Aux Etats-Unis, la consommation ne faiblit pas. Par contre, les ménages européens s’inquiètent à nouveau de la sécurité de l’emploi. Dans ce contexte, la BCE voit des signes clairs d’un ralentissement de la dynamique salariale et d’une poursuite de la désinflation. Elle prévoit donc d’autres baisses de taux progressives. En raison du manque d’impulsions conjoncturelles positives, nous pensons que le besoin d’assouplissement de la BCE devrait croître; nous estimons que le travail de la BNS pour ne pas laisser le franc se renforcer davantage n’est pas encore terminé.
En Suisse, la pression sur les prix est à nouveau très faible. Cette année, des baisses différées de prix fixés y contribuent également, notamment en ce qui concerne les tarifs d’électricité de base pour les ménages et les petites entreprises. Le niveau tarifaire reste toutefois largement supérieur à celui d’avant la pandémie dans la plupart des régions d’approvisionnement, à savoir de près de 38% en moyenne. Cela s’applique en particulier aux gros consommateurs professionnels, qui peuvent librement choisir leur fournisseur électrique depuis 2009 et dont les tarifs dépendent plus fortement de l’évolution du marché.
Certes, les tarifs flexibles ont connu des baisses plus rapides après le dépassement des records des prix de gros. Mais à la fin 2024, le niveau, en particulier dans les entreprises gourmandes en énergie, était presque deux fois plus élevé qu’il y a cinq ans. Tant que la concurrence étrangère se trouve dans le même cas de figure, cela ne nuit pas forcément à la compétitivité des prix. Par contre, la situation relative des coûts est devenue clairement défavorable à la Suisse.
Les prix de l’électricité industrielle, y compris les rémunérations du réseau et les autres taxes, ont augmenté plus fortement dans notre pays que dans la plupart des autres. Le fait que le monde politique suisse n’accorde pas de subventions en matière de taxes, sauf temporairement pour certains producteurs d’acier, joue un rôle. En revanche, certains pays européens peuvent rivaliser avec les conditions américaines avantageuses grâce à des allègements fiscaux et à des coûts d’approvisionnement plus faibles. En Scandinavie comme dans la péninsule ibérique, les prix de gros sont clairement inférieurs à ceux du réseau électrique d’Europe centrale, qui détermine également les prix suisses. Et la France peut s’appuyer sur les subventions indirectes par le biais du groupe électrique EDF, contrôlé par l’Etat. Pour ce qui est de l’industrie à forte consommation d’énergie qui subsiste en Suisse, le désavantage des coûts de l’électricité devrait avoir des effets similaires à ceux des précédentes poussées d’appréciation du franc: pas de vague de faillites immédiate, mais une accélération des changements structurels à plus long terme.