Les marchés reflètent de bonnes nouvelles

Philippe G. Müller, UBS

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L’équilibre risque/rendement des actions s’est légèrement modifié. Les investisseurs feraient bien d’en tirer avantage.

La correction des marchés des actions en décembre témoigne de la nécessité pour les investisseurs de garder leur sang-froid. Depuis le creux de fin décembre, les actions mondiales ont rebondi de 16% grâce à un virage des banques centrales redevenues plus accommodantes et à des déclarations qui laissent entrevoir une détente des relations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine.

Néanmoins, les cours reflètent désormais beaucoup de bonnes nouvelles. L’équilibre risque/rendement des actions s’est légèrement modifié et, après cette belle progression, les investisseurs feraient bien d’en tirer avantage.

Faible risque de récession et d’inflation 

Selon une étude de Bank of America Merrill Lynch, les prévisions de croissance mondiale ont nettement rebondi et les cours des contrats à terme sur les fonds fédéraux laissent entrevoir, lors des douze prochains mois, une baisse des taux directeurs. 

Le secteur américain des services
aux collectivités est en hausse de 10%.

Ce contexte est favorable aux actions mondiales qui ont rebondi de 11% depuis le début de l'année. Les obligations en ont fait de même. Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans a encore diminué de 22 points de base et les «bond proxies» (les actions qui se comportent comme des obligations) ont signé une belle performance. Par exemple, le secteur américain des services aux collectivités est en hausse de 10%. On peut donc se demander si le cours des obligations et des actions reflète un scénario idéal.

Pas de relèvement des taux directeurs en vue

La Réserve fédérale (Fed) a envoyé un nouveau signe inattendu de bienveillance, mais on dirait que les marchés en veulent plus. La semaine dernière, lors de la réunion de la banque centrale, le «dot plot», un graphique des projections du niveau des taux en fin d'année civile de chacun des membres du comité de politique monétaire (FOMC), a mis en évidence une nette révision à la baisse de ces projections. 

Les marchés anticipent une baisse de taux.

Pour cette année, les membres de la Fed ne prévoient plus de relèvement des taux, alors que le «dot plot» du mois de décembre faisait état de deux relèvements. La Fed a également confirmé qu'elle achèverait la réduction de son bilan d'ici le mois de septembre tandis que, en début d'année, il était attendu que ce processus s'achèverait en mars 2020. 

Le président de la Fed, Jerome Powell, a déclaré lors de sa conférence de presse que les données actuelles ne laissent entrevoir ni un relèvement, ni une baisse des taux directeurs. Cependant, les marchés anticipent une baisse de taux. La forte chute de l'indice S&P 500 en fin de semaine dernière suggère que la posture conciliante de la banque centrale n'a pas suffi à éloigner le spectre d'un ralentissement de la croissance, qui est à l'origine de l'inflexion de la politique monétaire.

Accord commercial entre les Etats-Unis et la Chine

Les cours des actions semblent également refléter la signature d'un accord commercial entre les Etats-Unis et la Chine. Une telle issue paraît probable à 60% d'ici deux à trois mois. 

Un éventuel accord comportera vraisemblablement un engagement à rééquilibrer la balance commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, mais aussi à revoir la protection de la propriété intellectuelle et les transferts de technologie obligatoires. 

L’exposition aux actions devrait être réduite.
Mais on peut aussi rester enclins à prendre des risques.

Néanmoins, les cours reflètent déjà cette issue favorable. Les actions chinoises, qui sont très sensibles au résultat des pourparlers, sont les plus performantes cette année. L'indice composite de la Bourse de Shanghai est en hausse de 22%, soit deux fois plus que les actions mondiales. 

Les valeurs industrielles américaines, elles aussi très sensibles à l'environnement commercial, surperforment l'indice S&P 500 de près de 2 points de pourcentage cette année. Néanmoins, indépendamment de l'issue des négociations entre Washington et Pékin, la profonde rivalité sur le long terme entre les Etats-Unis et la Chine restera une source de volatilité récurrente et les investisseurs, même en cas de signature d'un accord commercial, feraient bien de tempérer leur enthousiasme.

Dans ce contexte, l’exposition aux actions devrait être réduite. Mais on peut aussi rester enclins à prendre des risques, comme en témoigne la surpondération des marchés des actions plus cycliques dans les arbitrages de valeur relative et la surpondération des obligations souveraines des marchés émergents libellées en USD. 

Aux niveaux actuels, il paraît néanmoins préférable d’attendre que la stabilisation de la croissance et de l'inflation se confirme avant d'accentuer une prise de risque.

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