Quatre catalyseurs pour les marchés

Wilfrid Galand, Montpensier Finance

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Après le rebond d’avril, les marchés peuvent-ils reprendre leur marche en avant?

Tout dépendra de quatre éléments clés: tensions sino-américaines, reprise économique aux Etats-Unis et en Chine, soutien des grandes banques centrales et amélioration des perspectives épidémiologiques. Cela ne semble pas impossible.

Le 15 janvier dernier, Donald Trump se félicitait de l’accord commercial signé avec la Chine, le qualifiant même de «bien meilleur qu’attendu»! Tout était en place pour placer l’économie américaine – et les marchés! – sur une trajectoire ascendante et permettre sa réélection. Hélas, une épidémie et près de 36 millions de chômeurs supplémentaires en moins d’un mois sont venus fracasser ce scénario. Ne reste plus au Président-candidat que sa stratégie fétiche pour rassembler une large partie du peuple américain: celle du bouc-émissaire.

Les attaques sont tous azimuts contre la Chine depuis deux semaines et le retour des tensions autour de Hong Kong n’a fait qu’aggraver la situation au point de parler désormais d’une «nouvelle guerre froide». La situation doit s’améliorer pour permettre aux marchés d’aller de l’avant. Trump le sait et calmera le jeu avant qu’il ne devienne incontrôlable car les tensions avec la Chine ne sont qu’un pis-aller pour gagner l’élection.

Trump compte d’abord sur une reprise rapide de l’activité aux Etats-Unis pour remonter dans les sondages. A ce titre, le déconfinement progressif des grands états tel le Texas ou la Californie est porteur d’espoir et l’amélioration des données épidémiologiques à New York pourrait être un levier de dynamisation de l’activité Outre-Atlantique. Notre indicateur Momentum de croissance économique est au plus bas depuis 2008 (8 sur 100), il suffirait d’une légère amélioration pour qu’il entame une remontée.

Un scénario positif pour les marchés pourrait donc
bien voir le jour dans les prochaines semaines.

Paradoxalement, la Chine s’apprête également à aider Donald Trump en augmentant son soutien à l’économie, le premier ministre ayant annoncé le 23 mai sa décision de pousser le déficit budgétaire «officiel» à 3,6% du PIB en 2020, bien au-delà des 2,8% précédemment érigés en limite à ne pas dépasser.

L’accélération du soutien des banques centrales est le troisième catalyseur possible pour les marchés. Elles ont déjà fait beaucoup: la BCE, la Fed, la banque du Japon et la banque d’Angleterre ont injecté en seulement trois mois autant de liquidités que pendant les dix dernières années!

Peuvent-elles aller encore plus loin? Sans doute: Jerome Powell a précisé le 17 mai dernier n’être pas au bout des instruments disponibles «et de très loin!». L’arme des taux négatifs, dont Donald Trump se fait le fervent défenseur, n’est peut-être plus si lointaine. Même la BCE paraît prête à aller plus loin, en particulier dans ses achats d’obligations. De quoi faire encore baisser les taux européens et renforcer l’attrait relatif des actions.

Mais tout ceci ne saurait être suffisant. Les investisseurs attendent avant tout des avancées décisives sur le plan épidémiologique: disparition du virus, à l’image du SRAS en 2003, vaccin – pour lequel la compétition fait rage – ou confirmation de l’efficacité de traitements susceptibles d’alléger la pression sur le système hospitalier. Là aussi, les dernières nouvelles paraissent encourageantes

Au-delà des incertitudes, des angoisses du présent et de la volatilité saisonnière, un scénario positif pour les marchés pourrait donc bien voir le jour dans les prochaines semaines. N’oublions pas que les fragilités et les craintes sont souvent, en ce domaine, synonymes d’opportunités.

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