Pourquoi renforcer l’allocation à l’or?

Stefan Keller, Candriam

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La baisse en territoire négatif des rendements des obligations à duration longue n’a fait que renforcer l’attractivité relative du métal précieux.

©Keystone

Nos principales convictions pour le second semestre 2019 se sont matérialisées cet été: les incertitudes géopolitiques se sont traduites par un ralentissement de l’économie, sans causer pour autant de récession, et les marchés se sont montrés plus volatils, mais les actions demeurent toutefois nettement dans le vert depuis le début d’année. Outre notre allocation aux actions et aux obligations, nous avons décidé, dans le contexte actuel, de renforcer les couvertures du portefeuille via des actifs décorrélés. Nous revenons ici sur les raisons qui ont motivé notre décision d’accroître notre exposition à l’or au cours des dernières semaines.

L’issue des multiples troubles géopolitiques pourrait faire pencher
la balance en faveur d’un atterrissage plus brutal de l’économie mondiale.

Tout d’abord, l’évolution historique du prix de l’or montre qu’il augmente lorsque les marchés actions fléchissent et connaissent une volatilité plus forte ; et lorsque les taux d’intérêt baissent. Il est donc possible d’augmenter la couverture du portefeuille via des positions sur l’or. Cette stratégie est particulièrement adaptée dans la situation actuelle, puisque, pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les deux plus grandes économies mondiales se livrent un bras de fer commercial et monétaire (entre autres). En plus de ces tensions, d’autres problématiques géopolitiques telles que la crise à Hong Kong ou avec l’Iran, ou encore le Brexit, demeurent. Bien que l’on s’attende à ce que l’économie mondiale connaisse un atterrissage en douceur, l’issue de ces divers événements pourrait faire pencher la balance en faveur d’un atterrissage plus brutal.

Par ailleurs, comme les investisseurs sont de plus en plus confrontés aux rendements négatifs des obligations Investment Grade dans un contexte d’assouplissement monétaire toujours croissant, l’exposition à l’or n’est plus synonyme de coût d’opportunité. Les investisseurs se montrent historiquement plus réticents à se positionner sur les métaux précieux, qui n’offrent pas de rendements, contrairement aux actions assorties de dividendes et aux obligations qui offrent des coupons.  En achetant et détenant ces dernières jusqu’à leur échéance ils prennent désormais le risque de perdre de l’argent. Les performances affichées récemment par l’or étant liées aux obligations à duration longue, notées AAA, la baisse de leurs rendements en territoire négatif n’a fait que renforcer l’attractivité relative du métal précieux.

Le mois d’août a révélé que l’évolution à court terme
pouvait provoquer un repli de l’or.

Enfin, les investisseurs sont encore frileux à l’idée d’investir dans l’or. Une «ruée vers l’or» aurait un impact positif sur la demande et donc sur son prix. A l’inverse, des sorties massives de capitaux seraient préjudiciables. Cette situation se manifeste dans la volatilité du cours de l’or. Le mois d’août a révélé que l’évolution à court terme pouvait provoquer un repli de l’or. Cela étant dit, à plus long terme, les fondamentaux sous-jacents demeurent intacts.

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