Les actions value à nouveau compétitives

John Linehan, T. Rowe Price

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L'environnement d'investissement a connu un changement décisif. Après les actions de croissance, c’est le retour des actions de valeurs.

Après une décennie de domination des valeurs de croissance, les valeurs de rendement sont revenues en force l'année dernière. L'indice MSCI World Value a surperformé son homologue Growth de plus de 20 points de pourcentage. Cela ne signifie pas nécessairement que l'investissement axé sur la valeur va prendre le dessus sur la croissance au cours de la prochaine décennie, mais cela conforte notre opinion selon laquelle les vents contraires auxquels sont confrontées les valeurs de rendement s'atténuent. Ces valeurs vont devenir plus compétitives qu'elles ne l'ont jamais été depuis la crise financière mondiale.

Pourquoi les valeurs de croissance avaient-elles si longtemps le dessus? En partie parce qu'après la crise financière mondiale, il y a eu une longue période de faibles taux d'intérêt, ce qui a favorisé les actions de croissance qui promettaient des flux de trésorerie plus importants à long terme. Les actions de valeur sont moins soutenues par la baisse des taux d'intérêt, car les entreprises de rendement sont généralement censées générer des bénéfices sur un horizon temporel plus court.

Bien que les taux d'intérêt aient joué un rôle, le facteur principal de succès des valeurs de croissance est que les technologies disruptives, y compris les achats en ligne et le marketing digital, ont vraiment été bénéfiques pour les investisseurs. Le marché a mis du temps à comprendre le potentiel de bon nombre de ces valeurs, qui ont ensuite largement dépassé les attentes. Lorsque le potentiel de ces nouvelles technologies est devenu évident, les investisseurs se sont rués dessus, alimentant ainsi une période de prospérité pour les valeurs de croissance.

Le retour à des taux d'intérêt très bas est très peu probable dans un futur proche.

La période à venir sera selon moi différente. D'une part, le retour à des taux d'intérêt très bas est très peu probable dans un futur proche. Même si l'inflation devrait diminuer par rapport aux niveaux actuels, la délocalisation et la relocalisation des chaînes d'approvisionnement signifient que nous nous dirigeons peut-être vers une nouvelle ère où l'inflation restera élevée durant une période prolongée, car la démondialisation complique la tâche des entreprises pour réduire les coûts de la main-d'œuvre et des matières premières. Si tel est le cas, les taux resteront eux aussi élevés au regard de l’historique récent. Dans un contexte de taux élevés, les bénéfices actuels tendent à prendre de la valeur et les bénéfices futurs à en perdre, ce qui profite aux actions de valeur.

Bien que l'ère des bouleversements technologiques ne soit pas achevée, nous entrons dans une phase plus mature. Les gens regarderont certes probablement encore dans 10 ans des vidéos en streaming, feront leurs achats sur Internet et conduiront plus de véhicules électriques. Toutefois, ces secteurs devraient devenir plus compétitifs. Les entreprises innovantes de la première heure ne seront peut-être pas les meilleurs investissements à long terme : Netflix et Tesla, par exemple, seront tous deux confrontés à une forte concurrence, car d'autres entreprises innoveront et rattraperont leur retard. Au cours des dix prochaines années, les investissements les plus intéressants pourraient être réalisés par des entreprises plus anciennes qui ont été durement impactées par les disruptions, mais qui peuvent également bénéficier des nouvelles technologies et être compétitives dans les nouvelles catégories. Par exemple, si Volkswagen, dont la valorisation est actuellement extrêmement faible, produit finalement des véhicules électriques qui sont capables de rivaliser avec les normes élevées établies par Tesla, les prévisions pour les deux entreprises pourraient être erronées.

Dans le passé, les valeurs de rendement se sont bien comportées après des périodes d'excès spéculatifs (par exemple, l'ère «Nifty-Fifty» et l'ère «dot-com»), car les attentes élevées ne correspondaient pas aux données fondamentales réelles. Si la période actuelle d'excès spéculatif s'achève alors que l'ère des technologies disruptives arrive à maturité, les sociétés «value» pourraient à nouveau en profiter.

Bien que les attentes et les valorisations des actions de croissance aient diminué dans une certaine mesure, elles restent élevées par rapport aux valeurs de rendement. Avec des prévisions plus élevées, le risque de baisse associé à une déception dans les résultats des fondamentaux de l'entreprise est considérable; à l'inverse, les attentes sont relativement moins élevées pour les actions de valeur.

Le climat d'investissement actuel pour les actions de valeur est aussi favorable qu'il ne l'a jamais été depuis la grande crise financière.

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