La thèse d’une réduction de la domination américaine en économie et sur les marchés financiers fait son chemin. Après un pic proche de 70% de la capitalisation boursière mondiale, les Etats-Unis sont entrés dans une phase de correction en raison de l’incertitude posée par l’Administration Trump, indique Carsten Roemheld, stratégiste sur les marchés des capitaux de Fidelity International, jeudi lors d’une conférence de presse. Après une forte correction, les actions américaines se sont reprises, mais pour combien de temps?
Carsten Roemheld s’attend à une croissance économique américaine inférieure à son potentiel. Elle devrait s’élever à 1,3% en 2025. Le taux d’augmentation du PIB attendu pour 2025 était de 2,3% au début de l’année. Les droits de douane créent une incertitude majeure pour les entreprises. Les marchés financiers n’y sont pas insensibles. Les investisseurs sont en train de se détourner des actifs américains. La grande question porte sur le nouveau pourcentage qu’il faudrait allouer aux actions américaines.
Risque de correction
La bourse américaine s’est éloignée de «trois écarts-types» de la tendance observée depuis 1950, analyse Carsten Roemheld. La qualité des entreprises américaines et de leur innovation ainsi que la taille de ce marché ne sont pas en cause. Ces atouts incitent à conserver une part importante de titres américains. Le stratégiste estime «correcte» une part d’environ 50%. Il affirme notamment douter de la capacité des «mag 7» à continuer à présenter des taux de croissance des bénéfices aussi élevés que ces dernières années.D’autant plus que l’environnement n’est plus aussi fiable et stable que dans le passé.
«Les investisseurs devraient orienter leurs investissements vers l’Europe, en particulier vers les small & mid caps».
Les investisseurs devraient orienter leurs investissements vers l’Europe, en particulier vers les small & mid caps, selon Carsten Roemheld. Les marchés considèrent les modifications en termes relatifs. Le soutien apporté par l’Allemagne à ses infrastructures et au secteur de la défense traduit une amélioration relative qui est insuffisamment prise en compte.
L’investisseur ne peut gérer la réallocation géographique actuellement en cours avec un ETF Monde, avance Stefan Kuhn, responsable de la distribution des ETF pour l’Europe auprès de Fidelity International. Le marché américain représente en effet deux tiers de l’indice mondial des actions et il est très concentré sur la Big Tech.
Les atouts des ETF actifs
Pour profiter du rééquilibrage, Stefan Kuhn, propose d’investir en ETF actifs. L’investisseur profite ainsi des avantages de l’ETF en termes de transparence, d’efficience des coûts, de la diversification, et il gagne un accès à la recherche de l’émetteur. Le marché va dans ce sens. Ces cinq dernières années, la croissance du marché global des ETF atteint 61% par an. En 2024, elle s’est élevée à 50%. Un sondage indiqué par Fidelity auprès des investisseurs révèle que 34% de ces derniers devraient augmenter leurs investissements en ETF actifs ces 18 prochains mois et 62% les garder inchangés. Les intentions des investisseurs interrogés sont nettement plus équilibrés à l’égard des ETF passifs.
Les investissements en Europe et en Asie devraient passer de préférence par des ETF régionaux assez larges. Un ETF sur le DAX est trop spécialisé, note Stefan Kuhn.
Fidelity indique par ailleurs que si ses ETF ont un comportement assez proche de celui de l’indice de référence, il est possible qu’à l’avenir il puisse s’en distancer davantage.