Il est l'or de se réveiller

Igor de Maack, Vitalépargne

2 minutes de lecture

Cette boutade empruntée au film La Folie des Grandeurs n’aura jamais pris autant de sens. Le cours de l’or a toujours été un bon indicateur de la peur, particulièrement en période de poussée inflationniste ou de désordre monétaire.

L’INSTANT MARCHÉ FINANCIER

Aujourd’hui, l’once d’or a quasiment doublé depuis 2015 (passant de 1000 dollars l’once à presque 2000 dollars). C’est d’autant plus paradoxal que l’or est un actif sans rendement et que la rémunération des dépôts bancaires a été très largement dopée par les hausses fulgurantes de taux d’intérêt. Pourtant, les investisseurs continuent de plébisciter le métal jaune tout autant que les actions puisque le CAC 40 a, lui, progressé de 15% (bien aidé par la performance de LVMH).

Malgré les craintes, les résultats publiés par les entreprises s’avèrent pour l’instant de bonne facture (ex: Schneider). Il faudra être vigilant sur les publications des grandes valeurs technologiques américaines (GAFAM) qui sont le poumon de l’économie américaine. La baisse des cours du pétrole, portée par la consommation et favorable aux économies énergivores, a ralenti à la suite de l’annonce de réduction de production des pétroles russe et de l’OPEP. Dans un environnement de matières premières plus chères, les économistes tablent désormais sur des rythmes de croissance entre 2,5% et 3% pour le PIB mondial.

La réouverture de la Chine, dont la croissance passerait en rythme annuel de 2,9% à 4,5%, a porté des secteurs comme le luxe qui affiche une performance spectaculaire (+30% pour l’indice Stoxx Europe Luxury 10). Cette performance milite pour une repondération des valeurs asiatiques (japonaises et chinoises) dans les allocations actions.

Aux États-Unis, le stress bancaire (qui a conduit à la fuite des dépôts notamment chez SVB et à la First Republic) aura nécessairement des conséquences sur le rythme de croissance étasunien. On évoque 620 milliards de dollars de pertes potentielles dans le bilan des banques US au T4 2022, contre 8 milliards de dollars un an plus tôt.

Les conditions tarifaires et non-tarifaires de crédit se sont durcies et cela est déjà visible sur l’immobilier commercial et le prêt aux entreprises. La situation européenne est similaire même si aucune banque de la zone euro ne vit la même situation. Par ailleurs, la BCE a alerté, dans son dernier bulletin macroprudentiel, sur la liquidité des fonds immobiliers et notamment sur les conséquences des retraits massifs des souscripteurs sur l’accélération de la chute des prix de l’immobilier. Ce mouvement peut aussi servir d’avertissement à tous les actifs illiquides et survalorisés par des années de coût faible de l’argent facile (private quity, montage LBO…).

Warren Buffet, qui doit être l’investisseur le plus cité dans le monde financier, avait coutume de dire que les marchés boursiers constituent un transfert de fonds des personnes impatientes vers les personnes patientes. Des opportunités sont nées et vont continuer de naître dans un monde qui se transforme désormais tant dans sa composante économique et financière que géostratégique. Dans le changement de paradigme actuel, il est clair que les plus patients (ceux qui n’ont pas été à la fête lors du dernier cycle) seront les gagnants. Le bon sens paysan dit aussi qu’il y a un temps pour semer et un temps pour récolter.

LA VALEUR DU MOIS: OVH

En bourse, les valeurs technologiques ne sont pas toujours au beau fixe surtout en Europe où elles se font rares. Ainsi, le fournisseur de cloud a révisé ses objectifs en raison de la flambée du coût de l’électricité pour ses serveurs.

La société anticipe désormais une hausse des ventes comprise entre 13% et 14% contre 14% à 16% dans ses prévisions pour une marge d’EBE supérieure à 36% – contre 39% précédemment.

LE MOT DE LA FIN

La guerre en Ukraine a ravivé les tensions entre grandes puissances pour un monde plus multipolaire.

Le corollaire sera peut-être le retour du concept de Friedrich List, le protectionnisme éducateur (à défaut d’être militaire), qui consiste à protéger les économies nationales.

A lire aussi...