Les stratégies de M&A dans le viseur

Salima Barragan

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Selon Mark McKenna, fondateur et responsable mondial du département Event Driven chez BlackRock, les M&A créent des opportunités.

 

Le volume des fusions & acquisitions étant de nature cyclique, les différentes phases économiques ainsi que les niveaux des taux d’intérêts peuvent être des facteurs influents. Or, selon Mark McKenna, la maturation du cycle économique et la hausse des taux d'intérêt ne semblent pas constituer un frein à l'investissement. «Quelle que soit la phase du cycle, il existe toujours des opportunités», commente l’ancien Lieutenant de la Marine américaine.

Dans la foulée des années 2015 et 2016 déjà très fournies en matière de Fusac, l’activité se poursuit et connaît un véritable boom, estime BlackRock. Comme le souligne le spécialiste: «Les fusac sont deux fois plus nombreuses que la normale et leur volume a atteint 700 milliards de dollars, créant un ensemble d'opportunités sans pareil». Selon lui, l’augmentation des transactions n’est pas liée au faible coût du capital, mais vient du fait que les dirigeants d’entreprises doivent acheter de la croissance. «Le coût du capital est important mais ce n’est pas l’élément prépondérant. S’il augmente, cela n’aura pas beaucoup d’impact», précise le spécialiste qui durant ses 15 années d’activité, n’a jamais connu de baisse sur un horizon de 12 mois.

Le retard peut être attribué à l’assouplissement quantitatif
qui a créé des incertitudes au niveau des directions des entreprises.

En volume, les transactions restent centrées sur l’Amérique du Nord (85% des opérations sont réalisées aux États-Unis). Le potentiel du marché européen reste donc important et, pour Mark McKennan, l’écart entre les deux régions s’explique par un manque de confiance des patrons européens. Néanmoins, certains indicateurs avancés semblent confirmer une reprise de l’activité: «pour l’essentiel, le retard peut être attribué à l’assouplissement quantitatif qui a créé des incertitudes au niveau des directions des entreprises, mais nous nous attendons à un puissant rattrapage».

Actuellement, les deux secteurs qui paraissent les plus prometteurs sont la santé, les médias et télécommunications. Comme l’explique Mark McKenna: «Le secteur de la santé est prêt pour la consolidation et nous devrions assister à un certain nombre d’intégrations verticales au niveau des pharma et des fournisseurs de soins médicaux». Cependant, certaines entreprises sont à éviter, notamment celles qui présentent un risque de «boîte noire», comme c’est le cas par exemple pour les entreprises de biotechnologie focalisées sur un seul médicament.

Les stratégies event driven sont longtemps restées
le domaine exclusif d'une clientèle sophistiquée.

Dans le secteur des médias et télécommunications, la consolidation entre les entreprises qui fournissent du contenu et celles qui le distribuent est également très attendue: «Aujourd'hui, le contenu est la priorité pour des entreprises de distribution telles que AT&T» explique-t-il. Une vision stratégique reste un facteur fondamental de performance pour le fonds du fait que, dans cette branche, bon nombre de LBOs (leveraged buyout ou acquisition avec effet de levier) ont récemment échoué par manque de stratégie à long terme. Le spécialiste, qui cible les entreprises bénéficiant d’une excellente stratégie et de fondamentaux solides, insiste sur le fait que: «Les entreprises dans lesquelles nous investissons possèdent une véritable vision à long terme». Il ajoute: «Nous analysons en profondeur les objectifs stratégiques des acquisitions et fusions annoncées et identifions les PDG qui peuvent créer de la valeur».

Les stratégies event driven sont longtemps restées le domaine exclusif d'une clientèle sophistiquée. En août 2015, Mark McKenna a lancé un nouveau fonds pour offrir ce type de stratégie à une clientèle élargie qui n'y avait pas encore accès. «Nous investissons dans des entreprises dont les changements ont été initiés par le PDG ou le conseil d'administration.  Étant donné que BlackRock est un actionnaire important, nous pouvons nous engager aux côtés de leurs équipes de direction pour créer de la valeur», souligne-t-il. Dans sa carrière militaire, gérer les risques des forces sous-marines était capital et, comme il l’explique: «Nous utilisons le même esprit dans le cadre de nos stratégies car notre rôle est de dégager des rendements tout en atténuant les risques». Les performances liées aux opérations de fusions & acquisitions sont actuellement de l’ordre de 10% et comme le souligne le spécialiste: «C’est l’une des rares classes d’actifs à offrir ce type de rendement et nos portefeuilles sont orientés de manière à en tirer tout le parti possible». Caractérisées par un faible bêta, les stratégies event driven ne sont corrélées ni aux marchés actions ni aux marchés obligataires. Et, dans un environnement de valorisations élevées, ce type de stratégie convient particulièrement bien aux investisseurs préoccupés par l’impact potentiel des facteurs géopolitiques sur les marchés.