Le secret du bon cocktail texan: le pétrole comme actif diversifiant

Thibaut Dorlet, Candriam

2 minutes de lecture

Dans un environnement marqué par l’incertitude, le pétrole est-il un bon investissement de diversification?

Donald Trump et son programme pourrait impacter le marché pétrolier mondial. A cela s'ajoutent des facteurs géopolitiques et économiques complexes, susceptibles de redéfinir le paysage énergétique.

Un ralentissement de la croissance de la demande en 2025, et au-delà?

Selon l’Agence Internationale de l’Energie, la demande mondiale de pétrole ne devrait croître que de 1 million de barils par jour (mbj) environ en 2025, et atteindre 103,8 mbj. Ce ralentissement est le reflet de conditions économiques moins porteuses, de l’atténuation de la reprise post-Covid et de l’évolution vers des énergies plus propres. La Chine, moteur historique de la demande, voit également sa consommation se stabiliser.

Une coordination minutieuse entre les membres de l’Opep+ sera nécessaire pour maintenir l’équilibre entre l’offre et la demande, alors que ce groupe perd des parts de marché et que la plupart de ces pays membres souhaite ou a besoin de revenus supplémentaires. Nous pensons que l’Opep+ pourrait augmenter sa production en 2025, tandis que la demande mondiale de pétrole pourrait culminer d’ici 2030 avant de décliner progressivement d’ici 2035. Affaire à suivre!

 

Équilibrer les fondamentaux, la politique et les risques

En 2025, de nombreux facteurs géopolitiques, économiques et politiques devraient influencer les cours. Nous prévoyons un Brent moyen autour de 70 dollars le baril, légèrement au-dessus des attentes actuelles du marché mais en dessous du coût de nombreux nouveaux projets pétroliers. Cependant, une fourchette de 50 à 80 dollars reste plausible selon l'évolution des tensions internationales.

Le paradoxe de la politique américaine découle des promesses faites par le président élu Donald Trump de maîtriser l’inflation. L’augmentation des droits de douane et le durcissement des politiques en matière d’immigration, pierres angulaires de sa politique, sont des mesures inflationnistes. Nous estimons que pour compenser l’inflation alimentée par ces deux politiques, il faudrait un prix du pétrole autour de 40 dollars le baril. Mais la promesse de Trump pour séduire l’industrie pétrolière, «Drill, baby, drill!» («Fore, chéri, fore!»), exige un prix du pétrole de 70 dollars ou plus pour protéger les entreprises américaines actives dans le pétrole de schiste.

Les tensions au Moyen-Orient restent une source potentielle de hausse des prix du pétrole, en particulier si les conflits entre Israël et l’Iran devaient s’intensifier.

Investissements dans le secteur de l’énergie: naviguer dans un environnement volatil et adapter les stratégies

Malgré les difficultés, le secteur du pétrole et du gaz s’adapte à un paysage changeant, en devenant plus efficient sur le plan opérationnel et en renforçant la discipline financière.

Perspectives sur les actions: les bénéfices sont sous pression en raison de la surcapacité mondiale, mais les risques à la baisse semblent limités. Les entreprises s’adaptent à l’incertitude en réduisant leurs investissements et en ajustant leurs programmes de rachat d’actions. Les baisses récentes des prix des actions ont amélioré la valeur relative des actions. Compte tenu du sentiment de marché déjà négatif, nous sommes neutres sur les actions du secteur de l’énergie.

Perspectives sur les obligations: les obligations à haut rendement américaines du secteur de l’énergie présentent un profil de risque légèrement supérieur en 2025 par rapport à 2024, en dépit des fondamentaux solides des entreprises. Les sociétés conservent des notations de crédit élevées et une forte liquidité. Si les prix du pétrole devaient baisser davantage, le secteur pourrait connaître un ajustement des valorisations, mais nous ne nous attendons pas à une augmentation significative du nombre de défauts. Nous restons sur la réserve.

Conclusion: se diversifier concrètement

Les perspectives pour les actions et les obligations sur le secteur pétrolier restent moroses, mais l’environnement met en évidence l’intérêt des matières premières en tant qu’éléments de diversification d’un portefeuille. Même si les prévisions sont en baisse sur les prix du pétrole, avec l’aide d’un professionnel de la finance, une position acheteuse sur le pétrole pourrait servir de couverture contre les risques géopolitiques, et offrir une forme de protection aux investisseurs.

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