Quel sera l'impact de la présidence de Trump sur les marchés émergents?

Carlos de Sousa, Vontobel Asset Management

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L'Argentine, l'Équateur et le Salvador sont parmi les gagnants, tandis que la Chine et d'autres pays asiatiques devraient souffrir des nouvelles politiques américaines.

Les politiques économiques américaines auront des répercussions mondiales et la volatilité devrait être plus élevée que pendant l’administration Biden, mais les tendances économiques actuelles devraient suivre leur cours, ce qui profitera à la dette émergente.

La présidence Trump fera des gagnants et des perdants sur les marchés émergents. L’augmentation des droits de douane pour la Chine devrait être une promesse tenue, ce qui ferait de l’empire du milieu l’un des perdants de cette nouvelle administration. D'autres économies asiatiques pourraient également en pâtir, du fait de leurs liens économiques étroits avec la Chine. Les actifs mexicains sont également susceptibles de connaître une volatilité accrue, car nous pensons que l'accord commercial USMCA fera l'objet d'un examen minutieux avant sa clause de caducité prévue en 2026.

À l’inverse, nous pensons que les pays d'Amérique latine présidés par la droite bénéficieront de la présidence Trump, notamment l'Argentine, l'Équateur et le Salvador. Dans le cas du Brésil, nous ne pensons pas que le pays gagnera ou perdra beaucoup malgré sa présidence de gauche. Le Brésil est une grande économie fermée, moins sensible au commerce mondial que la plupart des pays émergents, dont les exportations de matières premières vers la Chine - son principal partenaire commercial - ne semblent pas menacées.

Le dollar américain devrait se renforcer sous la présidence Trump, mais nous ne nous attendons pas à observer une tendance claire. L'économie américaine devrait continuer à ralentir en 2025, et si les réductions d'impôts et la déréglementation peuvent stimuler les envies consuméristes, les guerres commerciales et les freins à l'immigration tireront l’économie dans le sens opposé.

La plupart des banques centrales du monde entier devraient continuer à réduire leurs taux. Certaines d'entre elles pourraient être influencées par une approche plus prudente de la Fed en 2025, mais leurs décisions dépendront d'abord de l'inflation et des tendances économiques de leurs pays.

En conséquence, les marchés émergents devraient bénéficier d'une baisse des coûts de financement et d'un retour des flux financiers. Les coûts de refinancement ont par ailleurs déjà baissé pour de nombreux émetteurs émergents, ce qui améliore la viabilité de la dette, la rentabilité et la croissance économique. En outre, la baisse des taux sans risque à l'échelle mondiale devrait entraîner un retour de la collecte vers les obligations émergentes, ce qui favorisera le resserrement des spreads et la stimulation de la demande.

Le mode risk-on est très positif pour les obligations des pays émergents. De nombreux investisseurs avaient réduit le risque avant l'élection américaine et semblent à présent réallouer leur capital vers les actifs à risque, comme en témoignent le regain de vigueur des marchés d’actions et le resserrement du spread de crédit dans les pays développés et émergents. Les promesses de réductions d'impôts et de déréglementation semblent éclipser les risques de guerres commerciales, pour l'instant. Tout comme pour les économies développées, le spread du crédit des pays émergents est plus serré que sa moyenne historique, mais ne semble pas si cher par rapport aux valorisations historiquement élevées des actions. Cette perspective de valeur relative devrait également contribuer au retour de la collecte vers les obligations émergentes.

Ainsi, même si une présidence Trump aura un impact non négligeable, nous pensons que la classe d'actifs continuera d'être soutenue par les tendances économiques favorables actuelles, ce qui offrira aux investisseurs des opportunités solides pour 2025.

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