Les ELTIF, la nouvelle classe d’actifs qui perce

Salima Barragan

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Selon Scope, les encours des fonds d’investissement européens à long terme ont atteint 7,5 milliards d'euros en 2021. Le point avec Andrea Vathje.

Créés en 2015, les fonds d’investissement européens à long terme (ELTIF) commencent à percer, bien qu’ils ne pèsent pour l’instant qu’une fraction du marché européen des fonds alternatifs estimé à 6,8 mille milliards d’euros. Ils permettent notamment aux investisseurs particuliers d’accéder aux infrastructures. La révision réglementaire, actuellement en discussion au sein de l’Union européenne et qui vise à réduire certaines de leurs restrictions, pourrait accélérer son adoption auprès des clients privés. Le point avec Andrea Vathje, analyste chez Scope.

Selon une enquête réalisée par l’agence de notation Scope auprès de 43 émetteurs d’ELTIF, la dette privée caracole en tête avec 36% des encours, suivis des infrastructures (31%) puis du capital-investissement avec 26%. Sans surprise, les grands gestionnaires d’actifs tels qu’Amundi, BlackRock, Muzinich ou encore Partners Groupe se partagent ce jeune marché dont environ la moitié des fonds sont éligibles aux clients particuliers. Environ 46% des ELTIF restent exclusivement réservés aux investisseurs professionnels.

Du point de vue des émetteurs, les questions juridiques constituent souvent un obstacle important.

La révision réglementaire en discussion au sein de l’Union européenne pourrait accélérer l’adoption de ces produits auprès d’une plus grande frange d’individus souvent freinés par les contraintes de ces placements. «Cette réglementation vise à optimiser le cadre de l’offre et de la distribution en réduisant les restrictions. Par exemple, elle autorisera la création de structures de fonds de fonds - pour l’instant non permises -, jusqu’à 40% et apportera une plus grande clarté sur le précédent règlement qui date de 2015», explique Andrea Vathje.

Du point de vue des émetteurs, les questions juridiques constituent souvent un obstacle important. «Le régime ELTIF actuel impose des exigences très strictes auxquelles de nombreux gestionnaires ne répondent pas. Par exemple, après la phase d’investissement, au moins 70% du capital d’un ELTIF doit être investi dans des actifs réels, des infrastructures, des participations ou des financements», ajoute-t-elle. Dans son enquête, Scope souligne l’importante de la création d’un marché secondaire pour accroitre la liquidité de la classe d’actifs. «Les clients privés fortunés considèrent parfois l’illiquidité de la grande majorité des produits comme un frein. D’autant plus que le minimum investi ne peut être inférieur à 10'000 euros. Mais ce seuil pourrait être supprimé», poursuit-elle.

La future réglementation sur les ELTIF tombe à point pour le Green Deal européen, qui est un ensemble d'initiatives politiques proposées par la Commission européenne pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, dans la mesure où il favorise les placements dans les infrastructures.  La classe d’actif surfe déjà sur la vague de la durabilité. «En décembre 2021, près de 2,5 milliards d’euros d’encours étaient liés à une référence ESG explicite, notamment des fonds de Meridiam et Commerz Real dans les infrastructures. Après le lancement par Turenne d’un fonds ELTIF de capital-investissement durable pour les investisseurs professionnels, Mirova a lancé fin 2021 son premier fonds ELTIF de venture capital durable selon l’article 9 du Règlement sur la publication d’informations en matière de durabilité», conclut-elle.

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