Obligations: les avantages d’une gestion active

Julien Baltzinger, NS Partners

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Si les fonds indiciels obligataires ont beaucoup gagné en popularité ces dernières années, la gestion active garde l’avantage.


Les origines de la gestion active

La gestion obligataire active est née dans les années 1970 à 1980 de la nécessité de répondre à des environnements de marché de plus en plus complexes et dynamiques. Elle repose sur des fondations théoriques solides, une histoire riche de développement des marchés financiers et des avancées technologiques qui permettent une gestion sophistiquée des risques et des opportunités. Les gestionnaires obligataires actifs cherchent continuellement à anticiper les mouvements des taux d'intérêt, les variations de la courbe des rendements et les changements de spreads de crédit afin de générer des rendements ajustés au risque supérieurs à ceux des indices de référence. Ils recourent également à des obligations en dehors de leur indice de référence, par exemple pour augmenter le rendement de leurs portefeuilles.

L’essor des stratégies indicielles

Au cours des dix dernières années, les approches indicielles obligataires, telles que les ETFs (Exchange-Traded Funds) et les fonds indiciels, ont connu une croissance significative. Cette évolution est marquée par une demande accrue pour des solutions de gestion passive offrant diversification, transparence et faibles coûts. Les innovations technologiques et la montée des plateformes de trading ont facilité l'accès à ces produits, attirant aussi bien les investisseurs institutionnels que les particuliers. Parallèlement, l'élargissement de l'offre a inclus des ETFs et fonds indiciels couvrant une gamme plus vaste de catégories obligataires, telles que les obligations d'État, les obligations d'entreprises, les obligations à haut rendement et les obligations internationales. Cette diversification a permis aux investisseurs de construire des portefeuilles plus robustes et adaptés à différents environnements économiques.

La principale raison derrière la surperformance des gérants actifs obligataires repose sur la présence d’acteurs non-économiques parmi les investisseurs dans la classe d’actifs.

Synthèse entre les deux approches

Dans un monde où les coûts ont une importance grandissante sur la performance d’un produit financier, il serait tentant de conclure que la gestion obligataire passive apporte plus de valeur que son homologue active. Et pourtant, dans les faits, c’est plutôt l’inverse  qui se produit: selon une étude de Morningstar, les gérants passifs dans la catégorie obligataire US à duration intermédiaire ont généré un rendement médian net de frais de +3,53% sur les 10 dernières années, alors que le rendement médian net de frais des gérants actifs dans cette même catégorie se situe à +4,32%, soit une surperformance relative de +22,4%. En regardant d’un peu plus près, on peut voir que sur la même période, c’est la catégorie des obligations multi-sectorielles qui a permis aux gérants actifs d’apporter le plus de valeur, avec un rendement excédentaire de +1,88% par rapport à leur indice de référence. Les obligations mondiales, à court terme et à maturité intermédiaire, ont quant à elles généré des rendements excédentaires respectifs de +1,02%, +0,87% et +0,79% pour les gérants actifs, alors que seules les obligations à haut rendement ont vu les gérants actifs obtenir en moyenne -0,24% de moins.

La principale raison derrière la surperformance des gérants actifs obligataires repose sur la présence d’acteurs non-économiques parmi les investisseurs dans la classe d’actifs. Les banques et les assurances, par exemple, sont souvent poussées à acheter des obligations étatiques pour des raisons réglementaires  pour alléger la part d’actifs risqués dans leurs bilans. Il en résulte que le marché obligataire n’est pas efficient et offre donc de belles opportunités aux gérants actifs. La ventilation des rendements excédentaires dans les différentes catégories obligataires évoquée précédemment est cohérente avec cette explication. Les acteurs non-économiques sont peu présents dans l’univers des obligations à haut rendement, ce qui a empêché les gérants actifs de tirer leur épingle du jeu par rapport aux fonds passifs. En revanche, la catégorie multi-sectorielle est celle qui a été la plus prolifique à ces gérants. C’est aussi celle qui offre le plus de flexibilité pour s’exposer à différents endroits sur la courbe des taux. Au lendemain de la pandémie, par exemple, de nombreux gérants actifs ont fait le choix de réduire la duration dans leurs portefeuilles, car les taux souverains américains à 10 ans présentaient un rendement historiquement faible. Ce fut une stratégie malheureusement difficile à mettre en œuvre pour les banques américaines, dont certaines on fait le choix opposé, avec à la clé, des conséquences désastreuses.

Les ETFs et les fonds indiciels présentent des conditions alléchantes pour les investisseurs. Leurs faibles coûts et leur facilité d’implémentation au sein d’un portefeuille diversifié n’est plus à démontrer. Cependant, les chiffres montrent qu’il est possible d’accroitre la valeur d’une allocation obligataire en sélectionnant un gérant actif qui pourra profiter des imperfections de marchés précitées pour offrir un rendement ajusté au risque supérieur.

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