Quatre raisons d’investir dans les «green ventures» en 2024

Damian Payiatakis, Barclays Private Bank

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Valorisations attractives, soutien des autorités, primes d’illiquidité, autant de raisons de s’intéresser à ces actifs.

Les «green ventures», ou technologies vertes, ont levé moins de capitaux en 2023 que lors des deux années précédentes. Les investissements ont même diminué de 12% (pour un total de 51 milliards de dollars) à 30% (pour un total de 32 milliards de dollars), selon les sources. C’est la première fois depuis 2020 qu’une baisse est enregistrée. Sur le marché des start-ups, les investissements ont, quant à eux, chuté de 38% en 2023. 

Face à un environnement macroéconomique difficile avec, à la fois, des taux d'intérêt élevés et plus d'incertitude, de nombreux investisseurs ont décidé d'adopter une attitude «wait-and-see», cherchant à conserver leur capital et à ne pas entrer sur le marché, en tout cas pour l'instant.
En 2024, les mêmes vents contraires attendent les investisseurs, bien qu’ils pourraient potentiellement s'atténuer. Dans ce contexte, quatre facteurs pourraient indiquer que cette année est un moment opportun pour investir dans les «green ventures».

Des valorisations attractives

Tout d'abord, les valorisations de ces entreprises sont à des niveaux plus attractifs que ceux observés depuis un certain temps, voire jamais. La baisse des investissements globaux de l'année dernière a été principalement causée par une réduction de la taille des transactions, en baisse de 28% en moyenne, plutôt que par le nombre de transactions, en baisse de 3%. Les entrepreneurs entrant sur le marché ou les investisseurs en phase initiale ayant besoin de sortir de leurs positions trouveront plus difficile de lever des capitaux, comparativement aux années précédentes. Six des sept acteurs de l'industrie présents au «2024 Climate Tech Oracle» de CTVC prévoient «plus de tours de financement stables ou à la baisse dans les technologies vertes par rapport à 2023». Pour les nouveaux investisseurs, cela créerait des conditions d'investissement plus favorables.

Bien que ce ne soit pas uniquement un argument financier, les investisseurs peuvent envisager d’investir pour générer des «rendements émotionnels» ainsi que pour les avantages liés à l'héritage familial et à la continuité intergénérationnelle.

Plus de soutien public 

Par ailleurs, les gouvernements vont continuer à renforcer leur soutien aux technologies vertes, synonymes d’opportunités de croissance économique, de sécurité énergétique, de rayonnement international et d’engagement environnemental. Ainsi, en réponse aux 369 milliards de dollars déployés par les Etats-Unis à travers l’Inflation Reduction Act (IRA), l'UE a adopté en février le Net Zero Industrial Act  (NZIA) pour renforcer le soutien aux technologies nécessaires à la transition écologique et pour construire sur le Green Deal lancé en 2023. En outre, il est ressorti de la COP28 toute une série d'engagements mondiaux, tels que tripler la capacité d'énergie renouvelable mondiale d'ici 2030 ou doubler le taux de croissance annuel moyen mondial de l'efficacité énergétique. Les politiques gouvernementales mises en place et leur lot d’incitations réglementaires créent sans aucun doute un environnement favorable au développement des technologies vertes.

Des avantages de portefeuille en termes d’illiquidité

Allouer des fonds aux technologies vertes en phase initiale peut également être synonyme d’avantages d’illiquidité. Étant donné que les perspectives pour 2024 annoncent une croissance modérée, les investisseurs pourraient chercher à améliorer leurs rendements en ajoutant des actifs qui étendent l’horizon temporel de leurs portefeuilles. De plus, l’illiquidité associée aux marchés privés peut aider les investisseurs à rester sur la bonne voie face à l’incertitude et à la volatilité à court terme, soutenant ainsi leurs objectifs à long terme. Les nouveaux fonds axés sur l’environnement auront une page blanche en termes de performance et une liste plus attractive de «ventures» potentielles parmi lesquelles choisir. De plus, les entreprises vertes qui auront réussi à traverser les périodes compliquées seront probablement plus agiles et plus à même de croître au cours de la prochaine décennie.

Construire un héritage familial

Enfin, bien que ce ne soit pas uniquement un argument financier, les investisseurs peuvent envisager d’investir pour générer des «rendements émotionnels» ainsi que pour les avantages liés à l'héritage familial et à la continuité intergénérationnelle. Investir dans des entreprises vertes susceptibles de prospérer et d'aider à résoudre les nouveaux défis mondiaux peut être personnellement satisfaisant. Comme le montre le dernier rapport Investing for Global Impact, plus de trois quarts des personnes fortunées, des familles et des family offices s'engagent dans l'investissement à impact en raison d'un «sens de la responsabilité de rendre le monde meilleur». Cela peut également favoriser l'unité et la continuité familiales, 53% des familles fortunées déclarant dans le rapport que l'investissement durable contribue à combler le fossé entre les générations et 80% déclarant que l'implication des plus jeunes générations les aidera à se préparer à assumer la responsabilité familiale.
Bien que l'investissement dans les technologies vertes ait un potentiel notable, les investisseurs doivent également être conscients des risques liés à la classe d'actifs et à la thématique. Investir dans des entreprises en phase initiale présente des défis inhérents liés aux barrières informationnelles, au risque d'échec et à la liquidité. Choisir les entreprises gagnantes n'est pas facile. De plus, la diversité d’opportunités dans les cleantech, la climate tech, la green tech, la nature tech et autres, est importante. En comprendre tous les enjeux est un vrai défi, dans des domaines souvent profondément techniques.

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