Où sont passées les banques?

Douglas Charleston, TwentyFour Asset Management

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Les banques sont toujours absentes en 2021, mais les spreads étroits pourraient les faire changer d’avis.

© Keystone

Les marchés primaires des ABS européens ont démarré 2021 sur les chapeaux de roues, comme le prévoyaient la plupart des acteurs du marché après un T4 inégal au cours duquel l’activité s’est essoufflée rapidement. Une perte de rythme partiellement imputable au marché britannique, qui joue un rôle dominant dans le secteur des ABS et a souffert de quelques hésitations au moment où l’accord de Brexit se jouait sur le fil, mais qui résulte aussi plus simplement de la lassitude générale qui a accompagné la fin de l’année.

Spreads étroits pour les produits bancaires

Les banques, qui constituent généralement le pilier des marchés primaires, ont brillé par leur absence en 2020 suite à l’apparition de la pandémie et n’ont pas encore fait leur retour cette année. Les spreads secondaires pour les produits bancaires ont subi un resserrement inédit depuis 2007, mais sans attirer d’émissions significatives de la part des banques. A la place, nous avons assisté à une longue série d’émissions non bancaires qui se caractérisent presque toutes par des offres intéressantes d’obligations mezzanine. Cette pénurie du côté des banques nous semble le résultat d’un phénomène largement pointé du doigt, à savoir l’excès de liquidité qui inonde le système bancaire européen par le biais de dispositifs de financement renforcés à moindre coût tels que les PEPP et les TLTRO en Europe ou les TFSME au Royaume-Uni.

Il est très probable que la part du lion dans le domaine des émissions
revienne cette année aux entreprises non bancaires.
Amélioration de la liquidité sur les marchés secondaires

Pour le coup d’envoi de l’année 2021, le fonds UK Mortgages Limited (UKML) de TwentyFour  a été le premier à dégainer avec une émission fortement sursouscrite de 400 mio de livres sur le segment BTL britannique, comprenant une garantie du prêteur initial Keystone. L’opération a été suivie de près par une autre première émission de la société LendCo sur le même segment. Mentionnons également les nouvelles émissions du fournisseur britannique de cartes de crédit NewDay, ou encore une obligation à impact social intéressante émise par le prêteur spécialisé Kensington afin de financer des prêts aux emprunteurs exclus du système bancaire classique. Ce niveau d’activité du marché britannique a permis de réduire la «prime Brexit» supportée depuis 4 ans et le succès de ces placements devrait contribuer à améliorer encore la liquidité sur les marchés secondaires.      

Depuis l’Europe continentale, deux RMBS irlandais se distinguent; le premier est un «repeat deal» de la société non bancaire Dilosk, et le second est un produit très différent reposant sur la reconduction d’une garantie. Le marché des CLO n’a pas non plus tardé à s’ouvrir avec des émissions par les poids lourds Apollo, Pinebridge et Partners Group en particulier, ce qui promet l’un des trimestres les plus dynamiques de ces dernières années pour le marché primaire.  

Changement dans le partage du marché

Si la succession de programmes de financement très accommodants des banques centrales continue à soutenir le secteur bancaire, il est très probable que la part du lion dans le domaine des émissions revienne cette année aux entreprises non bancaires. Nous pensons toutefois que l’environnement de spreads actuellement très étroits dû à la rareté de l’offre pourrait inciter certaines banques plus traditionnelles à changer d’avis et à renouer avec leurs activités d’émissions en cours d’année, s’opposant ainsi au consensus.

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