Pour le crédit IG, les obligations BBB sont parmi les préférées en 2022

Oliver Reinhard, Fisch Asset Management

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 Les conditions d’endettement dans l’univers Investment Grade seront vraisemblablement plus avantageuses pour les émetteurs présentant une solvabilité moins élevée.

Nous pensons que de nombreuses entreprises devraient adopter une attitude typique de fin de cycle l’année prochaine et procèderont à davantage d’acquisitions financées par la dette ou de rachats d'actions. Dans ce contexte, il nous paraît remarquable qu’économiquement parlant, peu de facteurs incitent au maintien d’une notation Investment Grade (IG) élevée. Par ailleurs, la croissance des bénéfices (EBITDA) devrait être plus importante, selon nous, parmi les entreprises notées BBB que pour celles notées A. Les conditions d’endettement dans l’univers Investment Grade seront donc vraisemblablement plus avantageuses pour les émetteurs présentant une solvabilité moins élevée. Parmi les obligations d’entreprises en USD, la prime de crédit (spread) entre les titres BBB et A s'établit à son niveau moyen à long terme. Or, nous estimons que cette prime représente un coussin de rendement attractif même en cas de léger creusement des spreads de crédit. Par conséquent, nous demeurons sur la réserve au regard des obligations IG de grande qualité et nous leur préférons les émetteurs notés BBB affichant une gestion financière transparente et crédible, et dont le risque fondamental paraît convenablement rémunéré.

De plus, durant les 12 à 18 prochains mois, le nombre de rehaussements du rang High Yield vers celui d'Investment Grade devrait être nettement plus élevé qu’en 2021. Toutefois, étant donné la popularité croissante de ce thème et la notoriété des émetteurs concernés, dont beaucoup étaient déjà notés IG avant la pandémie, dans la majorité des cas, les valorisations de ces «étoiles montantes» intègrent totalement la prévision de leur retour en catégorie supérieure. Il convient donc de vérifier au cas par cas si un tel investissement vaut la peine. Nous considérons qu’une allocation sélective aux «étoiles montantes» dans un portefeuille d'obligations d’entreprises IG est tout à fait pertinente. Il reste encore un avantage en termes de rendement parmi les obligations en USD (avec couverture sur l’EUR), mais sa nature a légèrement évolué : au début de l’année, les titres les plus intéressants se situaient principalement au niveau des échéances éloignées en USD, à cause de la forme pentue de la courbe des taux, tandis que le marché en EUR à courte échéance n’offrait aucun avantage. Depuis l’aplatissement de la courbe en USD dès cinq ans et celui des courbes de spreads, de nouvelles opportunités sont apparues parmi les échéances proches, en particulier grâce à leurs caractéristiques défensives.

Malgré des rendements plus élevés sur le marché en USD, nous apprécions aussi le segment en EUR, car nous pensons que la BCE va maintenir plus longtemps sa politique monétaire accommodante. Très axée sur les exportations, l'économie de la zone euro est plus pénalisée par le ralentissement de la croissance en Chine que ne le sont les États-Unis, par exemple. Par ailleurs, le franchissement à la hausse de l’objectif d'inflation y est moins prononcé que sur d'autres marchés. Pour l’instant, les opportunités et les risques du marché du crédit IG s'équilibrent. Les valorisations nous semblent globalement justifiées, avec des perspectives de risque relativement neutres pour l’année prochaine. Une bonne partie de la hausse des taux d'intérêt à l'extrémité longue de la courbe des taux américains étant déjà achevée, nous nous attendons, selon nous, à un résultat faible à un chiffre en 2022. Toutefois, la volatilité que nous prévoyons entre-temps devrait également entraîner de nouveaux écarts et un découplage des segments de marché qui représentent d'importantes opportunités d'alpha pour les stratégies de valeur relative.

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