Turbulences annoncées

Esty Dwek, Natixis Investment Managers Solutions 

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La volatilité devrait se poursuivre jusqu’aux élections américaines, mais devons-nous craindre une chute massive?

La hausse de la volatilité à l'approche des élections américaines n'est pas surprenante, mais plusieurs développements de ces dernières semaines ont soulevé des questions sur les perspectives de croissance à l'approche des derniers mois de l'année. La première est de savoir si la consommation américaine se maintiendra sans la prochaine phase de relance budgétaire. La deuxième est de savoir si la reprise européenne survivra à la nouvelle vague du virus.

Les données économiques ont été solides ces derniers mois, en particulier aux Etats-Unis. Les ventes au détail ont ralenti en août, mais le marché immobilier continue de progresser et la consommation a bien résisté. Toutefois, avec le décès de la juge Ginsburg, la bataille pour le siège de la Cour suprême a probablement réduit la probabilité d'un accord sur le CARES Act 2 avant les élections. Le marché a réagi en conséquence. Cependant, même si le CARES Act 2 ne passe pas avant novembre, la reprise économique américaine peut, et va, se poursuivre. Le «V» initial pourrait être terminé, et la consommation pourrait diminuer, mais la reprise devrait se poursuivre. Néanmoins, des accès de volatilité devraient maintenir les marchés au garde-à-vous dans les semaines à venir.

En Europe, l'intégration et la coopération grâce au Fonds de relance
resteront un soutien à long terme, mais pourraient ne pas suffire pour l'instant.

En Europe, les PMI se sont affaiblis avec la hausse des cas, mais la confiance reste solide jusqu'à présent, du moins en Allemagne. Toutefois, à mesure que les nouvelles mesures «douces» se poursuivent en Europe, les données devraient encore ralentir, même si elles ne devraient pas complètement stagner. En effet, les décideurs éviteront à tout prix des confinements généralisés, suggérant que la reprise ralentira, et non s'arrêtera. Toutefois, le sentiment pourrait encore souffrir et la croissance devrait être plus faible que prévu, supprimant ainsi l'un des récents soutiens aux actifs européens. L'intégration et la coopération grâce au Fonds de relance resteront un soutien à long terme, mais pourraient ne pas suffire pour l'instant.

Aujourd'hui, il est clair que ces évolutions sont intégrées dans les prix. Il reste peu d'optimisme quant à une phase 4 aux Etats-Unis à l'approche des élections, qui devrait être compliquée. Ainsi, il est peu probable que les marchés s'effondrent. En effet, nous avons assisté à des afflux de capitaux après certaines des mauvaises semaines de septembre, suggérant que les investisseurs pourraient être à la recherche de points d'entrée. Il y a également toujours beaucoup de liquidités et le soutien continu des banques centrales. Il serait donc judicieux de rester surpondéré sur les actions, même si un parcours chaotique dans les semaines à venir est à prévoir.

Sur le front obligataire, le calme continue de prévaloir. Les taux souverains américains se comportent comme si le contrôle de la courbe des taux avait déjà commencé - ou pourrait commencer à tout moment. Les titres «investment grade» pourraient être préférés plutôt que les titres «high yield» car le risque de défaut demeure et le «high yield» est plus sensible aux mouvements des actions. Finalement, la dette corporate en devise forte des marchés émergents est toujours intéressante en raison d'un éventuel resserrement des spreads.

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