d’annoncer des coupes d’impôts pour toutes les sociétés dont les revenus ont plongé de plus de 25%.

«Les mesures de la BCE devraient renforcer la liquidité
et la stabilité sur les marchés financiers européens.»

Ces politiques fiscales ne seront probablement pas suffisantes. La Réserve fédérale et la Banque d’Angleterre ont déjà chacune rabaissé leur taux directeur de 50 points de base. En revanche, lors de sa réunion de jeudi, la BCE s'est refusée à baisser son dépôt comme l'escomptais le marché. «Elle a renforcé son plan de rachat d'actifs avec le déploiement de 120 milliards d'euros supplémentaires d'ici la fin de l'année et a modifié les conditions d'octroi de ses TLTRO pour les rendre beaucoup plus attractives pour les banques. Ces mesures devraient renforcer la liquidité et la stabilité sur les marchés financiers européens», estime Vincent Juvyns.

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