Investir dans la ré-industrialisation

Emmanuel Garessus

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Malgré la «pause» sur les droits de douane, les entreprises seront impactées à court et long terme, selon Fidelity. Des opportunités existent toutefois.

©Keystone

 

C’est un grand chamboulement. L’entrée dans une nouvelle ère de droits de douane est considérée comme un mouvement tectonique. Les marchés financiers ont fortement réagi, mais la crise a aussi montré que Donald Trump n’était pas insensible aux mouvements des marchés financiers, indique Niamh Brodie-Machura, co-CIO Actions auprès de Fidelity, jeudi lors d’un webinaire du gérant d’actifs. Malgré la reprise de mercredi soir et de jeudi, la situation demeure fluide.

Les gérants d’actifs doivent revoir leurs attentes à court, moyen et long terme. Les investisseurs doivent hiérarchiser les effets des mesures tarifaires de l’Administration Trump sur chaque pays, chaque entreprise et sur les différentes classes d’actifs.

Une fin de cycle

Les experts de Fidelity tentent une analyse des derniers événements. La crise actuelle, dans une comparaison aux crises précédentes, à celle du covid, de la crise financière ou de la bulle internet, doit être jugée à l’aune de quelques critères clés: la situation de départ, la valorisation, l’endettement et la qualité des bénéfices. Aux yeux de Niamh Brodie-Machura, les marchés ne se situaient pas dans un état de bulle spéculative, l’effet de levier était correct, la situation des banques était robuste et la croissance des bénéfices favorable, même si l’on était clairement dans une situation de fin de cycle.

«La volatilité offre des opportunités par exemple dans les gagnants du processus de ré-industrialisation des Etats-Unis».

Sur le plan des bénéfices, la nouvelle donne tarifaire suppose un travail approfondi sur chaque entreprise afin d’analyser non seulement les conséquences sur ses affaires à court et moyen terme, mais aussi sur sa capacité à relever ses prix de vente, sa disposition à présenter des capacités excédentaires sur le marché américain, sa présence avec un site de production américain. «Pour y sentir le pouls de l’industrie, je n’hésite pas à visiter les salons industriels», explique Oliver Trimingham, Lead analyste pour les biens industriels.

La volatilité offre des opportunités par exemple dans les gagnants du processus de ré-industrialisation des Etats-Unis et dans la branche des biens d’équipement ainsi que dans l’automatisation industrielle. Le taux de chômage est en effet assez bas aux Etats-Unis et il n’est pas aisé de trouver la main d’oeuvre qualifiée nécessaire.

Quelques opportunités

Sans le revirement de Donald Trump de mercredi soir, il était déjà prévisible que l’industrie doive supporter une hausse des coûts de production et les consommation une augmentation des prix. Avec la pause, les perspectives s’améliorent. Et pour Fidelity, si le numéro un et le numéro deux de l’économie mondiale sont en conflit économique, le reste du monde ne peut pas être épargné.

Malgré la pause annoncée sur les droits de douane, l’investisseur doit s’interroger sur les conséquences des décisions. Il est à craindre, selon Fidelity, que des disruptions s’insèrent dans la chaîne d’approvisionnement. Dans un monde hyper-mondialisé et connecté, il suffit d’un grain de sable pour que des ralentissements se produisent. Le choc envoyé par Trump dans les processus de production n’est pas insignifiant sur les perspectives à long terme. La confiance des entreprises est réduite. Des prises de décision sur des projets d’investissement seront renvoyées à plus tard.

Sur le plan obligataire, le taux sans risque s’est accru aux Etats-Unis. Et un effet de contagion est possible sur d’autres marchés. Les experts de Fidelity jugent attractifs les titres souverains américains à longue échéance, dans l’attente d’un ralentissement conjoncturel.

Et sur le plan monétaire, Matthew Quaife, Global Head of Multi-Asset, estime que le yen et le franc suisse devraient continuer d’offrir un rôle protecteur aux portefeuilles.

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