La lente transformation du marché du travail en France

Philippe Waechter, Ostrum AM

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Le taux de chômage réagit un peu plus vite à l’évolution de la croissance qu’avant la crise de 2007/2008.

Le taux de chômage est stable en France au troisième trimestre. Il s’établit ainsi à 8,8% pour la France métropolitaine, comme au cours du printemps, et à 9,1% lorsque l’on intègre les DOM TOM, là aussi comme au printemps dernier. L’allure du taux de chômage est cohérente avec celle du cycle économique. Il réagit un peu plus vite à l’évolution de la croissance maintenant qu’avant la crise de 2007/2008.

Les indicateurs suggèrent tous que la croissance est plus riche en emplois et qu’elle retrouve une certaine vertu avec la hausse du travail à temps plein et la hausse des Contrats à Durée Indéterminée et la baisse de la part des Contrats à Durée Déterminée.

Le marché du travail devient plus flexible
et c’est un facteur positif pour la dynamique de l’emploi.

Le marché du travail devient plus flexible et c’est certainement un facteur positif pour la dynamique de l’emploi. Il faut maintenant que la composante «formation» soit mis en place de façon efficace pour accentuer encore ce phénomène en enrichissant le capital humain. L’objectif est de faire baisser durablement le chômage et se rapprocher du plein emploi. La loi votée peut y contribuer, il faut désormais la mettre en oeuvre.

Le pic du cycle a été atteint à la fin de l’année 2017 soit la période durant laquelle la croissance a été la plus forte et le repli du taux de chômage le plus rapide.

On peut regarder l’évolution du taux de chômage et du taux de croissance du PIB selon le graphe suivant. J’ai pris deux périodes distinctes. La première part de 1993 (date qui marque un changement dans la relation entre PIB et emploi) et va jusqu’à la fin de 2007. La seconde période démarre avec la reprise conjoncturelle de 2013. J’ai éliminé la période de la crise de 2008 et celle de la crise de la dette souveraine qui peuvent apparaître comme particulières avec des ajustements plus marqués. Pour chaque période j’ai représenté une tendance. Il apparaît que par rapport à la période d’avant-crise, le taux de chômage semble réagir plus rapidement à l’évolution de l’activité. L’élasticité serait e l’ordre de -0,5 contre -0,3 auparavant. Il faut donc moins de croissance pour déclencher une baisse du taux de chômage.

Parmi les statistiques publiées avec celles du taux de chômage du troisième trimestre, on notera que le taux d’emploi n’a jamais été aussi élevé depuis le début de la série en 2003 avec un virage haussier en 2015. Le nombre d’emplois augmentent mais cela peut refléter aussi une dynamique de la productivité insuffisante. L’économie française engendre plus d’emplois mais c’est peut-être pour cette raison. C’est une allure que l’on a vu de façon caricaturale en Grande Bretagne, la croissance du PIB n’a quasiment pas dépendu de la productivité mais principalement de l’emploi. Ce n’est pas forcément vertueux.

Le partage du taux d’emploi entre temps plein et temps partiel évolue. Le travail à temps plein s’accroît pour aller au-delà des chiffres de 2007/2008 alors que le temps partiel plafonne et se replie même sur le dernier trimestre disponible.

La part des contrats de travail à durée indéterminée (CDI) augmente de façon significative mais est encore loin de retrouver le niveau d’avant crise. La part des Contrats à Durée Déterminée (CDD) et de l’intérim depuis le point haut du dernier trimestre 2017. Ce signal est mixte car l’intérim, souvent perçu comme un signal avant-coureur d’une amélioration durable du marché du travail se replie dans les données d’emplois.

Enfin le taux de sous-emploi se réduit. Cet indicateur regroupe les personnes travaillant à temps partiel souhaitant travailler davantage ou en chômage technique. C’est plutôt un bon signal même si le taux de sous-emploi reste encore supérieur à celui d’avant crise.

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