L'Asie du Nord opposée à l'Asie du Sud

Daryl Liew, Reyl Singapore

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Une analyse granulaire des marchés asiatiques révèle une divergence importante des niveaux de performances respectifs.

Les performances des actions asiatiques ont été pour l’heure, cette année, très disparates. Après une forte baisse des marchés liée à l'impact du Covid-19, l'indice asiatique global, hors Japon (MXAPJ) a depuis récupéré toutes ses pertes subies pour revenir au-dessus des valeurs les plus hautes ayant précédé le Covid-19. Une analyse plus granulaire, sur une base individuelle, des marchés asiatiques révèle cependant une divergence importante des niveaux de performances respectifs. Les marchés de l’Asie du Nord, tels que la Chine, Taïwan et la Corée du Sud, ont été les plus performants avec un bilan positif pour 2020. En revanche, les marchés de l’Asie du Sud ont été à la traîne: l'Indonésie, la Thaïlande, Singapour et les Philippines ayant été les moins performants, avec une baisse de plus de 20% cette année en devises locales.

Cette différence s'explique notamment par la manière dont les différents pays ont géré la pandémie du Covid-19. Ce n'est pas une coïncidence si les trois pays les plus performants se sont également distingués par leur action rapide et décisive dans la gestion de la crise sanitaire. Ainsi, leurs économies ont pu se normaliser bien plus rapidement que d'autres pays comme l'Inde, l'Indonésie et les Philippines qui ont tous lutté pour contenir la propagation du virus. Les indicateurs récents de l'activité économique en Chine montrent que les niveaux d'activité, à l'exception du nombre de restaurants, sont revenus aux niveaux d'avant la crise, ce qui conduit la Chine sur la voie d'une croissance positive du PIB pour le second semestre de l'année.

Le timing et la vitesse de cette reprise dépendront de la rapidité
avec laquelle les économies asiatiques pourront à nouveau s'ouvrir.

Une autre raison justifie la différence des rendements: la composition des indices boursiers des pays respectifs. Cette année, des secteurs tels que la santé, les technologies et les services de communication ont été les plus grands bénéficiaires des mesures de confinement contraignant les personnes à rester chez elles. Or les marchés boursiers sud-coréen et taïwanais sont exposés de manière importante dans le domaine de la technologie: plus d'un quart du KOSPI est en effet exposé aux entreprises de semi-conducteurs, tandis que le TWSE est exposé à près de 50% aux entreprises de semi-conducteurs, d'électronique et d'informatique. Ces bourses ont donc été soutenues par la forte reprise des géants technologiques asiatiques comme Samsung et TSMC.

Il n'est donc pas surprenant que les pays qui ont pris du retard cette année aient généralement une exposition beaucoup plus faible à ces secteurs les plus performants. La composition des indices boursiers sud-asiatiques est principalement composée de sociétés issues de secteurs traditionnels comme la finance, l'immobilier et l'industrie. Ces secteurs cycliques ont endossé le plus gros de l'impact économique du Covid-19 et ont connu des difficultés cette année.

La bonne nouvelle pour les marchés sud-asiatiques est que certains signes indiquent que le premier trimestre a probablement été le plus mauvais pour l'économie mondiale. Depuis lors, les données économiques publiées ont généralement montré une amélioration constante et progressive, les mettant sur la voie d'une reprise en forme de U. Cela sera de bon augure pour les secteurs cycliques qui ont été frappés de plein fouet, et cela pourrait signifier que le retard sur les marchés sud-asiatiques pourrait connaître un rebond dans les mois à venir. Le timing et la vitesse de cette reprise dépendront en grande partie de la rapidité avec laquelle les économies asiatiques pourront à nouveau s'ouvrir. 

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