A quoi faut-il s’attendre en 2024?

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

2 minutes de lecture

Certaines tendances devraient marquer la décennie à venir, notamment l’interaction entre les «5D»: dette, démographie, digitalisation, démondialisation et décarbonation.

Le moral des investisseurs s’améliore, alors que l’année 2023 entre dans sa dernière ligne droite. L’indice S&P 500 est en hausse de 17,6% depuis le 1er janvier, porté par le rebond des bons du Trésor américain à dix ans, dont le rendement est retombé à 4,45% le 20 novembre, après avoir effectué récemment une incursion au-dessus des 5%.

Alors, comment s’annonce l’année 2024? Selon la Recherche d’UBS, on va entrer dans «un nouveau monde» caractérisé par l’incertitude économique et par l’instabilité géopolitique, mais aussi par de profonds bouleversements technologiques.

Ralentissement de la croissance mondiale

Sur le front économique, on peut tabler sur un ralentissement de la croissance mondiale. La consommation aux Etats-Unis devrait s’effriter, mais il est peu probable qu’elle enregistre une sévère contraction. La croissance en Europe devrait rester poussive. Quant à la Chine, elle semble entrer dans une «nouvelle norme» caractérisée par une croissance plus lente que par le passé.

Cela devrait permettre aux banques centrales d’amorcer, en milieu d’année, un cycle de baisse des taux directeurs, favorisant ainsi une poursuite de la baisse des rendements souverains. L’actualité politique devrait jouer un rôle considérable. La présidentielle aux Etats-Unis, les guerres au Proche- Orient et en Ukraine, ainsi que la rivalité entre les Etats-Unis et la Chine sont susceptibles d’influencer les marchés.

Dans ce contexte, on recommandera cinq stratégies clés aux investisseurs pour l’année 2024. Explications.

1. Gérer la liquidité

La baisse des taux d’intérêt et des rendements obligataires réduira la rémunération des liquidités et accentuera le risque de réinvestissement. Les investisseurs devraient limiter leur allocation aux liquidités et optimiser leur rendement.

2. Miser sur la qualité aussi bien pour les actions que pour les obligations

Les obligations de qualité présentent aujourd’hui un rendement attrayant et on table sur une appréciation du capital à mesure que la croissance ralentira et que les rendements diminueront.

Les entreprises de qualité avec un bilan sain et une rentabilité élevée, souvent issues du secteur technologique, devraient être les mieux armées pour dégager des bénéfices, malgré le ralentissement de la croissance économique.

3. Pratiquer le «range trading» sur les marchés des changes et des matières premières

Le dollar américain devrait, dans les mois à venir, rester stable autour des niveaux actuels avant de se déprécier à mesure que la croissance ralentira aux Etats-Unis. C’est pourquoi la Recherche d’UBS apprécie les stratégies qui consistent à vendre le potentiel de hausse du dollar. Les cours du pétrole devraient osciller entre 90 et 100 dollars le baril dans les mois à venir.

4. Couvrir les risques de marché

Investir dans un contexte de guerre et d’incertitude géopolitique suppose de se préparer à composer avec la volatilité. En plus de la diversification, les investisseurs peuvent protéger encore un peu plus leur portefeuille au moyen de stratégies de préservation du capital, d’investissements alternatifs, ou en prenant des positions sur le pétrole et sur l’or.

5. Se diversifier à l’aide du crédit alternatif

Parmi les actifs alternatifs, le contexte semble porteur pour les stratégies axées sur l’arbitrage de crédit et les créances sinistrées. L’endettement élevé, le ralentissement de la croissance et les besoins de refinancement pourraient se traduire par une volatilité marquée des cours et des spreads, créant ainsi des opportunités pour les gestionnaires.

Par conséquent, même si l’année 2024 s’annonce semée d’embûches, les investisseurs peuvent actionner plusieurs leviers pour optimiser leurs performances potentielles.

Les tendances à plus long terme

Certaines tendances à plus long terme devraient également marquer la décennie à venir, notamment l’interaction entre les «5D»: dette, démographie, digitalisation, démondialisation et décarbonation.

Plusieurs scénarios sont possibles mais, dans celui que la Recherche d’UBS privilégie, les liquidités feront moins bien que les autres grandes classes d’actifs, notamment si les gouvernements ont recours à la répression financière pour alléger le fardeau de leur dette. Les rendements attrayants à l’heure actuelle signifient que les performances attendues pour les obligations semblent meilleures que celles observées dans l’histoire récente.

Ce sont les actions qui devraient rapporter le plus. On pense à celles des entreprises susceptibles d’être des fers de lance de l’innovation de rupture dans les domaines de l’intelligence artificielle, de l’énergie et de la santé.

Sans oublier le marché privé

En outre, les investisseurs peuvent s’exposer à la croissance par le biais des actifs non cotés. Les gestionnaires de fonds d’actifs non cotés, qui sont capables de procurer des capitaux propres ou des capitaux d’emprunt à des entreprises à différents stades de développement, ont un rôle clé à jouer dans le financement des entreprises qui proposent des solutions innovantes dans ces domaines thématiques.

Toutefois, les investisseurs doivent avoir conscience des risques inhérents à l’investissement dans les actifs non cotés, à savoir l’illiquidité et une période de lock-up (durée d’immobilisation du capital) plus longue.

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