Sécurité en matière de prévoyance vieillesse: une question de mentalité?

Aron Veress, Liechtenstein Life Assurance AG

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En Suisse et en Allemagne, les systèmes de retraite sont assez similaires sur la forme, mais la mentalité en matière de prévoyance privée diffère nettement, et pourrait même constituer à l’avenir un facteur de réussite.


Suisse: gender fairness au lieu du gender pension gap

Dans le monde, le système suisse des trois piliers est toujours considéré comme efficace et relativement équilibré sur le plan social. Mais là aussi, des fissures commencent à apparaître.

Environ un tiers de la population ne bénéficie que de la couverture des premier et deuxième piliers. Cette retraite financée par l’Etat ou l’entreprise sert de protection de base contre la précarité financière au moment de la vieillesse. Mais au regard de l’évolution démographique, ce qui fonctionnait avant ne constitue plus une solution fiable pour garantir l’avenir. Une prévoyance stable à long terme doit également tenir compte de l’augmentation du coût de la vie et des frais de santé, ainsi que de l’inflation. En outre, les personnes qui misent (ou doivent miser) exclusivement sur les deux premiers piliers se privent des opportunités d’optimisation fiscale et des solutions orientées vers les marchés de capitaux du troisième pilier, entre autres de l’exonération fiscale qu’offre le pilier 3a.

Une grande partie des citoyennes et citoyens suisses montre une lacune de prévoyance, en particulier les femmes et les personnes ayant des occupations familiales: avec plus de 30%, le gender pension gap est comparativement très marqué, bien que, selon un récent sondage de Liechtenstein Life, les personnes gagnant le revenu principal permettraient déjà dans une majorité de cas un rééquilibrage financier au sein du foyer. Les assurances vie liées à des fonds peuvent non seulement garantir une gender fairness grâce à une protection financière équitable au sein des familles, mais aussi fournir des avantages fiscaux et un pilier de sécurité supplémentaire en dehors de la prévoyance garantie.

Allemagne: les contraintes multiples pesant sur la génération sandwich

Le revirement démographique a un impact sévère sur un pur système de cotisation par répartition, comme celui existant en Allemagne: la génération du baby-boom, issue d’une période à forte natalité, va prendre sa retraite dans les prochaines années, laquelle devra être financée par une population active en régression. À l’avenir, les augmentations de rentes, et même l’objectif visant à compenser l’inflation, ne pourront plus être supportés uniquement par les cotisations. Il est évident que l’État et les cotisantes et cotisants doivent prévoir des solutions de financement supplémentaires à moyen terme.

La tentative de financer l’augmentation des rentes par les impôts s’avère doublement pénalisante pour les plus jeunes générations, notamment du fait d’une fiscalité lourde en matière de succession sur le plan international, qui limite fortement la protection individuelle. Aujourd’hui, la population active est prise en sandwich: d’une part, elle finance les pensions des personnes actuellement à la retraite et, d’autre part, elle doit prendre des mesures pour assurer sa propre prévoyance, car il est peu probable qu’elle puisse compter sur des revenus comparables à l’âge de la vieillesse.

La mentalité comme facteur de réussite

Par rapport à nos voisins du Nord, la Suisse dispose d’un avantage stratégique: une propension à s’auto-responsabiliser, profondément enracinée. La volonté de façonner soi-même son avenir est bien plus ancrée dans la très ancienne démocratie suisse que dans de nombreux autres pays européens. Associée à un niveau de formation élevé en matière financière comparativement au reste du monde, cette mentalité permet aux citoyennes et citoyens suisses d’apprécier les fluctuations des marchés de capitaux de manière plus pragmatique et plus ouverte par rapport aux formes de placement axées sur ces marchés. Les polices liées à des fonds axés sur le rendement pourraient répondre aux défis systémiques, du moins en matière de prévoyance individuelle.

En Allemagne, on s’emploie encore à surtout pérenniser le principe d’un système par répartition. Mais le relèvement de l’âge de départ à la retraite ou l’augmentation des impôts n’assurent qu’une prise en charge partielle, sans apporter une solution à l’incertitude principale: pour une grande partie de la population allemande, la prévoyance vieillesse reste avant tout une mission étatique. La prévoyance privée n’est pas considérée comme une nécessité, mais comme un complément optionnel. À l’avenir cependant, compte tenu du déséquilibre démographique, elle devrait devenir un pilier de la prévoyance vieillesse, permettant de générer des revenus indépendamment du système de répartition. Il est grand temps d’identifier les risques dans le cadre de la prévoyance étatique et de saisir les opportunités qu’offrent les marchés de capitaux. Quand la démographie, et donc la base de l’ancienne prévoyance vieillesse évolue, le temps est venu d’une nouvelle prise de conscience et d’un renforcement des initiatives individuelles. Les courtiers et intermédiaires devraient susciter auprès de leur clientèle cette prise de conscience favorisant l’autonomie et d’autres formes de prévoyance individuelle.

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