S’il est difficile d’influer sur son fonds de pension LPP, il reste possible de choisir des gestions plus adaptées à ses souhaits au niveau des fondations de 3e pilier ou de libre-passage.
Lorsque nous imaginons notre retraite, nous nous imaginons le plus souvent pouvoir enfin profiter du temps laissé libre par l’arrêt de notre activité professionnelle pour voyager à travers le monde ou se consacrer à ses passions ou à sa famille. Mais le rêve des années 80-90, qui nous laissait espérer le maintien de notre train de vie grâce au 2e pilier, est aujourd’hui mis à mal par la baisse prolongée des rendements et l’allongement de notre durée de vie. Cette retraite que nous considérions comme bien méritée et sereine pourrait ainsi devenir une perspective redoutée et angoissante.
Il faut dire que les marchés ne font rien pour nous rassurer. Entre les graves incertitudes géopolitiques - qui mettent à mal le modèle économique basé sur la globalisation qui a assuré notre prospérité depuis 30 ans, le retour de l’inflation - qui est l’ennemi mortel des rentiers, le changement de politique des banques centrales - qui annonce des hausses des taux d’intérêt néfastes aux investissements obligataires et immobiliers, et des actions aux valorisations relativement élevées, il faut s’attendre pendant les années à venir à des marchés volatils et complexes. Cela fait naturellement peser des risques non négligeables sur notre prévoyance.
En plus d’une volatilité accrue, il faut également s’attendre à voir diminuer fortement les rendements des portefeuilles traditionnels de type 60% actions / 40% obligations. Ainsi, le groupe d’investissement AQR estime que la performance annuelle réelle (donc après inflation) espérée de ce type de portefeuille ne devrait être que de 2,1% pour les prochains 5 à 10 ans, soit la moitié de la moyenne historique.
Face à cette situation, il semble donc essentiel de passer pour nos avoirs de prévoyance d’une gestion en grande partie passive et basée sur des investissement indicés à une gestion plus active, capable de s’adapter rapidement aux changements de situation. Une gestion à l’objectif de performance absolue est d’autant plus importante que, on l’oublie trop souvent, toute perte en capital est très longue à récupérer. A titre d’exemple, rappelons qu’une perte de 50% nécessite une remontée de 100% pour revenir au point de départ, et non 50% comme on pourrait le penser intuitivement. Par sa flexibilité, cette gestion «tous-temps» permet de profiter des exagérations de prix ou des opportunités qui se présentent lors des phases de volatilité. Elle permet également de dégager des performances positives, même dans des marchés sans direction claire, voire baissiers.
Pendant longtemps, les fonds alternatifs et la gestion de conviction ont été l’apanage des grandes fortunes privées. Ainsi, selon une étude d’UBS, les family offices consacrent 43% de leurs avoirs aux actifs alternatifs. Mais grâce à une meilleure connaissance des techniques utilisées et à une transparence accrue, les investisseurs institutionnels s’y intéressent depuis quelques années, poussés par l’exemple réussi des fonds de dotation de l’Université de Yale, qui allouent plus de 75% de leur fortune aux stratégies alternatives en général, dont 23,5% aux hedge funds. Plus frileux, les fonds de pension suisses se contentent toutefois en moyenne d’une allocation de 8 à 10%.
Si, à titre individuel, il est difficile d’influer sur la politique de gestion de son fonds de pension LPP, il reste possible de choisir des gestions plus adaptées à ses souhaits au niveau des fondations de 3e pilier ou de libre-passage. En effet, en cherchant au-delà des produits sans grande saveur proposés par les grandes banques ou les compagnies d’assurance, on peut trouver auprès des banques privées et des gérants d’actifs indépendants des solutions gérées de façon dynamique et prévoyant des allocations significatives aux stratégies alternatives.
Pourquoi se préoccuper de la gestion de ses avoirs de prévoyance? Tout simplement parce que, compte tenu de l’horizon-temps particulièrement long de ce type d’investissement, une différence en apparence modeste de performance annuelle se transforme avec le temps en un écart majeur. Ainsi, une performance annuelle de 2% supérieure se traduit après 10 ans en un surplus de capital de 21,9%. Au bout de 20 ans, la plus-value atteint 48,6% et 81,1% après 30 ans. Cela peut avoir un impact très concret sur le capital et la rente disponible à l’âge de la retraite. En effet, pour un montant de 1 million de francs placé en libre-passage, cela représente 810'000 francs après 30 ans, soit un supplément de rente de 44'000 sur la base d’un taux de conversion de 5,4%.
Et ces milliers de francs supplémentaires chaque mois, cela peut faire toute la différence entre une retraite minée par les incertitudes financières et un 3e âge serein, pendant lequel on peut enfin profiter de son temps libre!