Le serpent se mord la queue

Igor de Maack, Vitalépargne

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Le serpent, animal biblique tentateur, peut aussi servir d’image ou d’organisation dans le champ lexical des marchés financiers.

Les plus anciens se souviennent du fameux «serpent monétaire», mécanisme destiné à limiter les fluctuations des monnaies européennes. Son abandon en 1979 a préfiguré la naissance de l’euro.

L’INSTANT MARCHÉ FINANCIER

Aujourd’hui, la situation des économies ressemble étrangement à un serpent qui se mord la queue. Les économies ne parviennent plus à produire de la croissance et finissent par la dévorer. Ainsi, la hausse rapide des taux d’intérêt (dixième hausse d’affilée des taux de la BCE) attire les épargnants vers des dépôts toujours plus rémunérateurs. Les banques sous pression doivent répercuter ces rémunérations et pour compenser ce coût, elles augmentent leurs marges sur le crédit. Cela restreint la distribution de crédit (ce qui est flagrant pour les crédits hypothécaires qui ont diminué de moitié en zone euro en 2022). Aux États-Unis, le taux du crédit immobilier est passé de 4,8% à 7,2%. L’endettement n’alimentera donc plus les agents économiques, ou alors à un coût très élevé.

Par ailleurs, les mesures de soutien budgétaire (aides aux consommateurs) vont s’atténuer. En effet en 2023, la situation budgétaire de la zone euro s’élève à un déficit de 3,5% du PIB et le rapport dette publique sur PIB à 90%. La France apparaît d’ailleurs comme une des plus mauvaises élèves à ce titre (-4,7% en 2023). Le serpent de mer de retour sous le fameux 3% (critère de Maastricht) ne sortira la tête de l’eau ni demain ni après-demain surtout avec une croissance du PIB entre 0% et 1%.

Le pétrole est un impôt supplémentaire pour le consommateur. L’Arabie Saoudite a décidé en juillet de prolonger la limitation de sa production d’hydrocarbures à 9 millions de barils jour pendant que la Russie a annoncé réduire de 500'000 barils ses exportations. Ces deux décisions ont entraîné le prix du Brent à 97$. Le prix du litre à la pompe en France a franchi les 2 euros. Le momentum macro-économique des prochains mois sera moins bon notamment en Europe. Les indicateurs avancés du cycle le démontrent puisque l’indice de confiance du consommateur en l’Union Européenne a reculé de 0,9 points en août. Les marchés financiers, et particulièrement les marchés européens, ont commencé à « pricer » ce scénario économique moins favorable. Ainsi, le CAC 40 est redescendu sur sa borne basse autour de 7000. Ce sont des points d’entrée mais il faut probablement être très minutieux dans ses achats et très progressif car le trou d’air économique peut durer jusqu’au début d’année. Les États-Unis offrent plus de visibilité et privilégier les actions américaines malgré un dollar fort pourrait s’avérer judicieux.

L’Europe et surtout l’Union Européenne ne parvient toujours pas à créer son propre modèle économique vertueux imitant toujours plus le capitalisme anglo-saxon tout en lorgnant vers le monde émergent et plus particulièrement vers la Chine. L’imitation n’égale jamais l’original car comme le préconisait Victor Hugo, «n’imitez rien ni personne car un lion qui copie un lion devient un singe» et Oscar Wilde d’ajouter dans un humour caustique tout anglais «soyez-vous-mêmes, les autres sont déjà pris»

Météo des marchés

La valeur du mois: ARM

L’introduction en bourse d’ARM, cette entreprise britannique de design de puces électroniques, devait être une opération boursière juteuse.

Malheureusement, après une hausse spectaculaire de 25% le premier jour, le cours de bourse actuel est tout juste légèrement au-dessus de son cours d’introduction (51$).

Le mot de la fin

La situation politique au Niger pourrait avoir des complications économiques et énergétiques pour la France. Orano (l’ancien Areva) y détient trois mines.

En effet, le Niger a représenté 20% des importations d’uranium pour la France ces dix dernières années.

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