Positionner son portefeuille en fin de cycle

Salima Barragan

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«Notre mission est de construire des portefeuilles robustes à l’attention de nos clients», déclare Chris Willcox, CEO de JPMorgan Asset Management.

Est-ce que l’expansion globale va fêter son 10e anniversaire? C’est pour répondre à cette question que JPMorgan Asset Management a organisé mardi à Londres une conférence d’envergure internationale. Il s’agira d’identifier les meilleures solutions d’investissement en fin de cycle. Environ 120 participants ont assisté aux présentations et workshop des intervenants.

Chris Willcox, CEO de JPMorgan Asset Management a ouvert la conférence en déclarant que la finance est un pilier de l’économie du futur ce qui implique que la responsabilité des gestionnaires d’actifs a rendu le métier plus conservateur. «Pour les asset managers, l’environnement est challenging. Nous sommes une industrie pro-cyclique et ce sont les crises qui distinguent les gagnants des perdant. C’est une des meilleures périodes pour être un asset manager car si la situation devient difficile, tel sera notre défi ». Pour Willcox, il n’est des lors pas étonnant que les investisseurs doivent payer des frais pour évoluer dans la jungle financière: «Les marge se sont comprimées, et sur une décennie, les frais ont diminué de 25% parce que les investisseurs privés et institutionnels sont devenus plus exigeants avec les commissions».

JPMorgan est devenu plus précautionneux qu’il y a six mois.

C’est de la manière dont un gestionnaire d’actif gère les périodes de trouble qui est capital pour son succès à long terme. D’ailleurs, les gérants peuvent se demander combien de temps l’expansion de l’économie américaine, la deuxième plus longue jamais enregistrée, va encore durer. Tous les cycles ne sont pas parfaitement alignés, mais un ralentissement aux Etats-Unis impacterait la croissance mondiale. Pour y voir plus clair en termes d’investissement, les experts se sont succédés et JPMorgan est devenu plus précautionneux qu’il y a six mois. Lors du discours très attendu de Karen Ward, la nouvelle Chief Market Strategist de JPMorgan Asset, elle a livré ses recommandations pour positionner les portefeuilles en fin de cycle: «Bien qu’il soit difficile de situer précisément le point de démarrage de la prochaine récession, l’on peut d’ores et déjà positionner son portefeuille plus défensif et résilient».

Rester neutre sur les actions

Tant que l’économie américaine reste dynamique et que les valorisations demeurent raisonnables, l’allocation des portefeuilles ne nécessite pour l’instant aucun changement radical. D’ailleurs, aucun signe ne laisserait à penser que la récession est imminente. Cependant, pour les experts de JPMorgan Asset Management, il semble prudent de se positionner d’une façon plus défensive et de s’interroger sur les actifs capables d’augmenter la résilience des portefeuilles aux aléas boursiers. «Nous nous rapprochons chaque jour un peu plus de la récession», souligne Karen Ward. JPMorgan Asset Managment préconise donc de rester neutre sur les actions. Tactiquement, pas de sous-pondérations ni de surpondérations sur les petites et moyennes capitalisations ou sur les titres de croissance. Il s’agira de favoriser les titres de qualité et de valeur. Les grandes capitalisations ont tendance à̀ mieux s’en sortir en périodes troublée. Aussi, les titres de qualité́ et de valeurs sont les seuls à avoir surperformé les marchés lors des replis récents, à l’exception des titres financiers lors la dernière crise mondiale. 

Être sélectifs sur l’obligataire

Les stratégies obligataires doivent être agiles selon les régions pour exploiter les marchés offrant les meilleures perspectives. «Souvent, les taux ne montent pas autant que les marchés l’escomptent», affirme Karen Ward. Selon JPMorgan Asset Management, le marché des obligations souveraines américaines offre une protection grâce à la récente hausse des taux. En effet, si le rendement de l’obligation d’Etat américain à 10 ans reculait de 3% à 1,5%, leur prix monterait d’environ 15%. En revanche, la couverture apportée par les obligations souveraines européennes est beaucoup moins évidente avec un rendement du Bund allemand à 10 ans qui ne dépasse pas 0,4%. Aussi, certains segments ne sont pas dénués de risques. L’endettement des entreprises s’est considérablement accru et près de la moitié de l’indice investment grade des Etats-Unis se compose désormais du niveau de qualité le plus bas (BBB) de la catégorie. 

Favoriser les stratégies à faible corrélation

Dans un monde volatil, les placements alternatifs semblent tirer leur épingle du jeu. JPMorgan Asset Managment recommande les stratégies ayant une faible corrélation avec les actifs risqués comme les fonds macro et long-short qui réduisent à zéro l’exposition nette aux actions. Enfin, les instruments à court terme en dollar pourraient compenser les baisses des rendements sur les marchés des actions et obligations.