Les changements dans la gouvernance d'entreprise japonaise font des actions japonaises une classe d'actifs potentiellement plus attractive. Ces changements incluent notamment des critères d'admission à la cote renforcés par la Bourse de Tokyo et des rachats d'actions actifs.
Le Japon est à nouveau au centre de l’attention des investisseurs internationaux, porté par plusieurs facteurs clés qui redéfinissent le paysage de l’investissement.
Tout d'abord, les autorités de régulation comme la Financial Supervision Agency (FSA) et la Bourse de Tokyo (TSE) adoptent une position plus critique à l'égard des participations croisées, qui consistent pour les entreprises à détenir des actions dans d'autres sociétés. Cette pratique a toujours été à l'origine d'un enchevêtrement des relations entre les entreprises et d'un manque d'efficacité. Cependant, la pression réglementaire récente conduit à la suppression de ces participations croisées. Les trois plus grandes compagnies d'assurance japonaises se sont notamment engagées à vendre entièrement leurs participations croisées, marquant ainsi une transition vers des structures d'entreprise plus transparentes et efficientes.
Deuxièmement, la TSE a lancé des initiatives comme le programme « Action to Implement Management that is Conscious of Cost of Capital and Stock Price », qui encourage les entreprises à se concentrer sur la rentabilité du capital. Cette initiative dénonce les entreprises qui ont de mauvaises pratiques et récompense celles qui donnent la priorité à la valeur actionnariale. De plus, les nouvelles normes de la TSE pour l'indice TOPIX entraîneront la disqualification 1000 entreprises d'ici à juillet 2028, favorisant ainsi la qualité à la quantité sur le marché.
Troisièmement, les actionnaires ont de plus en plus tendance à faire pression sur les entreprises dont la gouvernance et les performances laissent à désirer. Cette tendance conduit à une amélioration des rendements pour les actionnaires et à une plus grande diversité dans les conseils d'administration. Les investisseurs activistes et les fonds de capital-investissement gagnent en influence, soutenus par les investisseurs institutionnels qui sont plus ouverts aux campagnes activistes aujourd’hui grâce aux réformes de gouvernance et à l'évolution du marché. Le renforcement des critères d'admission à la cote par la TSE et les rachats d'actions actifs contribuent également à cette dynamique.
Les développements récents, notamment les initiatives de la TSE, ont entraîné une augmentation des rachats d'actions. En 2024, ce sont 94 sociétés qui ont été radiées de la Bourse de Tokyo, soit le nombre le plus élevé depuis 2013, marquant ainsi la première baisse du nombre total de sociétés cotées. Cette quête de qualité encourage les entreprises à se concentrer sur des revenus et des marges bénéficiaires plus élevés en se concentrant sur un plus petit nombre de secteurs d'activité de haute qualité. Les sociétés de capital-investissement ont joué un rôle majeur dans cette transformation, et cette tendance devrait s'accélérer.
Quels sont les autres facteurs qui influencent la performance?
Une croissance plus rapide des salaires incite également les investisseurs domestiques à reconsidérer les actions japonaises, soutenues par des perspectives économiques plus favorables, des valorisations raisonnables, des rendements plus élevés et des réformes d'entreprises convaincantes. Le Nippon Individual Savings Account (NISA), qui offre des exonérations fiscales sur les plus-values et les dividendes, a connu une forte augmentation des investissements dans les actions japonaises. Les changements opérés par le gouvernement en début d'année, qui ont permis d'augmenter les montants investis et de confirmer l'exonération fiscale pour une durée indéterminée, sont susceptibles de soutenir la demande future.
La fin de la déflation stimule la confiance des consommateurs et accroît la demande d'investissements domestiques. Le secteur des entreprises répond à ces attentes, avec une hausse régulière des dépenses d'investissement des entreprises domestiques. Cette évolution s'explique par la nécessité d'améliorer la productivité et par les efforts de délocalisation, comme la construction d'usines de fabrication de semi-conducteurs au Japon par la société taïwanaise TSMC.
Quels sont les défis ou les risques à venir?
Le marché japonais est étroitement lié à l'économie mondiale, de sorte que toute inquiétude concernant la croissance mondiale peut avoir un impact. Un yen fort peut nuire aux bénéfices des entreprises japonaises, étant donné qu'une part importante de ces bénéfices provient de l’étranger.
Les tarifs douaniers réciproques annoncés par le président Trump le 2 avril s’inscrivent dans la lignée de sa politique 2024. Toutefois, à première vue, ils semblent plus stricts que prévu. Nous évaluons l'impact potentiel afin d'intégrer les derniers développements, car une hausse importante des droits de douane pourrait avoir un effet secondaire sur le climat des affaires dans le reste du monde, y compris au Japon. Nous prévoyons davantage d'incertitudes dans l'attente des réactions internationales.
Nous suivons de près la situation et évaluons l'impact potentiel sur le positionnement de notre portefeuille. Dans le pire des scénarios, si l'économie mondiale entrait en récession, les tarifs douaniers actuellement proposés pourraient avoir un impact sur un certain nombre d'entreprises cycliques au Japon, ce qui pourrait entraîner des réductions de bénéfices. Cela pourrait provoquer un basculement des entreprises cycliques vers les entreprises orientées vers la croissance au Japon, surtout si le yen commence à se renforcer. Cet environnement peut offrir des opportunités à des entreprises, telles que plusieurs marques de consommation de renommée mondiale, qui devraient mieux résister. Il convient de noter que plusieurs entreprises japonaises ont déjà délocalisé leurs sites de production aux États-Unis, ce qui contribue à atténuer certains des effets négatifs des droits de douane.
Malgré ces défis, le Japon offre des opportunités d'investissement à long terme. Le marché boursier japonais est l'un des moins couverts parmi les marchés développés, ce qui permet aux gestionnaires actifs d'explorer des entreprises moins connues. L'écart entre les actions de rendement et les actions de croissance s'est réduit, ce qui rend la sélection des actions plus importante que le style pour obtenir des rendements. La clé est de se concentrer sur la recherche de bonnes entreprises aux fondamentaux solides valorisées à des prix raisonnables.