Redémarrer le moteur de la croissance économique indienne

Vincent Manuel & Bénédicte Kukla, Indosuez Wealth Management

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L’indice Nifty des actions indiennes a perdu près de 4% lundi, mais est à nouveau dans le vert depuis lors.

Après des années de forte croissance, l'économie du géant sud-asiatique a connu un recul historique de son PIB au deuxième trimestre 2020, sa première contraction en plus de quatre décennies. Le soutien du gouvernement et la reprise du secteur des services seront essentiels pour relancer la reprise économique indienne qui continue d'être grevée par des perturbations liées à la pandémie de coronavirus. L'Inde est l’un des principaux pays touchés par l'épidémie. Avec plus de la moitié de la population sous l’âge de 20 ans, le taux de décès du COVID-19 reste relativement faible, mais le risque social de la crise économique augmente. 

Les chiffres 

L'économie indienne s'est contractée de 29,3% sur le trimestre et de 23,9% par rapport au deuxième trimestre 2019 (contre -18,3% prévu par le consensus). La consommation privée (représentant plus de 50% du PIB) a été le principal facteur de la chute de l'activité (-31%) ainsi que l'investissement privé (- 45%). Les seules composantes du PIB à contribuer positivement à la croissance ont été la consommation publique (+27% par rapport au premier trimestre 2020), avec un plan de relance économique de plus de 260 milliards de dollars mis en place en mai 2020 (soit 10% du PIB), et la balance commerciale nette, avec la contraction des importations (-35%) ayant dépassé la baisse des exportations (-19%). 

Quel impact sur la trajectoire à moyen terme?

Les données récentes de l'enquête PMI indiquent une reprise dans le secteur manufacturier en août, signalant une croissance pour la première fois en cinq mois (à 52 points au-dessus du seuil de 50). La composante «nouvelles commandes» de l'enquête a fait un bond en août sous l'effet d'une reprise de la demande intérieure. Toutefois, l'enquête a également mis en évidence des délais de livraison toujours longs, qui peuvent être liés aux perturbations persistantes dues au COVID-19. Du côté du secteur des services (représentant 55% de l’économie indienne), l’enquête PMI a surpris à la hausse (à 41,8 comparé à une prévision du consensus de 39,2 et à 34,2 enregistré en juillet), mais reste sous le seuil de 50, suggérant une poursuite du recul de l'activité.

La réponse du policy mix

Le plan de relance du gouvernement est principalement axé sur le soutien du crédit aux PME, tandis que la Banque centrale a décidé d’étendre ses mesures d’assouplissement monétaire, notamment le soutien apporté en début de semaine au marché obligataire souverain par le canal macro-prudentiel (facilitation de la détention de titres souverains nationaux par les banques). Une initiative bienvenue puisque la dette publique indienne devrait atteindre 85% du PIB d'ici la fin de l'année.

Implications 

Cette contraction du PIB plus forte que prévu annoncée après la fermeture de la bourse lundi dernier affaiblit davantage la projection du PIB pour l'année fiscale indienne 2020/2021, potentiellement en dessous de -6% (le consensus est désormais à -5,5%). Toutefois, cette tendance dépendra largement du rythme auquel le programme gouvernemental alimentera l'économie réelle. Étant donné que l'Inde représente environ 8% du PIB mondial, cette tendance rapproche encore davantage la croissance du PIB mondial cette année de -4% que les -3% que nous avons adoptés dès avril dernier comme scénario de croissance du PIB pour l'exercice 2020. 

Les perspectives de croissance plus faibles ainsi que l'action accrue de la banque centrale ont conduit à une compression de 25 pb du rendement à 10 ans des obligations du gouvernement indien. L’indice Nifty des actions indiennes a perdu près de 4% lundi, mais est à nouveau dans le vert depuis lors. La roupie indienne a gagné du terrain par rapport au dollar à l’ouverture mardi matin, mais a corrigé les deux jours suivants. 

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