Les trois leçons du premier semestre pour les investisseurs

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

2 minutes de lecture

Le premier semestre 2024 s’est achevé. Pendant ces six mois, certains investisseurs ont eu la sensation de dévaler des montagnes russes, mais la performance du marché justifie de rester investi.

Dès lors, quelles sont les trois grandes leçons que l’on peut tirer de ce premier semestre? Eléments de réponses.

1. Investir dans les actions mondiales, y compris en période d’incertitude, a généralement une incidence favorable sur le patrimoine

Ce premier semestre a été marqué par une belle performance des actions mondiales. L’indice MSCI All Country World a progressé de 13,5%, en partie grâce à un bon mois de juin, qui s’est achevé sur une hausse de 2,6%. L’indice américain S&P 500 a mené la charge avec une progression de 15,3% depuis le début de l’année (+3,6% rien qu’en juin).

Cette forte hausse est largement le fruit de l’optimisme concernant la décrue de l’inflation aux Etats-Unis, qui laisse espérer une baisse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) dans quelques mois.

En effet, à fin juin, le baromètre de l’inflation préféré de la Fed (l’indice des dépenses de consommation personnelles hors alimentation et énergie) est ressorti en hausse de seulement 0,08% pour le mois de mai, sa plus faible augmentation depuis 2020.

2. L’IA est restée un moteur important de l’investissement des entreprises et de la performance des marchés

L’intelligence artificielle (IA) est restée un catalyseur important de l’activité des entreprises et des performances des marchés des actions. NVIDIA est brièvement devenue la plus grande entreprise du monde en termes de capitalisation boursière, ce qui témoigne de l’essor continu de ce secteur.

Sans aller jusqu’à formuler des avis sur des titres précis, la hausse de 12,7% de NVIDIA en juin (qui porte ses gains à près de 150% depuis le début de l’année) montre à quel point il est important d’exposer son portefeuille à l’IA et aux entreprises qui réussissent le mieux à l’intégrer. Toutefois, il convient de le faire en tenant compte de sa propre appétence au risque et de la stratégie globale de son portefeuille.

3. L’incertitude politique plaide en faveur d’une diversification entre les classes d’actifs, les zones géographiques et les secteurs

Le premier des deux débats programmés entre le président Joe Biden et son prédécesseur Donald Trump a eu lieu bien plus tôt qu’à l’accoutumée (septembre ou octobre). Les investisseurs se sont donc focalisés sur le résultat de la présidentielle plus tôt que d’habitude, ce qui risque d’alimenter la volatilité.

En Inde, l’indice Nifty 500 a dévissé de 5,9% le 4 juin passé dans la foulée des législatives qui ont vu le premier ministre, Narendra Modi, perdre sa majorité absolue. L’indice a toutefois regagné le terrain perdu pour terminer le mois de juin en hausse de 6,6%.

L’indice MSCI EMU représentatif des actions de la zone euro a cédé 2,4% en juin, signant la plus mauvaise performance au niveau mondial en raison des turbulences politiques en France. Le président Emmanuel Macron a convoqué des législatives anticipées après les élections au Parlement européen, marquées par le score très élevé du Rassemblement national (droite nationaliste).

Les résultats du premier tour n’ont pas dissipé l’incertitude en raison de la forte progression des partis d’opposition à gauche comme à droite, qui accentue le risque d’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale.

En conséquence, la Recherche d’UBS identifie trois grands thèmes pour le second semestre, qui reflètent les leçons tirées des six premiers mois de cette année.

1. Se préparer à une baisse des taux d’intérêt

L’assouplissement monétaire étant déjà en cours, les investisseurs doivent s’attendre à une baisse progressive de la rémunération des liquidités. La Fed devrait baisser ses taux de 50 points de base, probablement à partir de septembre.

Dans ce contexte, un portefeuille d’obligations à échéances échelonnées peut permettre de répondre aux besoins de liquidités sur un horizon d’un à trois ans. Les obligations d’entreprise de grande qualité et les emprunts d’Etat sont à privilégier en raison de leur rendement attrayant et de leur potentiel d’appréciation à mesure que les marchés anticiperont une baisse plus franche des taux directeurs.

2. Saisir l’opportunité d’investissement dans l’IA

L’IA s’annonce comme l’une des plus belles opportunités d’investissement de l’histoire. Les investisseurs doivent s’assurer que leurs portefeuilles sont «compatibles avec l’IA» en mettant l’accent sur les entreprises de semi-conducteurs et sur les méga-capitalisations intégrées verticalement qui sont bien positionnées tout au long de la chaîne de valeur.

Cependant, il existe un risque de surinvestissement, avec une correction à la clé, qu’il est possible d’atténuer avec des stratégies de préservation du capital.

3. Préparer les portefeuilles aux élections américaines

Les élections de novembre aux Etats-Unis sont susceptibles d’alimenter la volatilité sur le marché. Les investisseurs feraient bien de parer à cette éventualité. Les valeurs américaines de la consommation discrétionnaire et des énergies renouvelables y semblent particulièrement vulnérables en cas de vague républicaine.

Les valeurs financières pourraient bénéficier d’un tel scénario. En outre, on peut recommander l’or pour se couvrir contre les tensions géopolitiques, l’inflation ou l’important déficit budgétaire des Etats-Unis.

A lire aussi...