Le segment des infrastructures en période d'incertitude

Jean-Francis Dusch, Edmond de Rothschild

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Les projets d’infrastructure semblent idéalement positionnés pour surmonter les défis protéiformes actuels, d’autant plus que l'engagement européen en faveur de la transition énergétique reste fort.

Les investisseurs font face à de nombreuses difficultés qui menacent la croissance et la transition énergétique en Europe, et l'instabilité géopolitique actuelle soulève également de nombreuses questions sur les stratégies d’investissement probantes à l’avenir.

Les projets d’infrastructure semblent idéalement positionnés pour surmonter les défis protéiformes actuels, d’autant plus que l'engagement européen en faveur de la transition énergétique reste fort.

Soulignons d’abord la grande résilience dont a fait preuve le secteur face à toutes les épreuves des dernières années, notamment le conflit entre l'Ukraine et la Russie et la situation entre Israël et Gaza. Ceci démontre que, malgré l'instabilité dans certaines régions du monde, de nombreuses opportunités subsistent ailleurs. La pandémie de Covid a peut-être été l'événement le plus surprenant, mais même dans ce contexte, le secteur a survécu et prospéré.

Ce que ces événements remettent cependant systématiquement en évidence, c’est qu’une approche solide d’atténuation des risques reste un élément clé pour la réussite de ces investissements.

L’Europe soutient pleinement la transition énergétique

Rebondissements dans les conflits tarifaires, danger de récession…. les infrastructures devraient résister car il y aura toujours un besoin de les développer. De plus, la transition énergétique reste le pari de l'Europe. Une récession pourrait même renforcer l'appétit des investisseurs pour ce qu'ils considéreront alors comme un pari sûr.

Indépendamment du changement de programme énergétique des États-Unis, l'Europe mise sur la transition énergétique pour des raisons importantes: les dirigeants européens ont déclaré qu'ils considéraient cela comme un moteur essentiel de la croissance économique et comme un moyen d'assurer l'indépendance et la sécurité énergétiques. Dans un environnement instable, l'Europe a même tout intérêt à accélérer ce processus.

En outre, une grande partie des projets d'infrastructure les plus emblématiques sont désormais privés. L'Etat continue de jouer un rôle, mais la transition est de plus en plus accompagnée par le secteur privé. En tant que gestionnaire d'actifs cherchant à choisir les bons investissements pour nos clients, nous sommes très sélectifs et cherchons toujours à atténuer les risques liés aux événements macroéconomiques ou politiques.

Un impact favorable de la baisse des taux

Les taux d'intérêt plus bas favoriseront également les infrastructures, car les investisseurs seront alors plus enclins à investir à long terme dans des projets considérés comme relativement sûrs et susceptibles de générer une prime de liquidité ou de complexité.

De même, à long terme, le plan récent établi par l’Allemagne d’investir 500 milliards d’euros supplémentaires dans les infrastructures sur les prochaines années créera des opportunités; mais il faudra compter au moins un an, voire plusieurs années, avant que des projets ne soient prêts à être financés. L'initiative allemande rappelle surtout aux investisseurs qu'il y aura toujours des programmes d'infrastructure significatifs: la transition énergétique à l’échelle européenne nécessitera des investissements de 700 à 1000 milliards d’euros par an. Les infrastructures fournissent des services publics qui seront toujours nécessaires. Ce qui change, c'est la technologie, la réglementation sous-jacente et les dispositions contractuelles.

Des tendances technologiques importantes pour l'avenir

BRIDGE fait partie des premiers investisseurs à avoir financer des parcs éoliens offshore, des infrastructures numériques, le biogaz, la mobilité verte ainsi que le stockage d'énergie par batterie. La prochaine grande tendance pourrait concerner l'hydrogène vert, secteur dans lequel BRIDGE vient de finaliser un premier investissement après plusieurs années de recherche pour identifier un accord aligné sur une gestion structurée des risques, qui est en adéquation avec les critères et les convictions d’investissements de BRIDGE pour ce sous-secteur.

Il peut donc y avoir de nouvelles tendances technologiques, mais il est important de n’investir qu'une fois qu’on a pu comprendre et atténuer les risques associés. Tout comme pour les défis géopolitiques, chaque nouvelle tendance aura inévitablement un impact sur le secteur, qu’il s’agit d’anticiper au mieux.

La classe d'actifs des infrastructures, que ce soit par l'investissement en capital ou en dette, continuera de jouer un rôle majeur dans l'indépendance et la sécurité énergétiques de l'Europe et restera pertinente pour les investisseurs. Cela, à condition que les acteurs se dotent de mécanismes robustes de gestion des nombreuses incertitudes qui persisteront sans aucun doute pendant longtemps.

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