Couvrir les portefeuilles contre le risque d’escalade au Moyen-Orient

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Il peut être judicieux d’accroître l’exposition aux bons du Trésor, tandis que l’or et le pétrole peuvent permettre de se couvrir contre la volatilité à court terme.

© Keystone

Il y a quelques jours, le gouvernement israélien a lancé ce que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a qualifié de «deuxième phase» de la guerre: des troupes sont entrées à Gaza avec le soutien de tanks, de frappes aériennes et de tirs d’artillerie. Ces opérations terrestres seront suivies de près compte tenu du risque que d’autres parties comme les Etats-Unis et l’Iran s’impliquent dans le conflit, qui prendrait alors une tournure régionale. Point de situation sur les conséquences pour les investisseurs.

La réaction des valeurs refuge aux derniers rebondissements est relativement mesurée. Le cours de l’or a d’abord légèrement grimpé , puis il est resté relativement stable. Le baril de pétrole Brent s’est adjugé 2,9% dans la foulée des annonces israéliennes, mais il était ensuite en baisse de 1,3%. Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans, qui n’ont cette fois-ci guère joué leur rôle habituel de valeur refuge, est resté relativement stable.

Le scénario de référence de la Recherche d’UBS n’envisage pas une escalade de la guerre. Néanmoins, la situation du Moyen-Orient reste fluctuante et la perception du risque par les marchés est susceptible de changer rapidement.

En outre, au-delà des aspects géopolitiques, il peut être judicieux d’accroître l’exposition aux bons du Trésor, tandis que l’or et le pétrole peuvent permettre de se couvrir contre la volatilité à court terme. Explications.

  • Outre l’engouement pour les valeurs refuge, le Brent est porté par l’équilibre précaire entre l’offre et la demande

En cas d’implication de l’Iran qui ferait baisser ses exportations, la pression pourrait s’accentuer sur le marché. Une diminution de 500'000 barils par jour pourrait propulser les cours du Brent dans une fourchette de 100 à 110 dollars, contre 89 dollars à l’heure actuelle. En outre, en cas de régionalisation du conflit, les cours pourraient même atteindre les 120 dollars.

A moyen terme, une telle hausse finirait par se heurter à une augmentation de la production de l’OPEP+ et pourrait faire baisser la demande. Par conséquent, le baril de Brent devrait osciller dans une fourchette de 90 à 100 dollars dans les mois à venir et l’objectif de cours de la Recherche d’UBS en fin d’année est de 95 dollars.

Toutefois, la situation du Moyen-Orient renforce l’attrait du pétrole pour ceux qui cherchent à atténuer la volatilité potentielle de leur portefeuille. A moyen terme, la hausse de la demande mondiale et l’offre restreinte devraient aussi limiter le potentiel de baisse du pétrole.

  • L’or devrait rester une couverture efficace malgré la menace de taux durablement plus élevés

Le cours du métal jaune a grimpé d’environ 9% depuis que le Hamas a attaqué Israël et une régionalisation du conflit le propulserait sans doute plus haut.

Même si l’engouement pour les valeurs refuge finira sans doute par retomber, l’or a de nouveau montré son intérêt du point de vue de la diversification. En outre, il est susceptible de profiter du ralentissement économique aux Etats- Unis, qui permettra à la Réserve fédérale américaine (Fed) d’assouplir sa politique monétaire, avec à la clé une baisse des rendements obligataires et du coût d’opportunité inhérent à la détention d’actifs non porteurs d’intérêt comme l’or.

  • En cas d’escalade, la demande de bons du Trésor américain, déjà soutenue par les fondamentaux économiques, augmenterait probablement

Jusqu’ici, les bons du Trésor américain ne jouent pas leur rôle habituel de valeur refuge. Les investisseurs sont focalisés sur la bonne tenue des indicateurs économiques américains, qui accentue la crainte que les taux de la Fed restent durablement plus élevés. Toutefois, une régionalisation du conflit détournerait probablement l’attention de la politique monétaire et stimulerait la demande de valeurs refuge comme les bons du Trésor américain.

On peut probablement s’attendre à ce qu’une hausse des cours du pétrole causée par une escalade militaire fasse craindre une érosion de la consommation des ménages, auquel cas cela stimulerait encore la demande de bons du Trésor, atténuant ainsi la crainte que la hausse des cours du pétrole ait un impact inflationniste.

A moyen terme, la Recherche d’UBS est d’avis que le rendement des bons du Trésor américain à dix ans sera principalement influencé par un ralentissement de l’économie américaine et par la perspective d’une baisse des taux directeurs. Leur potentiel en tant que valeur refuge renforce encore leur attrait à court terme.

Se couvrir avec l’or et le pétrole

L’or et le pétrole restent, sans doute, des couvertures judicieuses car les risques géopolitiques demeurent élevés. Par conséquent, on peut conseiller aux investisseurs de conserver leurs positions longues existantes sur l’or et de profiter des replis du pétrole brut pour en acheter.

Les bons du Trésor américain, qui devraient profiter du ralentissement économique aux Etats-Unis, pourraient également être davantage recherchés si la situation au Moyen-Orient se dégrade. Cela dit, si le scénario de référence se vérifie, la prime de risque géopolitique ne devrait pas perdurer, c’est pourquoi les investisseurs doivent faire preuve de discernement avant de renforcer leurs couvertures.

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