Les fonds «verts» pas si verts, selon Inrate

AWP

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Le cabinet de notation spécialisé dans le domaine ESG publie une étude comparative entre les fonds durables et les conventionnels.

Alors que grandit l’appétit des détenteurs de capitaux pour les placements répondant à des critères environnementaux, sociétaux et de gouvernance, les fonds estampillés «ESG» n’injectent guère plus d’argent dans une économie climatiquement vertueuse que les véhicules conventionnels.

«Il semble que, dans l’ensemble, les fonds durables ne démontrent une efficacité que pour le désengagement de sociétés impliquées dans des controverses environnementales majeures et non en termes d’amélioration de l’impact du portefeuille sur le climat et la durabilité», résume le cabinet de notation spécialisé dans le domaine ESG Inrate dans une étude publiée lundi.

Mandatée par Greenpeace, l’agence genevo-zurichoise s’est penchée sur une cinquantaine de fonds durables proposés par des banques de détail et autorisés à la distribution en Suisse et au Luxembourg, et comparés à une vingtaine de fonds conventionnels.

Producteurs de ciments et industrie de l’armement figurent parmi les rares domaines d’activité à être véritablement moins représentés dans les produits verts que dans leurs pendants traditionnels.

Etude de cas éloquente

Sans le nommer précisément, l’étude met en exergue un fonds dont la raison sociale comprend les trois lettres les plus en vue du moment dans le monde de la finance, mais dont plus d’un tiers des avoirs est placé dans des activités jugées critiques et notamment dans le charbon et le pétrole.

Les auteurs du rapport attribuent néanmoins le faible écart entre fonds labellisés durables et fonds conventionnels plus à une immaturité du concept de durabilité qu’à un manque d’entrain des gérants de fonds à y réallouer les capitaux sous gestion.

Les méthodes et données utilisées pour la composition des portefeuilles pourraient ainsi n’avoir pas reflété fidèlement leur impact sur l’environnement et la société. Les rapports ESG fournis par les sociétés présentent quant à eux encore des lacunes et nécessitent généralement un passage en revue par un expert.

Inrate a en outre constaté un manque de transparence en matière d’impact mesurable et soupçonne de manière plus générale un manque de sensibilisation du secteur financier aux questions de durabilité.

Lézardes dans la crédibilité

Reste que ces lacunes cumulées pèsent sur la crédibilité des produits arborant les critères ESG, limitant leur potentiel commercial et ouvrant une brèche pour les risques réputationnels et juridiques que représente notamment l’écoblanchissage.

«L’adjonction d’un nouveau facteur de durabilité dans les équations d’investissements, en sus de la liquidité, du risque et de la performance, vient singulièrement compliquer la donne», a réagi le directeur de Swissbanking (ASB) Jörg Gasser, invité à la téléconférence de presse convoquée par Greenpeace.

Reconnaissant l’essentiel des conclusions de l’étude, l’éminence de l’Association suisse des banquiers a toutefois réfuté tout manque de sincérité de la branche. Il a, comme l’hôte de l’évènement, appelé à l’établissement de standards et de méthodes de quantifications des critères de durabilité, sans lesquelles toute tentative de gestion de la question sera vouée à rester vaine.

Insistant sur la responsabilité de l’économie financière à entraîner son pendant réel sur une voie plus durable, le responsable de campagne chez Greenpeace Peter Haberstich a souligné que les stratégies de placement actuelles impliquaient un réchauffement climatique de 4 à 6 degrés d’ici la fin du siècle, bien au-delà du plafonnement à 1,5 degré préconisé dans l’Accord de Paris.

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