L’analyse d’une réforme de cet ordre implique des aspects économiques, sociétaux, politiques et idéologiques qui limitent l’objectivité.
Pas un jour sans qu’il en soit question dans les médias, la réforme des retraites déchaine les passions tant chez les députés que chez les Français. Or, aujourd’hui il est très difficile d’analyser cette réforme de manière totalement impartiale. Selon Eric Pichet, professeur d’économie à KEDGE, l’analyse d’une réforme de cet ordre implique des aspects économiques, sociétaux, politiques et idéologiques qui limitent l’objectivité.
Les premières ordonnances du régime des retraites datant de 1945, il est logique que ce système soit à bout de souffle, obsolète et inéquitable, ce qui contraint le gouvernement à le réformer. En effet, certains départs anticipés en retraite, autrefois justifiés par la pénibilité du travail, n’ont aujourd’hui plus de raison d’être. Les 42 régimes spéciaux recensés actuellement offrant des retraites plus avantageuses que celles du secteur privé, il est inévitable que leurs bénéficiaires se battent pour les conserver à l’image des sénateurs qui bénéficient de six euros de prestation (sur fonds publics) pour un euro cotisé contre 1,5 de prestation pour le régime général. Difficile pour eux d’envisager cette réforme de manière objective…
Selon Eric Pichet, la réforme des retraites soulève des hostilités de différentes natures: syndicales, politiques et générales. Les principaux syndicats, députés et les professions concernées par la réforme y sont très opposés et l’opposition a déposé un nombre inédit d’amendements à l’Assemblée nationale soit 22'000 en commission et 41'000 amendements en séance publique. D’ailleurs si la CGT et les syndicats autonomes sont fermement opposés à la réforme c’est d’abord parce qu’ils sont très majoritaires auprès des professions touchées: en ne s’y opposant pas, ils perdraient leur place syndicale.
Enfin, selon les instituts de sondage, 60% de la population est contre cette réforme. Cette opposition peut en partie s’expliquer par le caractère anxiogène lié au changement de système et à son traitement par les politiques. Pourtant, les français ont eu deux ans pour se préparer à cette réforme qui d’ailleurs était inscrite en partie dans le programme électoral du Président de la République.