Perspectives hebdomadaires de Raiffeisen

Raiffeisen

3 minutes de lecture

Marathon de négociations à Bruxelles. Attentes en demi-teinte lors du sommet G20.

Les marchés des actions ont à nouveau enregistré des baisses ces derniers jours, et le rallye de fin d'année se fait attendre, contrairement à l'évolution saisonnière habituelle. Le marché des actions suisses affiche, lui aussi, une tendance négative: les actions de second rang ont nettement sous-performé les grands noms du Swiss Market Index (SMI).

Les diplomates de l'UE font, une fois de plus, des heures supplémentaires à Bruxelles ces derniers jours, non seulement dans le cadre des négociations liées au Brexit, qui arrivent à leur terme, mais également autour des discussions portant sur un accord-cadre avec la Suisse, qui devrait, lui aussi, aboutir bientôt. L'objectif de ce dernier est de définir notamment la manière dont la Suisse adoptera les modifications de certaines lois de l'UE et la manière de résoudre les litiges. Le secrétaire d'Etat, Roberto Balzaretti, a fait preuve de beaucoup d'habileté et réussi à négocier de nombreuses exceptions. Le Conseil fédéral discute actuellement de ce sujet et devrait prendre des décisions la semaine prochaine.

La «déclaration politique», en place depuis hier, marque le dernier élément permettant de signer un accord global sur le Brexit, qui permettrait à la Grande-Bretagne de sortir en douceur de l'UE, sans impact négatif sur son économie. Bien que la situation pour les entreprises et les banques soit susceptible de rester inchangée, grâce à une période transitoire jusqu'à fin 2020, cette déclaration ferme la porte à toute autre négociation côté britannique. Theresa May, la Première ministre, manque de soutien, plusieurs ministres ayant démissionné récemment. Or, les critiques manquent, eux aussi, d'arguments percutants et ne disposent pas des 48 voix requises pour une motion de censure.

Certes, le traité de sortie devrait être approuvé dimanche prochain lors d'un sommet de l'UE, convoqué de toute urgence, mais le véritable test pour May reste à venir: le Parlement britannique devra également donner sa bénédiction en décembre, et la probabilité que May réussisse son pari en un coup n'est, à notre avis, guère supérieure à 50% – fait particulièrement pertinent pour la GBP, dans la perspective des marchés financiers. Trois scénarios se présenteraient en cas de «no deal», à savoir en l'absence du soutien parlementaire: des nouvelles élections un second référendum, voire même un Brexit désordonné. L'incertitude s'intensifierait en tout état de cause, et augmenterait la pression sur la monnaie britannique.

Une autre réunion sera à l'ordre du jour vendredi prochain: les 20 pays industriels et émergents les plus importants se rencontreront en Argentine et discuteront à nouveau en premier lieu du commerce international. Le sommet prévoit également une réunion entre les présidents des USA et de la Chine. Les espoirs passagers de voir un «cessez-le-feu» dans la guerre commerciale se sont à nouveau envolés. Le sommet de l'APEC, le weekend dernier, s'est soldé sur un échec, en l'absence d'une déclaration commune. Un accord entre les deux puissances économiques serait une belle surprise et susceptible de stimuler les marchés en vue de la fin d'année.

Graphique de la semaine

GBP / CHF

Sources: Bloomberg, Investment Office Groupe Raiffeisen
Gros plan: pression sur les small et mid caps suisses

Les investisseurs ont préféré les small et mid caps suisses ces 5 dernières années. Rien qu'entre début 2013 et fin 2017, les small caps ont augmenté de 134%, et les mid caps de 129%, contrairement aux 20 actions les plus importantes du Swiss Market Index (SMI), qui n'ont enregistré qu'un gain de 61% sur la même période. Nombreuses raisons sont à l'origine de cette différence frappante de la performance. En général, les plus petits surper-forment les plus grands sur de plus longues périodes dans l'univers des actions. Ce phénomène s'explique par une croissance plus rapide, les niches en tant qu'objectif clair, un actionnariat de référence solide (souvent des familles), et la prime d'illiquidité.

Surperformance des small et mid caps à long terme

SPI Small, SPI Middle et SMI en comparaison

Sources: Bloomberg, Investment Office Groupe Raiffeisen

La tendance s'est toutefois inversée depuis cet été. L'escalade du conflit commercial entre la Chine et les USA, la crise de la dette en Italie et la hausse des taux aux USA ont exercé une pression sur les marchés des actions. Les indices suisses small et mid caps ont chuté de plus de 10% depuis fin mai 2018. Curieusement, les large caps du SMI ont augmenté de près de 4% dans la même période. La situation se dessine plus clairement au niveau des titres, depuis le début de l'année. La performance de Lonza, Swiss Life, Givaudan, Novartis, Zurich Insurance et Roche dans le SMI est positive, contrairement aux banques, groupes de luxe (Swatch et Richemont), ainsi qu'aux actions cycliques classiques, tels qu'Adecco, ABB et LafargeHolcim, dont les cours sont en baisse. Parmi les mid caps, les grands perdants sont non seulement le cas particulier Arzyta (-83%), mais également les actions du secteur technologique AMS (-69%), U-Blox (-57%) et VAT (-32%). Ce tableau permet d'analyser différentes tendances: d'un, une mutation sectorielle significative des valeurs cycliques à celles défensives; de l'autre, un revirement général de la tendance, des actions small et mid vers les actions large caps. Ces évolutions sont à l'image des préoccupations émergentes des investisseurs en ce qui concerne l'économie et la croissance.

Les valeurs défensives battent les titres cycliques

Performance depuis le début d'année

Sources: Bloomberg, Investment Office Groupe Raiffeisen

A nos yeux, la croissance économique a atteint son apogée, et la dynamique continuera de s'affaiblir en 2019. D'autre part, la récession imminente ne s'affiche toujours pas. Les valeurs des indicateurs avancés restent positives, de même que la confiance des consommateurs, globalement robuste. Par ailleurs, une solution consensuelle du différend commercial entre la Chine et les USA en temps utile stimulerait les marchés des actions de façon prononcée.

Ainsi, après la récente baisse, certains titres cycliques offrent des opportunités à court terme, bien qu'une certaine prudence reste de mise. En effet, la valeur de certaines actions a chuté de 30% ou plus, leur estimation étant à présent très attractive. Le porte-feuille d'actions, largement diversifié, devrait donc comporter principalement des sociétés avec une forte position sur le marché et un bilan solide, mais aussi des small et mid caps, sachant que la surperformance des petits par rapport aux grands ne changera guère.

A lire aussi...