Les actions tiraillées par des forces contradictoires

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

2 minutes de lecture

Comme l’incertitude devrait rester marquée dans les mois à venir, il est recommandé de bâtir des portefeuilles susceptibles de résister à un large éventail de scénarios potentiels.

Ces derniers temps, les marchés sont restés volatils, en raison de l’optimisme fluctuant des investisseurs quant à un revirement plus précoce que prévu de la politique de la Réserve fédérale américaine (Fed). Compte tenu de ces forces contradictoires, le vif rebond du S&P 500 s’est vite étiolé.

Certes, il y a une dizaine de jours, les actions américaines ont bondi de 5,7% en l’espace de deux séances. En outre, le rendement des bons du Trésor à dix ans a chuté de 24 points de base (pb), lesté par le repli de l’indice ISM manufacturier en septembre et par la publication du rapport JOLTS (Job Openings and Labor Turnover Survey)en août.

Ce dernier a fait état d’un million de postes à pourvoir en moins, mettant ainsi en évidence un ralentissement de l’économie et une détente du marché de l’emploi. Cela a ravivé l’espoir d’un prochain virage accommodant dans la politique de la Fed.

Espoir de courte durée

Cependant, les responsables de la Fed n’ont pas tardé à doucher cet espoir. Le président de la Fed de Chicago, Charles Evans, a déclaré que le taux directeur se situerait probablement entre 4,5 et 4,75% au printemps prochain. Tandis que son homologue de Minneapolis, Neel Kashkari, a estimé que la banque centrale était «très loin» de marquer une pause dans sa campagne de relèvement des taux.

D’autres statistiques publiées ont suggéré une bonne tenue de l’activité. L’indice PMI non manufacturier de l’ISM a fléchi à 56,7 en septembre contre 56,9 en août. Le consensus tablait sur une baisse plus marquée, à 56,0.

Même s’il convient de relativiser ces statistiques mensuelles, on pourrait en déduire qu’il y a peu d’individus inactifs susceptibles d’entrer sur le marché du travail aux Etats-Unis.
Détente sur le marché du travail

Le rapport sur l’emploi salarié non agricole de septembre a renforcé l’impression d’un marché du travail toujours dynamique, ce qui justifie une poursuite du resserrement monétaire à marche forcée. L’indice S&P 500 a cédé 2,8% le jour de la publication du rapport. Le rendement des bons du Trésor à dix ans a baissé de 8 pb sur l’ensemble de cette semaine, à 3,88%.

Le rapport sur le marché de l’emploi aux Etats-Unis a mis en évidence de premiers signes de détente. Les 263 000 créations nettes d’emplois en septembre constituent le plus faible chiffre depuis avril 2021. En outre, le salaire horaire moyen n’a progressé que de 10 cents en septembre après la hausse de 9 cents enregistrée en août. Ce rythme de progression des salaires serait compatible avec le taux d’inflation de 2% visé par la Fed.

Baisse du taux de chômage

Néanmoins, le taux de chômage est tombé de 3,7 à 3,5% – il a retrouvé son niveau antérieur à la pandémie, au plus bas depuis cinquante ans – ce qui suggère que le marché de l’emploi reste tendu.

Le taux d’activité, qui avait augmenté le mois précédent, est retombé à 62,3%. Même s’il convient de relativiser ces statistiques mensuelles, on pourrait en déduire qu’il y a peu d’individus inactifs susceptibles d’entrer sur le marché du travail aux Etats-Unis.

Les relèvements des taux, à quel rythme?

Le débat au sein des banques centrales sur le rythme adéquat des relèvements de taux devrait s’intensifier dans les mois à venir. Cela devrait entretenir la volatilité avec laquelle les investisseurs ont dû composer ces derniers mois, marqués par une succession de rebonds et de rechutes.

Le dollar américain et le franc suisse, deux devises refuge traditionnelles émises par des banques centrales qui relèvent résolument leurs taux, comptent parmi les devises favorites.

Pour qu’un rebond plus durable intervienne sur les marchés des actions, il faudrait des signes de nette décrue de l’inflation et de détente du marché de l’emploi aux Etats-Unis. Cela permettrait à la Fed de marquer une pause dans son cycle de relèvement des taux directeurs. En attendant, la Réserve fédérale relèvera certainement une nouvelle fois ses taux de 75 points de base en novembre.

Comment investir?

Comme l’incertitude devrait rester marquée dans les mois à venir, il est recommandé de bâtir des portefeuilles susceptibles de résister à un large éventail de scénarios potentiels. Les investisseurs seraient bien avisés de privilégier les segments plus défensifs des différentes classes d’actifs, notamment les valeurs de la consommation de base et de la santé, ainsi que les obligations de grande qualité. Le dollar américain et le franc suisse, deux devises refuge traditionnelles émises par des banques centrales qui relèvent résolument leurs taux, comptent parmi les devises favorites.

La Recherche d’UBS apprécie également les valeurs décotées internationales, le secteur de l’énergie qui, dans les trimestres à venir, devrait être soutenu par la hausse des cours du pétrole, et le marché britannique, qui fait la part belle aux valeurs décotées.

Rechercher la diversification

L’indice MSCI All Country World Value a surperformé le MSCI All Country World Growth de 12 points de pourcentage sur les trois premiers trimestres de l’année et, comme l’inflation reste nettement supérieure aux objectifs des banques centrales, cette tendance devrait perdurer.

Dès lors que les cours des actions et des obligations sont influencés par les anticipations d’inflation et par la politique des banques centrales, il est aussi conseillé aux investisseurs de rechercher des sources de rendement décorrélées telles que les hedge funds (notamment les stratégies macro) et les actifs non cotés, cela à des fins de diversification.

A lire aussi...