Perspectives hebdomadaires de Raiffeisen

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Les élections américaines de mi-mandat présagent des tensions.

La campagne électorale «midterms» aux USA se trouve dans sa délicate phase finale. Mardi prochain, les électeurs auront pour la première fois la possibilité de voter sur la politique de Trump. Le président a beau polarisé, il  reste populaire parmi ses partisans et l'est devenu de plus en plus, ces dernières semaines. Les espoirs des démocrates de conquérir les deux chambres du Congrès ont donc fini par fléchir, alors qu'ils pensaient y arriver, il y a quelques semaines. Pour l'heure, la probabilité d'une majorité démocratique au Sénat ne se chiffre qu'à 15% env. En effet, la possibilité de relever la garde à la Chambre des représentants semblait toutefois assez réaliste dernièrement. Les républicains devront sans doute faire face à une certaine perte de pouvoir, ce qui n'a d'ailleurs rien d'anormal. Même sous la présidence de George W. Bush et de Barack Obama, chaque élection de mi-mandat avait coûté des plumes au parti dirigeant.

La situation de voir émerger un Congrès «divisé» est donc assez probable, mais que signifierait un tel résultat électoral? Ceux qui misent sur un plus grand contrôle du président et qui espèrent une détente des relations commerciales internationales risquent d'être déçus. Indépendamment de la répartition des sièges au Congrès, Trump jouit, surtout en ce moment critique, d'une liberté considérable lui permettant de poursuivre sa course agressive contre son rival économique, la Chine, aussi longtemps que cette tactique lui profite ainsi qu'aux résultats des sondages le concernant. Une procédure de destitution serait tout à fait hors de portée, le nombre accru de voix des démocrates ne devant de loin pas suffire. En principe, le scénario de base ne changerait pas vraiment: la législation fiscale devrait rester telle quelle et les dépenses publiques devraient continuer à déraper. Actuellement, le point mort menace concernant les points critiques: un possible programme d'infrastructures ou les coûts de la santé.

Par le passé, le marché des actions s'est régulièrement redressé en rallye après les élections de mi-mandat et cette année, il faut aussi s'y attendre. Toujours est-il que le potentiel de hausse à long terme risque d'être plus faible, puisque l'impulsion budgétaire habituellement observée durant la seconde moitié du mi-mandat a été largement épuisée les deux premières années sous Trump.

Vu la couverture médiatique des élections, la réunion de la Fed, la semaine prochaine, ne sera sans doute qu'un fait divers et de toute façon, on ne s'attend pas à grand-chose cette fois-ci. La Fed s'en tiendra sans doute à son «scénario» usuel et ne modifiera pas les taux directeurs comme d'habitude lors des réunions sans conférence de presse. Reste à voir si le communiqué de presse fera état des turbulences sur les marchés ces dernières semaines. En réalité, les banquiers centraux devraient négliger de telles corrections à court terme.

Graphique de la semaine

Popularité de Donald Trump, en %

Sources: Bloomberg, Investment Office Groupe Raiffeisen
Gros plan: des perspectives qui s'éclaircissent pour le cours de l'or

Récemment, le cours  de l'or a certes subi à nouveau des pressions, mais a globalement pu se redresser en octobre. Ainsi, le métal jaune est parvenu à franchir la barre des 1'230 dollars l'once pour la première fois depuis juillet cette année et se situe actuellement bien au-dessus du niveau de mi-août avec un plancher à 1'174 dollars l'once enregistré pour cette année.

Le vent en poupe est sans doute dû à l'incertitude provisoirement accrue sur les marchés financiers, exerçant une pression baissière sur les actions et rendant l'or une valeur refuge à nouveau recherchée par les investisseurs (cf. graphique).

Les turbulences sur les marchés des actions favorisent la demande de l'or comme monnaie de crise

Cours de l'or et cours des actions

Sources: Bloomberg, Investment Office Groupe Raiffeisen

Ce n'est pas demain la veille que les fluctuations des placements risqués vont s'atténuer. Dès la semaine prochaine, le résultat des midterms sont susceptibles, du moins temporairement, de jouer les trouble-fête sur les marchés financiers. Dans le même temps, l'Europe doit encore faire face à un certain nombre d'embûches – le bras de fer autour du budget italien, l'impasse concernant le Brexit et la locomotive de la zone euro, l'Allemagne, où la politique du gouvernement semble ego-centrée non pas que depuis les élections en Bavière et en Hesse. Enfin, l'épée de Damoclès plane au-dessus des marchés présageant de nouvelles escalades.

Les aléas ne manquant pas, l'or devrait, pour le moment, continuer à jouer son traditionnel rôle de valeur refuge. Le positionnement des investisseurs spéculatifs le présage aussi: ces derniers ont considérablement réduit le nombre de contrats à terme pariant sur une baisse du cours de l'or – les positions dites courtes nettes – (cf. graphique).

De moins en moins de spéculateurs s'attendent à une chute du cours de l'or

Positions courtes nettes, en milliers Contrats à terme

Sources: Bloomberg, Investment Office Groupe Raiffeisen

Les incertitudes latentes sont sans doute dans une certaine mesure déjà intégrées au cours. Nous prévoyons donc que l'or soit plutôt bien couvert à la baisse en raison de volatilité accrue – avec un bon potentiel de hausse. Notamment aussi parce que la faiblesse de l'or au printemps dernier était majoritairement due au renforcement du dollar américain. Cependant, une nouvelle appréciation du billet vert nous semble limitée vu le cycle américain déjà très mature: la dynamique monétaire à l'encontre de l'or devrait donc aussi s'estomper. Pour ces raisons, une quote-part de l'or légèrement surpondérée nous semble encore de mise.

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