Le S&P 500 franchit les 4000 points et pourrait ne pas s'arrêter là

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Dans ce contexte, il est recommandé de continuer à se positionner dans l'optique de la relance à mesure que la reprise économique s'intensifiera.

©Keystone

Avant le week-end de Pâques, l'indice S&P 500 a franchi pour la première fois le seuil des 4’000 points et a poursuivi sur sa lancée lundi passé en clôturant à 4’077,9 points. Ce sommet historique est intervenu à la suite d'une progression de 5,8% au cours du premier trimestre, qui s'est également achevé sur la meilleure performance de l'indice en glissement sur douze mois depuis 1936. 

Le S&P 500 affiche désormais un rebond de 82% par rapport à son point bas du mois de mars 2020. Depuis sa création en 1928, sa valeur double en moyenne tous les 9,9 ans. Pour passer de 2’000 à 4’000 points, il ne lui a fallu que 6,6 ans.

Les données historiques suggèrent qu'il n'y a pas lieu
de s'inquiéter lorsque les marchés sont au plus haut.

Après un tel rebond, certains investisseurs nourrissent peut-être des doutes quant à la pérennité de la hausse des marchés. Surtout compte tenu du rebond de 80 points de base (pb) du rendement des bons du Trésor américain à dix ans depuis le début de l'année, qui a alimenté des accès de volatilité sur les marchés. Néanmoins, les données historiques suggèrent qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter lorsque les marchés sont au plus haut. Explications.

  • Les sommets historiques ne sont pas un obstacle. En fait, si l'on en croit les données remontant à 1960, les actions font un peu mieux que la moyenne après avoir atteint des sommets historiques: +11,7% dans les douze mois qui suivent, contre +11,3% lorsque le point de départ est inférieur à un sommet historique.
  • La hausse des rendements nominaux et des actions. Sur les 25 dernières années, on recense dix périodes pendant lesquelles le rendement des bons du Trésor américain à dix ans a augmenté de plus de 100 pb. Et à chaque fois, les actions mondiales ont fait du surplace ou ont généré un rendement positif. En outre, la hausse actuelle des rendements obligataires tient davantage à l'amélioration des prévisions de croissance qu'à la crainte d'un resserrement monétaire.
  • Peu d’intérêt à un «market timing» parfait. Un investisseur qui aurait placé depuis 1945 un dollar de son salaire mensuel sur le S&P 500 disposerait aujourd'hui d'un portefeuille de 253’645 dollars s'il avait fait fructifier son argent en continu. Le même investisseur aurait un capital de 261’699 dollars (soit 0,03% de plus par an, ce qui est dérisoire) s'il avait prédit à la perfection l'évolution des marchés en investissant uniquement à des niveaux en deçà desquels le marché n'est jamais retombé par la suite.
La rotation des valeurs de croissance
vers les valeurs cycliques n'est pas terminée.
La reprise du marché de l’emploi

La situation économique et politique actuelle aux Etats-Unis est de nature à donner un coup de pouce supplémentaire aux actions. L'embellie sur le marché de l'emploi se poursuit grâce au déconfinement permis par la campagne de vaccination, qui soutient la reprise dans le secteur des services.

Le rapport sur l'emploi salarié non agricole aux Etats-Unis publié il y a dix jours a fait état de 916’000 créations d'emplois en mars, soit plus que les 660’000 places de travail prévus par le consensus. Il faut remonter sept mois en arrière pour trouver un chiffre aussi bon. Les secteurs des loisirs et de l'hôtellerie/restauration sont ceux qui ont créé le plus d’emplois. 

Ce tableau encourageant a été confirmé il y a une semaine par la publication de l'indice ISM des directeurs d'achats américains dans le secteur des services, qui est ressorti en hausse de 8,4 points à 63,7 points, son plus haut niveau depuis le début de cette série statistique en 1997. Il est ainsi nettement supérieur au chiffre attendu (59,0). La composante «emploi» de l'indice ISM a grimpé de 52,7 à 57,2 points.

La modernisation des infrastructures

Il y a une dizaine de jours, le président des Etats-Unis, Joe Biden, a dévoilé un plan de 2’250 milliards de dollars qui vise à moderniser les infrastructures du pays. 

A la différence du train de mesures de 1’900 milliards de dollars récemment adopté pour venir en aide aux entreprises et aux ménages touchés par la crise du COVID-19, il est peu probable que ce plan de modernisation des infrastructures donne un coup de fouet à la croissance dans l'immédiat. En effet, il est prévu que les dépenses soient étalées sur huit ans environ. Cela devrait toutefois donner un coup de pouce supplémentaire aux entreprises qui surfent sur une croissance structurelle.

Se préparer à la relance

Dans ce contexte, il est recommandé de continuer à se positionner dans l'optique de la relance à mesure que la reprise économique s'intensifiera. La Recherche d’UBS est d’avis que la rotation des valeurs de croissance vers les valeurs cycliques n'est pas terminée. 

Les investisseurs feraient bien de privilégier les titres issus de secteurs qui, à l'instar de la finance, de l'industrie et de l'énergie, sont susceptibles de profiter de l'accélération de la croissance économique et d'un redressement de la courbe des rendements obligataires. Le déconfinement de l'économie soutenu par la vaccination devrait profiter davantage aux petites et moyennes capitalisations qu'aux grandes.

Les investisseurs peuvent aussi profiter des périodes de volatilité plus marquée en accentuant leur exposition à long terme aux actions au moyen de stratégies qui consistent à échelonner leurs achats et à investir dans des produits structurés. Et pour ceux qui peuvent recourir aux options, les biais de volatilité permettent également de s'exposer aux marchés de manière avantageuse. 

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