Une surperformance américaine inéluctable?

Matthieu Lavillunière, SILEX

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Deux raisons expliquent la surperformance déjà significative du marché US en 2024: la dynamique macroéconomique et le poids de la tech.


Les facteurs de surperformance américaine 

A la clôture du 5 février 2024, le S&P 500 américain progressait de +3,6% (en USD) depuis le début de l’année, tandis que le Stoxx 600 Europe ne prenait que +1,0% (en EUR, et -2.0% en USD). Comment analyser ce différentiel de performance déjà significatif et quelles leçons en tirer pour la suite de 2024?

Premier facteur: une divergence de dynamique macroéconomique rare. La croissance du PIB au T4 en rythme annualisé s’est affichée à +3,3% aux Etats-Unis, contre 0,0% en zone Euro. Ces dernières semaines, des surprises positives sur l’économie américaine se sont succédé, sur la consommation (ventes de détail de décembre en progression plus forte qu’attendu), le marché de l’emploi (353k créations d’emploi en janvier 2024 vs 185k attendues et révision en hausse du chiffre de décembre) et l’activité industrielle (PMI manufacturier à 50,7, faisant un retour surprise en expansion). De son côté, la zone Euro continue sa longue période de stagnation économique entamée à la mi-2022.  

Deuxième facteur: un poids de la tech beaucoup plus important. Le secteur tech représente 39% du S&P 500 contre 11% pour le Stoxx 600 Europe. Le secteur des semi-conducteurs, star du début de l’année du fait de l’impact positif de l’enthousiasme autour de la Generative AI, représente 7,6% du S&P 500 contre 3,6% pour le Stoxx 600. Si l’on jette un œil aux palmarès, 3 des 4 meilleures performances depuis le début de l’année sur le S&P 500 sont des valeurs tech (Nvidia +40,0%, Meta Platforms +29,8% et Juniper +25,3%, certes grâce à l’OPA de HPE), portées par les perspectives liées à la Gen-AI, contre une seule pour le Stoxx 600 (ASML +21,4% en EUR). 

L’année 2024 risque d’être pleine de surprises, dans la lignée des précédentes, qui ont vu notamment les confinements du Covid, le déclenchement de la guerre en Ukraine ou encore l’évitement d’une récession devenue consensuelle. 

Une tendance lourde pour le reste de l’année

Pour le reste de l’année 2024, la question qui se pose est, à notre sens: a-t-on déjà intégré le plein impact de ces deux facteurs et serait-il temps de vendre les actions américaines au son du clairon pour acheter des actions européennes au son du canon?

Selon nous, la réponse est clairement non. Les deux facteurs de surperformance américaine sont des facteurs à combustion lente: de semaine en semaine, on constate des surprises positives sur la vigueur de l’économie américaine (au point de décaler le scénario de première baisse des taux directeurs) et des signaux déprimants sur la dynamique de la zone euro. 

Du côté de la tech, l’écrasante domination américaine paraît chaque jour plus flagrante, alors que l’on cherche en vain les acteurs cotés exposés à la thématique de l’IA en Europe (exception faite des équipementiers semi-conducteurs néerlandais) et que ce qu’il reste de secteur tech sur le continent semble menacé par une montée en puissance chinoise lourdement subventionnée (STMicroelectronics, Infineon) et la déconfiture «organique» de certains anciens champions (Ubisoft, Worldline, Atos). 

Il est encore temps de monter dans le train de la surperformance américaine, selon nous, alors que ces facteurs sont voués à infuser sur les marchés actions pendant plusieurs mois encore. Si l’on veut regarder du côté des risques, notamment géopolitiques, la préférence relative est encore plus nette: quelle économie est exposée le plus largement aux perturbations du trafic en mer Rouge? Laquelle regarde avec inquiétude la Russie prendre lentement le dessus sur l’Ukraine à ses portes? L’Europe, dans les deux cas. 

L’année 2024 risque d’être pleine de surprises, dans la lignée des précédentes, qui ont vu notamment les confinements du Covid, le déclenchement de la guerre en Ukraine ou encore l’évitement d’une récession devenue consensuelle. Cependant, ce que nous savons nous pousse à préférer les actions américaines au moins jusqu’à la fin du premier semestre 2024, malgré une valorisation plus élevée que celle de ses homologues européennes.  

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