Les défis des investissements verts

Salima Barragan

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Les obligations vertes font partie de la solution durable, estime Kris Atkinson de Fidelity.

Plusieurs stratégies financières existent pour lutter contre le changement climatique. Comme les fonds indiciels «à carbone réduit» qui limitent leurs expositions à des sociétés à haute émission de carbone. Ou encore, l’exclusion des énergies fossiles. Selon Kris Atkison, spécialiste obligataire chez Fidelity, alors que la première stratégie n’offre pas une allocation judicieuse du capital, la deuxième ne fait en rien évoluer les choses: «Désinvestir sans s’engager n’aide en rien le changement climatique». Quelques idées pour mettre ses investissements au vert.

Un portefeuille 20/80

L'univers des obligations vertes - qui financent des projets durables - est dominé par les émetteurs souverains et supranationaux, avec environ 50% du volume d'émission.  Les secteurs de la finance et des services publics se partagent quasiment le reste du marché. «Ce qui laisse un manque d'émissions dans d'autres secteurs de l'économie», relève Kris Atkinson. Aussi, les obligations vertes, plus rares, sont souvent moins liquides et se négocient avec des rendements moindres que celles des non vertes. A cause de ces insuffisances, le spécialiste recommande de combiner un cinquième d’obligations vertes avec des émissions d’entreprises œuvrant pour réduire leur empreinte de CO2: «Il existe de nombreuses entreprises qui font des efforts importants de décarbonisation mais qui ont choisi, pour diverses raisons, de ne pas se financer par le biais du marché des obligations vertes».

Le scandale des tricheries sur les émissions a provoqué
un changement radical dans la stratégie de Volkswagen.
Volkswagen: la stratégie d’électrification la plus ambitieuse de l’industrie

Contre toutes attentes, le groupe Volkswagen empêtré dans le Dieselgate est son plus grand pari. En réalité, le scandale des tricheries sur les émissions a provoqué un changement radical dans la stratégie du groupe allemand. «Volkswagen investit 30 milliards d'euros dans le développement d’une plateforme de véhicules électriques pour les diverses marques du groupe. Elle s'appuiera dessus pour réaliser des économies d'échelle pour les véhicules électriques et proposera ainsi une offre à des prix ultra compétitifs», explique Kris Atkinson. Les efforts déployés par le groupe pour assainir à la fois sa gouvernance d'entreprise et sa flotte de véhicules seront payants: ses objectifs de durabilité dépassent la simple réduction des émissions des pots d’échappement mais portent sur l'ensemble du cycle de vie du véhicule. Le groupe s'efforce aussi de décarboniser sa chaîne d'approvisionnement et de production. Elle a également créé une filiale spécialisée dans les énergies renouvelables afin de proposer des solutions de recharges propres aux clients. À terme, le constructeur allemand qui représente 1% des émissions totales, vise à devenir une entreprise zéro carbone d'ici 2050. C’est dire que sa transition aura un impact concret sur la lutte contre le changement climatique.

Microsoft: futur contributeur négatif d’émission de carbone

Microsoft a annoncé qu'il vise à être négatif en matière de carbone d'ici 2030, et à effacer d'ici 2050 toute son empreinte carbone depuis la date de sa fondation en 1975. «Ils y parviendront en réduisant de moitié les émissions de carbone d'ici 2030, tant pour l'entreprise que pour la chaîne d'approvisionnement, en utilisant 100% d'énergie renouvelable d'ici 2025, en rendant l'ensemble de leur flotte de véhicules électrique d'ici 2030 et en augmentant leur redevance carbone interne», commente Kris Atkinston. En outre, Microsoft se distingue avec le lancement d’un fonds d'innovation climatique d'un milliard de dollars pour accélérer les développements technologies liées à la réduction, au captage et à l'élimination du carbone.

Ørsted: une transition couronnée de succès

Ørsted est l'un des principaux développeurs d'énergie verte grâce à l'éolien offshore dont il détient 28% de parts de marché.  Au cours de la dernière décennie, l’entreprise danoise est passée d’environ 20% d'énergie verte à plus de 80%, évitant ainsi plus de 30 millions de tonnes d'émissions de CO2. L’entreprise a aussi mis à jour ses objectifs pour atteindre 99% de production d'énergie verte dès 2025. «L'accent mis sur les énergies renouvelables a considérablement réduit les risques d’Ørsted qui tire 90% de ses revenus de la vente d'électricité à des tarifs fixes par le biais d'activités contractuelles et réglementées.  Cela lui donne une bonne visibilité sur ses revenus futurs et ses estimations de croissance», explique-t-il. La société investira environ 27 milliards d'euros d'ici 2025, dont environ 75% seront consacrés à l'éolien offshore et environ 25% à l'éolien terrestre, qui constitue la plate-forme de sa croissance organique.  «Malgré les risques inhérents à l'éolien offshore, Ørsted a une très bonne expérience en matière de réalisation de projets, tant en termes de calendrier que de budget. Les quatre fermes actuellement en construction respectent le budget et devraient être achevées dans les délais prévus», ajoute-t-il.