Les «bonnes» sociétés font les «bons» investissements

Matthieu Dulguerov, Degroof Petercam (Suisse)

2 minutes de lecture

Ce n’est ni une prophétie ni une opinion personnelle mais une certitude mathématique.

Pourquoi certaines sociétés, telles que Nestlé, gagnent de l’argent année après année depuis plusieurs décennies et d’autres, telles que Swissair, font faillite? Mais quelle est la différence entre une «bonne» et une «mauvaise» société?

Selon nous, une «bonne» société est une société dont la profitabilité à venir sera supérieure à son coût d'opportunité sur l'ensemble du cycle économique. Que ce charabia signifie-t-il exactement? Pour faire simple, une société est dite «bonne» selon la définition ci-dessus, si elle est par exemple capable de se financer à un taux de 10% par année et d’investir à un taux de 20% par an, sur le long terme.

Une telle situation n’est possible que lorsque les activités de l’entreprise sont protégées par des barrières à l’entrée. Traditionnellement, les barrières à l'entrée tendent à se regrouper en deux grandes catégories: les éléments qui permettent à l'entreprise de produire un bien ou un service similaire à celui de ses concurrents, mais à un coût durablement inférieur; et les éléments qui permettent à l'entreprise de produire quelque chose que ses concurrents ne peuvent pas copier. Bien sûr, rien n'empêche en principe une entreprise de bénéficier des deux avantages. En l’absence de barrières à l’entrée, une profitabilité élevée attire de la concurrence, et la pression concurrentielle érode progressivement cette profitabilité. Le petit groupe d'entreprises qui parvient à éviter cette sorte de loi économique de la gravité est protégé de la concurrence par une offre qui a des difficultés structurelles à suivre la demande. Il y a donc une logique, basée sur les barrières à l’entrée, qui influence la profitabilité et plus généralement le succès dans les affaires.

La profitabilité marginale est la source ultime de rendement pour l'actionnaire.

Conceptuellement, la profitabilité est un rapport entre ce que l’on gagne et ce que l’on a investi. L'outil le plus simple et le plus couramment utilisé pour mesurer la profitabilité est la rentabilité des capitaux propres1: le bénéfice net en pourcentage des fonds propres. Malgré plusieurs points faibles, cette mesure de profitabilité permet de comprendre facilement ce qui fait un bon investissement à long terme pour les actionnaires, indépendamment du prix payé pour acquérir l'entreprise. En supposant un investissement à long terme dans une société capable d’afficher une rentabilité des capitaux propres élevée et qui investirait année après année tous les bénéfices qu'elle génère pour obtenir des rendements aussi élevés, la performance de votre investissement dans cette société convergera vers sa profitabilité marginale, peu importe les prix d'entrée et de sortie. La profitabilité marginale est donc la source ultime de rendement pour l'actionnaire, ce n'est ni une opinion personnelle, ni une prophétie, mais une certitude mathématique. 

Puisque ce sont les «bonnes» sociétés qui font les «bons» investissements à long terme, notre sélection d’actions suisses est composée exclusivement de «bonnes» sociétés. A l’heure actuelle, le portefeuille est concentré sur neuf sociétés à savoir Straumann, Belimo Holding, Kardex, Lem Holding, EMS-Chemie, Schindler, Nestlé, Roche et SGS. Il affiche une performance de plus de 30% depuis le début de l’année bien supérieure à celle des indices de référence pour le marché suisse.

 

1 La formule est une mesure statique, un aperçu de la profitabilité à un moment donné, fondé sur la comptabilité, dont l'application laisse aux gestionnaires le pouvoir discrétionnaire de traiter des mesures comme l'amortissement et la provision. Le calcul dépend également fortement de la structure du capital.

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