Perspectives hebdomadaires de Raiffeisen

Raiffeisen

3 minutes de lecture

Les résultats des entreprises soutiennent les marchés des actions.

La saison des rapports sur les résultats des entreprises au deuxième trimestre a commencé et se poursuivra la semaine prochaine. Dès la publication des premiers rapports, on a pu constater que la dynamique positive se maintient, beaucoup d'entreprises ayant même dépassé les attentes élevées du marché. Aux USA, au premier trimestre déjà, on relevait un bond des bénéfices suite aux baisses d'impôts. Au deuxième trimestre, les 50 premières sociétés du S&P 500 américain ayant publié leurs résultats enregistrent dans l'ensemble une hausse des bénéfices de plus de 20% en glissement annuel. En Suisse aussi, des nouvelles réjouissantes nous parviennent de divers secteurs d'activité. Novartis, poids lourd du SMI, a annoncé de bons progrès la semaine passée. Sa division ophtalmologique Alcon semble prendre de l'élan, et l'évolution positive des ventes de médicaments de nouvelle génération donne matière à optimisme. Dans l'industrie, Georg Fischer par exemple a présenté de bons résultats avec de bonnes perspectives pour toutes ses divisions profitant, d'après ses propres dires, du dynamisme de la conjoncture mondiale.

D'autres entreprises industrielles suisses actives à l'international devraient avoir, elles aussi, le vent en poupe. Nous en espérons confirmation la semaine prochaine, lorsque Bucher, Sulzer ou Inficon, parmi tant d'autres, divulgueront leurs résultats du premier semestre. Pour le SMI aussi, le calendrier des rapports est plein ces prochains jours. Sept sociétés du SMI, qui représentent près de la moitié de la capitalisation boursière de l'indice, pourraient faire bouger l'ensemble du marché des actions – parmi lesquelles Nestlé, jeudi prochain. Les marchés d'actions ont à ce jour réagi avec soulagement face aux bonnes nouvelles. Les attentes des acteurs du marché restent ambitieuses au vu de ces résultats, ce qui réduit donc un peu le potentiel de bonnes surprises. Mais l'optimisme fondamental devrait aussi se maintenir ces prochains jours, avec une légère hausse des cours.

Outre les rapports des entreprises, l'attention se portera la semaine prochaine également sur l'évolution des taux. La BCE annoncera sa décision sur les taux. Le mois dernier déjà, ses dirigeants avaient affirmé que le taux directeur resterait très bas une bonne partie de l'année 2019. En revanche, le président de la Fed, Jerome Powell, s'est montré confiant devant le Congrès que l'économie américaine était en bonne voie, et que de nouvelles hausses de taux étaient de mise. Le dollar US reste donc relativement fort pour l'instant et, à notre avis, même ces prochaines semaines en raison de la différence d'intérêt.

Les indicateurs qui seront bientôt publiés devraient, eux aussi, renforcer la confiance dans la conjoncture mondiale. Les indices des directeurs d'achat sont certes en perte de vitesse depuis le début de l'année, mais restent expansionnistes. Aux USA, le PIB devrait s'être accéléré au deuxième trimestre, pour atteindre 4% environ.

Graphique de la semaine

Grand écart entre les taux des marchés monétaires (Libor à 3 mois)

Sources: Bloomberg, Investment Office du Groupe Raiffeisen
Gros plan: le pétrole, un lubrifiant pour la politique intérieure US

Les prix élevés de l'essence aux USA sont une épine dans le pied de Trump. Bien trois mois avant les midterm elections, ces prix évoluent à un niveau inhabituel pour les USA (voir le graphique).

Les prix à la pompe sont élevés

Prix moyens aux USA, en USD par galon

Sources: EIA, Investment Office du Groupe Raiffeisen

Vu que les Américains passent beaucoup de temps sur la route et dans des véhicules gourmands en carburant, les prix actuels plutôt élevés ne constituent pas forcément des prémices idéales pour que le parti républicain au pouvoir se fasse réélire. Il n'est donc pas étonnant que le président Trump s'attaque à ce problème. Ainsi, début juillet, il a tenté de faire pression sur l'Opep à extraire davantage de pétrole, afin d'en affaiblir le cours. Or, cela n'est pas sans une certaine ironie: le fait que le baril de référence américain, le WTI, soit à son plus haut niveau depuis fin 2014 malgré une production record aux USA, est notamment dû à la politique étrangère de Trump, du moins dans une certaine mesure. S'il est vrai que c'est en premier lieu l'effondrement de la production de pétrole au Venezuela, plongé dans la crise, qui explique la hausse des cours, celle-ci a certainement été accentuée par la politique  de Trump à l'égard de l'Iran. En effet, les sanctions américaines privent le marché pétrolier mondial d'une source importante provenant des exportations iraniennes.

Dans tous les cas, l'idée de Trump d'augmenter la production de l'Opep se heurte à un problème: à courte échéance, toute hausse de la production ne peut être que marginale, car le cartel fonctionne déjà maintenant à la limite de ses capacités (voir graphique). A cela s'ajoute que les pays membres de l'Opep n'ont guère intérêt à faire baisser le prix du pétrole car leurs budgets publics exorbitants sont largement dépendants des recettes pétrolières, qui leur permettent d'acheter la paix sociale chez eux.

La marge de manœuvre du cartel pétrolier s'amenuise

Production de l'OPEP et capacités, mio barils / jour

Sources: Bloomberg, Investment Office du Groupe Raiffeisen

Ne pouvant guère compter sur l'Opep pour brider les prix du pétrole, Trump envisage de recourir à un moyen extraordinaire: déverser sur le marché une partie des réserves pétrolières stratégiques nationales. Ce serait la deuxième fois seulement, depuis leur mise en place en 1975 pour les temps de guerre et de crise, que le gouvernement y puiserait en dehors d'une situation d'urgence. La première fois en 2000, Bill Clinton a ponctionné les réserves pétrolières sous couvert d'«aide hivernale» – prétexte évident – pour en fait prêter main forte au candidat à sa succession, Al Gore.

Les prix de l'essence n'ont alors pas tardé à fléchir un peu. Aujourd'hui aussi, la nouvelle que Trump envisage un tel geste a fait chuter les prix du pétrole brut et des carburants. Nous ne pensons toutefois pas que la baisse sera aussi marquée qu'en 2014. En effet, à l'heure actuelle, il n'y a pas de suroffre structurelle sur le marché mondial du pétrole. Ensuite, même Trump ne devrait écouler tout au plus qu'une petite fraction des réserves nationales estimées à 650 millions de barils. Malgré notre pessimisme global quant aux cours du pétrole, nous sommes toujours de l'avis qu'une exposition à l'or noir, au moyen notamment de produits structurés comportant une barrière suffisamment basse, demeure judicieuse pour l'investisseur équilibré.

A lire aussi...