Que signifient les derniers chiffres de l'IPC pour les taux d'intérêt?

Felipe Villarroel, TwentyFour Asset Management (boutique de Vontobel AM)

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Malgré la nouvelle hausse surprise de l’inflation, les données sont cohérentes avec le discours de la Fed selon lequel le renchérissement se rapproche lentement mais inexorablement de l'objectif fixé.

©Keystone

Les derniers chiffres de l'inflation américaine ont produit quelques données intéressantes avec en premier lieu, une nouvelle surprise à la hausse (la troisième d'affilée) de l'inflation globale à 3,2% en glissement annuel, contre des attentes de marché de 3,1%.

Ce n’est pas une bonne nouvelle à l’heure où les banques centrales luttent contre l'inflation. Mais à quel point est-ce une mauvaise nouvelle? En regardant dans le détail, nous sommes arrivés à la conclusion que ces données sont tout compte fait cohérentes avec le discours de la Fed selon lequel l'inflation se rapproche lentement mais inexorablement de l'objectif fixé.

Actuellement, les chiffres de l'inflation masquent un bras de fer entre une désinflation des biens de plus en plus faible et une inflation des services alimentée par les salaires et les loyers. Les biens de base (hors alimentation et carburant) ont augmenté de 0,1% en février. Il s'agit de la première augmentation mensuelle depuis mai 2023 et, selon nous, d'une mauvaise surprise. Bien qu'une seule donnée n’annonce pas nécessairement le début d'une nouvelle tendance, il convient de la surveiller de près. Si la désinflation du panier de biens de base, qui représente 25% du panier de l'IPC de base, a pris fin, il faut que l'inflation des services affiche une tendance plus encourageante pour que l’IPC global et l’IPC de base continuent de baisser.

L'inflation devrait continuer à baisser, ce qui devrait permettre aux banques centrales de réduire les taux dans un contexte d'atterrissage en douceur.

Heureusement, les chiffres de l'inflation des services sont meilleurs. Malgré une augmentation de 0,5% en glissement mensuel, soit loin d'un niveau que la Réserve fédérale considérerait comme compatible avec l'objectif d'inflation, les données sous-jacentes sont raisonnablement bonnes. L'inflation du logement est la composante la plus importante du panier d'inflation des services et celle qui a fait couler le plus d'encre, car étroitement liée aux prix de l'immobilier, malgré un certain décalage. Mais à 0,4% en glissement mensuel, elle reste bien inférieure à celle du mois dernier, à 0,6%.

Pendant la majeure partie des 12 derniers mois, cette composante a oscillé dans une fourchette de 0,4% à 0,6%, c'est donc une bonne nouvelle qu'elle soit aujourd’hui dans la borne inférieure. Elle comprend les services, à l'exclusion des composantes du logement susmentionnées, et constitue une mesure plus directe de l'impact que l'inflation des salaires peut avoir sur le panier de l'IPC. Ce taux est passé de 0,8% à 0,5% en glissement mensuel, et bien que cette mesure ait progressé, ces chiffres restent incompatibles avec l'objectif de 2%.

Nous interprétons cette publication de l'IPC comme une donnée qui reste cohérente avec les objectifs et le calendrier de la Fed. Certaines composantes plus volatiles, telles que les voitures d'occasion, ont amélioré les chiffres de l'IPC de février par rapport aux attentes du marché. Cependant, les principales composantes qui reflètent les tendances générales semblent continuer à évoluer dans la bonne direction. Sans qualifier ce rapport d’excellent, nous pensons que le président de la Fed, Jerome Powell, reste convaincu que l'inflation se rapproche de l'objectif.

Le marché du Trésor américain a connu des baisses tout au long de la journée avant de la publication des chiffres de l’IPC la semaine dernière, mais le court a été quelque peu étrange. Les taux ont immédiatement baissé après la sortie des chiffres de l’IPC, mais cette tendance s'est rapidement inversée avant de retomber. Et l’obligation à 10 ans a terminé la journée en hausse de 6 points de base. Dans l'après-midi, il y a également eu une «vente aux enchères» à 10 ans peu inspirante, les courtiers ayant pris le plus grand pourcentage d'allocation depuis le début de l'année, ce qui peut également avoir exercé une certaine pression à la vente. Nous pensons qu'après un rallye correct, les nouvelles doivent dépasser les attentes pour que le rallye se poursuive.

Dans l'ensemble, les tendances restent les mêmes: l'inflation devrait continuer à baisser pour tendre vers l'objectif, ce qui devrait permettre aux banques centrales de réduire les taux dans un contexte d'atterrissage en douceur. Compte tenu de l'état des rendements et des baisses de taux cette année, tout en évitant un atterrissage brutal, nous pensons que les marchés obligataires seront en mesure d'offrir un rendement total attrayant cette année.

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