La Fed adoucira-t-elle son discours à Jackson Hole?

Eoin Walsh, TwentyFour Asset Management

2 minutes de lecture

Compte tenu du mois difficile que nous traversons sur les marchés, ainsi que pour les taux, Powell pourrait envisager de mettre en pause de nouvelles hausses et la politique «higher for longer».

Les rendements à 10 ans ayant grimpé de 30 pb en peu de temps, le mois d'août a été assez difficile pour les investisseurs du Trésor américain (tout comme pour les autres marchés de taux). Cette évolution des taux renforce l’importance de la prise de parole de Jerome Powell demain au symposium de Jackson Hole pour présenter ses perspectives économiques.

Tout au long de l'année, Powell et les membres du FOMC sont restés très fermes sur la nécessité de nouvelles hausses de taux, et ont réussi à aligner le marché sur leur mantra «higher for longer» («plus élevé pour plus longtemps»). Lorsque la crise des banques régionales américaines a atteint son apogée il y a environ 6 mois, les rendements des bons du Trésor à 10 ans étaient alors inférieurs de 100 pb. Le dénouement de ce rallye, avec un nouveau resserrement des conditions financières, répondait largement à cet objectif de la Fed. Cependant, le récent mouvement de forte hausse pourrait inciter à un assouplissement de ce ton hawkish.

Du fait de la récente volatilité, la future valeur des rendements des bons du Trésor continue d'attirer l'attention ainsi que sur le taux neutre aussi appelé «r*». En 2001, John Williams, actuel membre du FOMC et président de la Fed de New York, définissait le taux r* comme «le taux d'intérêt réel à court terme compatible avec une production convergeant vers son potentiel, où le potentiel est le niveau de production compatible avec une inflation stable». Auparavant, le taux nominal neutre était estimé entre 2,5 et 3%, et M. Powell avait déjà déclaré en juillet 2022 que les taux avaient atteint «un niveau neutre». À l'époque, les taux de base venaient d'atteindre 2,5%, alors qu'ils sont plus élevés de 300 pb aujourd'hui. Il est peu probable que Powell revienne sur le sujet demain, bien qu'il ait été mentionné par un certain nombre de responsables de la Fed récemment. Dans tous les cas, même si le taux r* est déplacé vers le haut, les taux courts actuels risquent de rester restrictifs.

Avec des rendements à 10 ans dépassant leurs précédents records pour ce cycle de hausse, et tous les niveaux observés depuis avant la crise financière mondiale, les taux d'intérêt semblent certainement beaucoup plus attrayants aujourd'hui. Les rendements réels à 10 ans sont à présent de 2% et ils constituent une couverture assez bon marché contre un atterrissage plus brutal que celui prévu actuellement. Rappelons que même dans le scénario de croissance le plus optimiste, la fin du cycle est évidente avec l'élimination de nombreux amortisseurs de récession, ce qui rend l'économie plus vulnérable à un choc externe, lequel faisant généralement basculer l'économie dans la récession. Le rendement à 10 ans était inférieur de 100 pb lorsque les premières fissures des banques régionales sont apparues, et plus les conditions resteront restrictives, plus il y aura de chances que d'autres fissures apparaissent.

Le taux de base actuel suggéré par le marché dans 12 mois est de 4,9%. Celui-ci est supérieur à la médiane du diagramme à points pour la fin de l'année 2024, fixée à 4,625%, laissant penser que le message «higher for longer» a finalement été reçu. Compte tenu du mois difficile que nous traversons actuellement sur les marchés, ainsi que pour les taux, Powell pourrait envisager de mettre en pause de nouvelles hausses et la politique «higher for longer», lui donnant ainsi la rare occasion d'être plus favorable au marché.

A lire aussi...