Tirer parti de la dispersion

Salima Barragan

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«Les faibles corrélations favorisent les stratégies Long/Short», explique Kelly Mc Mahon, de Neuberger Berman.

 

Les politiques monétaires et fiscales ont amplifié les dispersions des rendements des actions américaines. Les stratégies Long/Short profitent précisément de ce phénomène pour générer de l’alpha. Elles permettent ainsi de participer prudemment au marché haussier tout en mitigeant les risques de baisse. Selon Kelly Mc Mahon, spécialiste de portefeuilles chez Neuberger Berman, «les faibles corrélations favorisent les stratégies Long/Short».

L’économique américaine demeure robuste et les sociétés continuent d’afficher des résultats positifs. D’ailleurs, le pourcentage des résultats trimestriels surpassant les attentes des analystes reste très élevé. Malgré la tendance haussière du marché, des incertitudes perdurent notamment sur les politiques commerciales et le raffermissement du dollar. Pour les mois à venir, Neuberger Berman estime que l’impact du stimulus fiscal sur les revenus des entreprises, l’effet des hausses des taux ainsi que des tarifs sur l’activité américaine seront au cœur des débats. Cependant, la firme de Manhattan s’attend à un rythme d’annonces erratique provoquant davantage de volatilité et de dispersion des rendements que dans le passé; un environnement propice pour sa stratégie Long/Short sur les actions américaines.

L’approche bottom-up fondamentale prédomine
car les opportunités par sociétés individuelles sont meilleures.

L’objectif du fonds long short est de générer un solide rendement ajusté au risque grâce à la sélection de positions acheteuses et vendeuses. Actuellement, les secteurs de l’industrie et de la consommation dont les corrélations  entre les actions ont tendance à être très faibles, offrent un maximum d’opportunités pour générer de l’alpha. «Les secteurs présentant les corrélations les plus faibles entre les actions et les facteurs spécifiques d’une entreprise sont ceux où nous trouvons le plus grand nombre d’opportunités», explique Kelly Mc Mahon. Au contraire, pour les secteurs les plus influencés par les données macroéconomiques, tels que les taux d’intérêt et le prix des produits de base,  les expositions à court et à long terme ont toutes les deux tendance à être limitées sur une certaine période. «Cette année, nous avons augmenté notre exposition au secteur industriel, par exemple le bénéficiaire naturel de la force économique et nous jouons aussi la reprise des dépenses de la défense», précise le spécialiste. Ainsi, dans la gestion des positions longues, l’approche bottom-up fondamentale prédomine car, dans le contexte actuel, les opportunités par sociétés individuelles sont meilleures. Néanmoins, certains titres comme IHS Markit, se distinguent. «Cette société est un bénéficiaire naturel des pressions réglementaires et des coûts auxquels le secteur des services financiers est confronté», souligne le spécialiste. La composition du fonds est classée entre les valeurs de croissance de capital telles que Visa et JPMorgan, les valeurs opportunistes à l’instar de PHV Corp et enfin les valeurs «total return» comme la société canadienne Enbridge, spécialisée dans le transport du pétrole par oléoducs.

L’équipe utilise également une approche bottom-up fondamentale dans la gestion d’une partie des positions courtes, favorisant les opportunités sur des titres qui devraient voir leur cours chuter à court et à moyen terme. «Les sociétés qui perdent des parts de marché ou qui s’adaptent lentement à la technologie continueront à connaître des difficultés. De même, celles ayant un très faible pouvoir de fixation des prix et qui recherchent une croissance par le biais de fusions et acquisitions seront les plus exposées», nous explique le spécialiste dont la stratégie parie sur des risques idiosyncratiques.

Maitriser la volatilité croissante reste un objectif primordial: «Nous nous attendons à une volatilité au-dessus de la moyenne ainsi qu’une intensification des pics – des niveaux similaires à ceux observés au premier trimestre de cette année. Notre stratégie vise à réduire de moitié en moyenne la volatilité des marchés actions au fil du temps», souligne le spécialiste. Avec un biais long, le fonds est actuellement investi environ à 90% dans des positions longues et environ 40% dans des positions courtes et le fonds a toujours la possibilité d’ajuster son exposition à l’évolution des conditions du marché. Pour la fin de l’année, le gérant s’attend à voir plus de volatilité et une divergence accrue entre les gagnants et les perdants d’une politique fiscale américaine en pleine mutation, ce qui créera de nouvelles opportunités.