La prépondérance des actions, tant à travers leur impact sur les portefeuilles multi actifs que dans le cœur des investisseurs, fait qu’il reste difficile de ne pas en détenir ou d’y être sous-exposé.
Après un été très ensoleillé mais plus nuageux sur les marchés financiers, l’heure est venue de revenir derrière nos écrans afin d’aborder le dernier tiers de l’année. En regardant un peu derrière nous et malgré une importante évolution de l’environnement économique durant les dix-huit derniers mois, on ne peut s’empêcher de se dire qu’à nouveau cette année il valait mieux détenir des actions qu’autre chose. En effet l’immense partie de la performance d’un portefeuille balancé réalisée en 2023 provient des actions alors qu’il nous avait pourtant bien semblé entendre régulièrement cette année que les choses allaient changer!
Les célèbres acronymes TINA (there is no alternative) ou FOMO (fear of missing out) qui symbolisaient l’ultra domination des actions en termes de performance paraissaient faire partie d’une époque où «l’argent gratuit» était à la manœuvre et où détenir des obligations n’étaient pas vraiment la priorité de nombreux investisseurs privés.
Pourtant, à y regarder de plus près, l’indice global des obligations (Bloomberg Barclays Global Aggregate) s’inscrit désormais en territoire légèrement négatif sur 2023. Même son de cloche du côté des «commodities» dont l’indice Bloomberg Commodity Index affiche quant à lui une baisse d’environ 4,8% depuis le 1er janvier. Pendant ce temps-là, ce sont bien les actions qui ont enregistré des gains.
N’allons cependant pas trop vite en besogne, le diable se cachant souvent dans les détails. Affirmer que 2023 est une année où il ne fallait détenir que des actions serait un raccourci bien malvenu. A vrai dire, la situation est même plus délicate que lors des périodes «TINA» et «FOMO».
Sir John Templeton
Premièrement, la performance des actions en 2023 a été fortement induite par quelques grandes valeurs technologiques…il fallait donc déjà les détenir! Secondement, certains segments obligataires ont produit de bons résultats cette année, bien meilleurs que ce que ne laisse entrevoir les indices globaux d’obligations. Enfin, les matières premières ne sont certainement pas toutes à la traine et le baril de pétrole s’est envolé de près de 40% cet été. Distinguer avant d’affirmer est donc le mot d’ordre.
Ceci étant dit et au-delà des performances réalisées année après année par les différentes classes d’actifs, il faut bien avouer que les actions ont ce petit quelque chose de plus aux yeux de très nombreux investisseurs, notamment privés.
La relative simplicité du mécanisme de gain est un avantage pour le non initié qui comprend vite qu’il gagne de l’argent quand le prix de ses actions monte après qui les ait achetées. Le potentiel est dans l’absolu illimité et même si les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, tout le monde garde en tête qu’il y a trente ans une action Microsoft valait…2,57 dollars (le 30 septembre 1993 pour être précis). De plus, dans de nombreux cas et particulièrement après de gros krachs boursiers (2008; 2020) gagner beaucoup d’argent en détenant des actions prend bien moins de trente ans.
Enfin, les développements technologiques ont également rendu l’accès aux actions très facile et il n’en est par exemple pas de même avec d’autres classes d’actifs. Avez-vous déjà acheté des obligations en 3 clics sur votre smartphone?
Si les actions captent la majeure partie de l’attention des investisseurs privés elles sont aussi généralement le sujet principal de leurs plus grandes craintes et comme le disait Victor Hugo «dans ce moment de panique je n’ai peur que de ceux qui ont peur».
Finalement on est tenté de dire que pour beaucoup d’investisseurs privés, il n’y a pas forcément de «peur de rater l’opportunité» (FOMO) et que même quand les autres grandes classes d’actifs que sont le cash et les obligations présentent des rendements attrayants, c’est bien l’attirance pour les actions qui est supérieure chez beaucoup de gens.
On notera que l’avènement des cryptomonnaies et leur accès relativement simple (du moins en Suisse) a quelque peu modifié le paysage ces dernières années, notamment auprès des plus jeunes investisseurs. Mais là encore la recette est la même (en plus épicée…), mécanisme de gain intuitif, potentiel important, facilité d’accès.
Ainsi va donc la vie des portefeuilles multi actifs, une prépondérance des actions en termes de contribution à la performance (positive comme négative, rappelons-le quand même) mais aussi une attractivité de ces dernières plus importante auprès des investisseurs privés qui vient quelque peu biaiser leur perception des autres classes d’actifs.
A l’heure des grandes incertitudes concernant la suite des évènements de conjoncture durant les prochains mois à venir, il est pragmatique de se souvenir qu’au-delà d’un de l’avènement d’un soft, hard ou no landing des économies, les actions ont un goût de revenez-y auprès de la plupart des investisseurs et ce même après les grands plongeons boursiers qui émaillent l’histoire des marchés financiers.